Les évènements survenus de manière tellement inattendue ces derniers mois en Afrique du Nord et au Moyen-Orient font naître en tous l'espoir et l'admiration devant ceux qui au péril de leur vie se battent pour une plus grand liberté.
Hussein-amma © Points-Coeur
Cependant chacun se demande : « Mais qu'adviendra-t-il ensuite ? » Ces incertitudes ne font que renforcer un sentiment diffus d'inquiétude devant l'avenir. D'autant que ces évènements, s'ils ont lieu dans d'autres pays, font écho à de vrais questionnement qui traversent nos sociétés occidentales et particulièrement sur la place et l'avenir de l'Islam en leur sein.
Dans ce contexte un événement récent nous semble particulièrement significatif. Il s'agit du succès – lui aussi inattendu – d'un livre. Le Prix à payer [1] est le témoignage de Joseph-Mohammed Fadelle un chiite irakien converti à la religion de Jésus. Dans ce récit deux choses sont frappantes : tout d'abord l'expérience chrétienne de Joseph Fadelle et son désir brûlant d'appartenir au Christ et ce à n'importe quel prix . On est par ailleurs stupéfait devant la brutalité, l'inhumanité de la réaction de sa famille toute entière qui n'hésite pas à le faire emprisonner et torturer et qui cherchera même à le tuer. Cet homme qui a dû tant lutter pour survivre et protéger les siens est à lui seul le symbole des souffrances de tant de chrétiens oppressés depuis des siècles dans les sociétés musulmanes.
Quelques jours après la lecture de ce livre, une volontaire de Points-Cœur nous rassemblait pour faire ses adieux avant son retour en France. Parmi les quelques amis venus lui rendre visite, Hussein-amma, une mère de famille musulmane de notre quartier, ne savait comment manifester son amitié tant son cœur débordait : « Elles sont toutes mes filles ! », disait-elle en parlant de nos volontaires.
L'amitié ramène – ou garde – sur le chemin du cœur au contraire de l'idéologie érigée en religion – cette idéologie qui conduit à vouloir tuer son propre fils.
L'idéologie justement : on a envie de dire comme ce vieil algérien de Tibhirine s'adressant au Père Christian de Chergé devant la violence des évènements qui s'abattait sur son pays : « On n'y comprend plus rien, Christian… » [2] Car l'idéologie présente de tous côtés empêche de voir clair, de discerner la vérité. Nous sommes dans la confusion.
Photo page d'accueil, Homme priant le Coran en Inde © Points-Coeur
[1] Joseph Fadelle, Le Prix à payer, Editions de l'œuvre, 2010.
[2] Dans le film « Des hommes et des Dieux » de Xavier Beauvois qui rapporte le drame vécu par neuf moines installés depuis des années dans un village algérien et qui seront finalement enlevés et assassinés en 1996.
[3] On peut y voir en échos les mots de la Déclaration Nostra Ætate du Concile Vatican II : "L'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de ta terre, qui a parlé aux hommes … »