Le mercredi 10 septembre avait lieu le vernissage de l’exposition « Trees on route… » du peintre Lucas Reiner dans la Galerie Born à Berlin. Reiner peint des arbres, encore et toujours. Inlassablement. « J’ai essayé de peindre un autre sujet, mais les arbres m’ont rattrapé! » Il aime à mettre en lumière ces arbres qui passeraient autrement inaperçus, faisant comme partie du décor… On les verrait sans les regarder. Chez Reiner, ils sont rois et l’exposition actuelle tourne autour d’arbres « rencontrés en voyage », « on the route »: en Grèce, dans le nord de l’Allemagne,…
Lucas Reiner est un peintre, graphiste, photographe et cinéaste américain. Il a exposé largement au niveau international et ses œuvres sont représentées autant dans des collections privées que publiques.
En 2008, Reiner a été invité à réaliser un chemin de croix pour l’église épiscopale Saint-Augustin à Washington, D.C. Il s’est alors lancé dans une série d’études à l’aquarelle, puis a collaboré avec le maître imprimeur allemand Clemens Buntig Editionen pour produire une édition limitée de gravures. Au cours de sept années, cet ensemble d’œuvres (qui est devenu connu sous le nom de Stations Project) a abouti à quinze peintures à grande échelle qui évoquent le chemin intemporel de la transformation à travers un espace visuel contemplatif. Le Stations Project met en scène des arbres représentant les différentes stations du chemin de croix. Il est le fruit d’une profonde contemplation de l’artiste. Il pose la question de la souffrance, de la perte… tout en délicatesse, sous le voile de la beauté…
Le chef d’œuvre de l’exposition à la Galerie Born est sans aucun doute la toile suivante:
« J’ai vu cet arbre sur une île grecque. Là-bas, le vent souffle toujours du même côté. Les arbres finissent donc par se pencher… Il y a peu, à Los Angeles, j’ai rencontré un homme qui marchait ainsi, tout plié vers l’avant. J’ai alors pensé que cet arbre disait quelque chose de l’humain. La vie, avec ses souffrances, nous plie. Pas seulement physiquement, mais il faut que l’âme s’incline peu à peu… Je peins des arbres, mais en réalité, je peins l’humanité. »
« Pour cette représentation, par endroits, j’ai étalé la peinture depuis l’envers de la toile. Ma recherche consiste à rendre visible ce qui est invisible. Par ce procédé, ce qui est caché devient visible, et atteint parfois même le premier plan! Il y a aussi quelque chose d’imprévisible. J’aime cela. »
« Contrairement à ce qu’on entend souvent, je ne cherche pas à exprimer quelque chose de moi sur la toile, mais lorsque je travaille, j’aspire à faire le vide en moi pour pouvoir être traversé par la force créatrice. Parfois, ce que je découvre sur ma toile est une surprise: ah, c’est très beau! Alors je sais que ça ne vient pas de moi… que ça me dépasse… »
« J’ai parfois des difficultés à savoir quand un tableau est achevé: il faut beaucoup de temps, beaucoup d’observation… si rien de nouveau ne vient, alors un jour, après des semaines, je peux dire: l’œuvre est achevée…»