A l’occasion d’une polémique sur la division de l’Opus Dei en différentes associations, le prélat Mgr Fernando Ocáriz Braña offre une belle réflexion sur le sens du charisme et de l’appartenance.
J’ai lu attentivement les articles récemment publiés sur cette page au sujet de l’avenir de l’Opus Dei et, sincèrement, je pense que beaucoup n’ont rien compris. Ni à Rome, ni ailleurs. Ni ceux qui parlent avec dédain, ni ceux qui écrivent. Car l’essentiel ne se trouve pas dans les statuts, ni dans les décrets, ni dans les structures. L’essentiel réside dans l’âme de ceux qui ont reçu une vocation spécifique au sein de l’Église. Et cela ne peut être abrogé par un motu proprio ni modifié par une rubrique canonique.
Pour ceux qui vivent l’esprit de l’Opus Dei de l’intérieur, la forme juridique nous importe peu.
Nous savons qui nous a appelés et pourquoi. Nous savons que nous ne sommes pas devenus membres d’une prélature, mais d’une famille spirituelle. Et comme le disait saint Josémaria, notre Père, « les formes peuvent changer, mais l’esprit reste le même, celui des premiers chrétiens ». Cette conviction ne dépend pas de la volonté d’un pape ni du verdict d’un dicastère. C’est une grâce intérieure, une manière de vivre la sainteté au milieu du monde, qu’aucun décret ne peut supprimer.

Nous ne sommes pas un bout de papier
Certains semblent croire que l’Opus Dei se définit par un document juridique. Qu’il suffit de réécrire quelques paragraphes du Code de droit canonique pour dissoudre une réalité qui a transformé des vies, des familles et des âmes sur tous les continents. Mais l’Opus Dei n’est pas un bout de papier, c’est une vie. Et une vie qui s’est incarnée dans des milliers d’hommes et de femmes qui cherchent à sanctifier leur travail, leur maison, leur environnement, avec discrétion et joie.
Rome peut modifier les structures, réorganiser les compétences, réduire les titres. Tout cela est légitime. Mais ce qu’elle ne peut pas faire, c’est réécrire la vocation de ceux qui continuent d’entendre dans leur âme les mots que saint Josémaria a entendus ce 2 octobre : « Opus Dei ». Cet appel n’était pas canonique, il était surnaturel. Et le surnaturel ne se révoque pas d’un trait de plume.
L’esprit de famille
Lorsque le prélat nous rappelle que « rien ne change dans l’esprit », certains l’interprètent comme de la résistance, d’autres comme de la résignation. Ce n’est ni l’un ni l’autre. C’est simplement de la fidélité. C’est se rappeler que l’esprit de famille ne se décrète pas et ne se détruit pas. Nous le vivons dans l’Eucharistie, dans la direction spirituelle, dans l’amitié loyale entre frères et sœurs de l’Œuvre, dans les conversations fraternelles. Cela ne se réglemente pas depuis Rome. C’est une vie intérieure, et la vie intérieure n’a pas de statuts.
Au fond, ceux qui parlent de la « dissolution de l’Opus Dei » projettent sur nous leur propre façon de comprendre l’Église : comme une structure, comme un appareil. Nous ne sommes pas cela. Nous sommes un esprit qui traverse les formes, et c’est pourquoi, même si les noms, les juridictions ou les titres changent, nous continuerons à être ce que nous sommes. Personne ne peut nous enlever le sentiment d’appartenance divine, la joie du travail offert, ni l’unité familiale qui naît d’un charisme et non d’un règlement.
Saint Josémaria répétait souvent : « Il y a eu beaucoup de papes et de cardinaux, mais un seul fondateur de l’Opus Dei ». Il ne le disait pas avec arrogance, mais avec lucidité : les papes passent, les décrets changent, les réformes se succèdent. Mais le don de Dieu qui a été donné à l’Église à travers cet instrument concret demeure. Et nous, ses enfants, nous ne vivons pas en fonction de la politique ecclésiastique, mais de cette fidélité à un esprit qui ne dépend d’aucun bureau.
C’est pourquoi, à ceux qui pensent que la réforme des statuts changera quelque chose d’essentiel, nous disons avec sérénité : vous n’avez rien compris. Rome pourra écrire ce qu’elle veut. Nous continuerons à faire ce que nous avons toujours fait : travailler, prier, sourire, servir. Offrir et confier. Être, au milieu du monde, des enfants de Dieu. Cela n’a pas de numéro de décret ni de date d’expiration.
par INFOVATICANA | 19 octobre 2025








