L’Espérance ! Un mot qui a attiré 1 million de jeunes pèlerins pour le jubilé des jeunes à Rome cette année. Tous les jours, nous étions en marche pour découvrir Rome, nos frères venus des 4 coins du monde mais surtout, pour faire cette démarche jubilaire et rencontrer le Christ.
Tout est grâce à accueillir
La semaine dernière, j’ai rencontré une dame, qui dit à peu près à chaque phrase : « tout est grâce ! ». Et c’est vrai que durant cette semaine à Rome, la grâce était partout, palpable dans chaque rencontre, chaque célébration. Une des premières grâces est d’avoir vécu cette semaine dans une vraie confiance : retrouver ce mode de vie « piano, piano » mais surtout l’abandon de nos plans bien précis qui nous ferment à ce qui nous nourrit vraiment et que le Seigneur a préparé pour nous.
L’abandon conduit-il à l’Espérance ?
J’ai eu la chance de vivre ce jubilé avec Magis (une branche de la famille ignatienne) et donc de suivre les pas de St Ignace tout au long de la semaine. Tout prenait vie et sens en visitant son église, les “camerettes”, en approfondissant sa spiritualité… J’avoue avoir eu peur de ne pas pouvoir vivre le jubilé comme une démarche spirituelle mais c’était vraiment sans compter la puissance de St Ignace !
En partant du discernement des consolations et désolations dans nos vies afin de trouver des pistes pour entrer plus profondément dans l’abandon, l’espérance arrivait comme une petite lumière pour nous aider sur ce chemin.
« J’appelle consolation toute augmentation d’espérance, de foi et de charité, et toute allégresse intérieure qui appelle et attire aux choses célestes et au bien propre de l’âme, en la reposant et en la pacifiant dans son créateur et Seigneur » [1]Exercices spirituels, n.316
« Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas. L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus ».
Dans un spectacle proposé par le diocèse de Bayonne, j’ai découvert que cette Espérance était peut-être ce qui pouvait guider notre vie. Quelque chose de tout petit mais qui fait la différence. L’Espérance nous invite à habiter le présent. C’est comme si nous ajoutons la foi à la définition de l’espoir.
La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce. [2]Charles Péguy, Le porche du Mystère de la deuxième vertu
Un bain d’espérance
Nous voici, tous les Français réunis devant la porte de la basilique St Jean de Latran. Nous nous préparons tous intérieurement à ce grand passage, certains prient à haute voix, d’autres chantent… mais plus nous nous rapprochons, plus il y a une certaine unité. Juste avant d’entrer, toutes nos voix s’accordent pour chanter un hymne à l’espérance. « Autre que la demande de la grâce, passer une porte sainte c’est aussi laisser le Christ frapper à la porte de nos cœurs pour y faire sa demeure ». Je sentais qu’à chaque pas à l’intérieur de la basilique, j’étais invitée à me dépouiller un peu plus de moi-même pour laisser le Christ entrer.
Dans notre groupe, il y avait aussi quelques réfugiés qui étaient là pour faire cette expérience un peu extraordinaire mais qui n’étaient pas forcément catholiques. Et pour toute cette démarche j’étais avec X, qui me posait régulièrement des questions pour comprendre le sens. Même si au début, la tentation était grande de lui dire qu’on en reparlerait plus tard, j’étais reconnaissante de pouvoir vivre cette démarche de manière très concrète, en oubliant mes plans et mes petites prières pour répondre à ce que le Seigneur me demandait à cet instant.
La veillée avec le pape
Pour finir notre semaine de pèlerinage, nous nous sommes tous mis en chemin pour arriver à Tor Vergata afin d’assister à la veillée et à la messe dominicale avec le pape. C’est quand même incroyable de voir le peuple de Dieu, composé de personnes si différentes, se mettre en marche pour arriver au même endroit, au lieu de la même quête.
Notre pape nous a rejoint très simplement. Au moment d’exposer le Saint -Sacrement, il était profondément ému de la présence réelle de notre Dieu, ici, au milieu de ce million de jeunes. Alors devant Lui, tout disparaît : il n’y a plus la barrière de la langue, de nos cultures, de nos éducations… Je pensais à toutes les actions de grâces et les prières qui devaient s’élever vers Lui et à la chance de pouvoir être ainsi tous unis, par Lui. « Ainsi, il n’y a plus le païen et le Juif, le circoncis et l’incirconcis, il n’y a plus le barbare ou le primitif, l’esclave ou l’homme libre mais il y a le Christ : il est tout et en tous ». [3]Colossiens 3
Et lors de la messe du dimanche, le pape Léon nous a certes envoyés pour être une flamme d’espérance pour nos proches, où nous vivons, mais il nous a aussi rappelé l’essentiel : « Nous ne sommes pas fait pour une vie où tout est acquis et immobile, mais pour une existence qui se régénère constamment dans le don, dans l’amour ».