Dans une interview pour Vatican News, l’archevêque Visvaldas Kulbokas, nonce apostolique en Ukraine, raconte la visite des évêques catholiques à Ternopil, où, les 18 et 19 novembre 2025, au moins 35 personnes ont été tuées à la suite de bombardements russes. Six personnes sont encore portées disparues.

Le mercredi 26 novembre 2025, les évêques romano-catholiques et gréco-catholiques d’Ukraine, réunis pour leur rencontre annuelle commune à Zarvanytsia, se sont rendus à Ternopil. Les hiérarques voulaient apporter du réconfort à la population éprouvée et partager sa douleur dans la prière. L’archevêque Kulbokas, nonce apostolique en Ukraine, qui faisait partie du groupe, qualifie cette initiative d’un véritable pèlerinage.
Votre Excellence, que pouvez-vous nous dire sur cette initiative ?
Comme Zarvanytsia se trouve non loin de Ternopil, nous y sommes allés en bus pour visiter les lieux où, la semaine dernière, des roquettes ont frappé des immeubles d’habitation. Je voudrais souligner — également afin d’inviter tous ceux qui nous écoutent à intensifier leurs prières pour l’Ukraine — que Ternopil se situe à environ 800 kilomètres de la ligne de front. Ainsi, il s’agit d’une guerre qui, en réalité, touche presque tout le pays : aussi bien ceux qui se trouvent tout près, dans les tranchées, que ceux qui vivent dans leurs maisons. C’est une caractéristique de la guerre moderne.
Nous, les évêques, avons effectué ce pèlerinage pour prier pour les défunts sur les lieux mêmes de l’attaque, pour prier avec leurs proches. Nous avons écouté des témoignages de personnes blessées. La plupart ont subi de graves brûlures, certains ont perdu la vue, d’autres ont le visage complètement défiguré. Nous avons étreint les victimes et les survivants, et pour nous, ce fut un pèlerinage authentique.
Le mois dernier, nous avons, en Ukraine, beaucoup apprécié la publication par le pape Léon de l’encyclique Dilexi te, dans laquelle il souligne qu’en embrassant le pauvre, nous embrassons en réalité le Seigneur, car le pauvre n’a rien ni personne d’autre que Dieu. Et ici, sur les lieux de la souffrance, lorsque nous étreignons ceux qui n’ont plus rien — ni logement, ni proches, et parfois même plus la santé — nous étreignons les plus pauvres parmi les pauvres.
Tous n’ont pas la possibilité d’accomplir un tel pèlerinage ; c’est pourquoi je vous invite à nous soutenir par la prière. Ainsi, nous fortifions l’Église, unie aussi bien dans la joie — la joie dans le Seigneur — que dans la souffrance.

Comment cette initiative de visiter Ternopil est-elle née ?
L’initiative est née hier déjà [note: le 25 novembre], car plusieurs évêques en ont exprimé le désir. Mgr Théodore Martyniouk, métropolite de l’archiéparchie gréco-catholique de Ternopil, a commencé dès hier à organiser cette visite, notamment parce que certains lieux sont encore partiellement inaccessibles en raison des travaux qui s’y poursuivent, bien que les opérations de sauvetage soient achevées.
Ainsi, l’initiative a été préparée hier soir, en accord avec l’administration municipale et régionale. Une rencontre avec les familles des victimes a également été organisée. Beaucoup d’autres personnes sont ensuite venues, car chaque jour les gens se rendent sur place, apportent des lampes, prient, déposent des cadeaux symboliques pour les enfants tués.
Nous avons donc rencontré à la fois les proches des victimes — parents, mères, grands-mères — et des personnes venues spontanément. Elles n’étaient pas nombreuses, mais c’était une façon de pleurer avec elles.

Parmi ces personnes, qui vous a le plus marqué ?
Parmi les personnes que j’ai vues et étreintes, il y avait une grand-mère tenant dans les mains la photo de son petit-fils Rostyslav, tué. Sur la photo, il semble avoir 15 ou 16 ans. J’ai prié pour lui. À côté de la grand-mère se tenait son père, qui pleurait.
La plupart des victimes ne sont pas mortes du fait de l’impact direct de la roquette : celle-ci a frappé un bâtiment voisin et, ensuite, non seulement l’onde de choc, mais aussi la vague de feu — car les roquettes contiennent beaucoup de carburant — a déclenché un incendie qui a enveloppé presque tout l’immeuble. Et comme l’onde de choc avait brisé les fenêtres des immeubles, le feu est entré directement dans de nombreux appartements.
C’était le matin, vers 7 h 20, et les gens se sont retrouvés avec le feu pénétrant littéralement dans leurs foyers. Nous avons rencontré plusieurs personnes qui nous ont dit avoir vu de leurs propres yeux leurs proches mourir dans les flammes. Heureusement, certains ont réussi à survivre.
L’un des évêques parlait avec un jeune homme nommé Bohdan. Il a expliqué avoir survécu parce qu’au moment de l’effondrement du bâtiment il se trouvait près du réfrigérateur, qui lui a laissé un espace de protection et lui a permis de respirer. Il a été retrouvé sous les décombres seulement le lendemain matin, après de nombreuses heures, grâce à la minute de silence observée chaque jour à 9 h 00 en mémoire des victimes de la guerre. C’est grâce à cette minute de silence et de prière que les secouristes ont pu entendre ses cris et ses appels à l’aide.
Les médias internationaux évoquent des initiatives diplomatiques visant à mettre fin à la guerre, alors même que les bombardements contre l’Ukraine deviennent de plus en plus intenses. Que voudriez-vous dire à ce sujet ?
Justement hier [25 novembre], le matin, deux vagues de bombardements très intenses ont visé la capitale, Kyiv, avec des drones et des missiles. Au moins sept personnes ont été tuées, des dizaines d’autres ont été blessées.
Je voudrais partager cette réflexion : je repense aux paroles de saint Jean-Paul II, qui soulignait l’importance de parvenir ne serait-ce qu’à un cessez-le-feu, afin d’arrêter la spirale de violence générée par la guerre. Il vaut toujours la peine d’accorder du temps et une possibilité aux responsables pour réfléchir à ce qui peut être fait.
Ainsi, sous un certain angle, il est toujours utile de trouver une solution — même imparfaite — mais qui conduise à la cessation des hostilités. D’un autre côté, il est très important de se rappeler que dans une guerre aussi cruelle, il est impossible d’atteindre une solution si l’on ne s’attaque pas à la racine du problème.
Je pense qu’il y a deux choses essentielles : Aider les coupables à comprendre la gravité de ce qu’ils font. Et rappeler les paroles du Seigneur : « Soyez miséricordieux », au sens de « soyez toujours ouverts à la conversion du pécheur, de l’agresseur ».
Je voudrais ajouter également que, comme l’a souvent répété le pape François, la guerre est une œuvre du diable. Et si c’est l’œuvre du diable, comment pouvons-nous lutter contre cela ? Ni la logique humaine, ni les forces humaines ne suffisent pour y mettre fin. Nous avons besoin de la grâce du Seigneur.
C’est pourquoi j’insiste : prions ensemble, demandons cette grâce ; que le Seigneur nous accorde ce don de la paix.
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Neuvaine pour la paix en Ukraine avant la Solennité de l’Immaculée Conception
Lors de la 63ᵉ Assemblée plénière, la Conférence des évêques de l’Église catholique latine en Ukraine a décidé d’appeler le clergé et les fidèles à une neuvaine avant la solennité de l’Immaculée Conception de la Très Sainte Vierge Marie, célébrée le 8 décembre. L’intention principale de cette prière est la paix en Ukraine.
Voici le texte de la prière que les évêques proposent de réciter durant neuf jours :
Ô Marie, Mère de Miséricorde,
Tu as donné au monde la vraie lumière — Jésus-Christ, le Fils de Dieu.
Montre-nous Jésus, conduis-nous à Lui.
Apprends-nous à Le reconnaître et à L’aimer,
afin que nous soyons capables d’un amour véritable
et que nous devenions une source d’eau vive
dans un monde qui souffre de la soif.
Par ton Assomption, aide les hommes à détourner leur regard des choses terrestres
et à le tourner vers le Créateur.
Que sur chaque personne resplendisse la puissance de la Croix et de la Résurrection de Jésus,
afin qu’elle ne s’écarte pas du chemin du bien,
qu’elle ne perde pas la conscience du péché
et qu’elle apprenne à faire encore davantage confiance à Dieu,
riche en miséricorde.
Aide chacun de nous, par ton exemple et ton intercession,
à parvenir à la gloire céleste.
Amen.
Notre Père…
Je vous salue, Marie… (3 fois)
Gloire au Père…
Ô Marie, conçue sans péché,
priez pour nous qui avons recours à vous.
Prions :
Protège-nous, nous t’en supplions, Seigneur,
par l’intercession de la Très Sainte Vierge Marie ;
dans ta bonté, garde-nous de toute maladie
et défends-nous contre les embûches de l’ennemi,
nous qui nous réfugions auprès de Toi avec une humble foi.
Par le Christ notre Seigneur.
Amen.




