Home > Fioretti > Claude à l’école

Après notre passage dans sa classe de sixième, le matin, il était venu me parler. Un petit blondinet ouvert, curieux de tout. Ayant le désir de continuer la conversation, nous avions pris rendez-vous pour l’après-midi, 16 heures. Il était convenu que je passe le chercher dans sa salle d’étude. Un peu perdue dans le dédale de couloirs, happée au passage par de jeunes élèves : « Vous n’avez pas répondu à ma question la dernière fois : comment peut-on choisir de ne pas avoir d’enfants ? », « Votre habit, vous le portez tout le temps ? »… j’arrive un peu en retard à la salle d’études des 6èmes.

CC Nohannic

Claude est là, assis au milieu de ses camarades, sac à dos posé à côté de lui, prêt à être empoigné. Me voyant arriver, il se lève d’un bond, saisit ledit sac, et m’emboîte le pas d’un air décidé, comme s’il n’y avait rien de plus naturel pour lui que d’aller discuter avec une religieuse. Je lui propose de trouver un lieu tranquille, il acquiesce. Nous dénichons une petite salle d’où nous délogeons une prof de latin, qui attendait vainement un élève, et c’est Claude lui-même qui se lève pour aller fermer la porte, pour plus de discrétion…

S’ensuit une conversation de 45 minutes qui me plonge dans l’émerveillement.

Il me parle de Points-Cœur, de sa maman, qui a fait de la coopération, puis me pose quelques questions sur ma vie. J’y réponds de bonne grâce, étonnée de ce petit bonhomme si curieux, si mûr et si simple à la fois. Il émane de lui une telle fraîcheur ! Je me dis qu’il sera un grand homme.

Notre conversation a une saveur tout particulièrement gratuite: il n'est pas venu pour parler de quelque chose de précis. Nous discutons de sa famille, de son papa qu’il admire beaucoup ; il me raconte qu’il aime le sport ; nous parlons du dernier film qu’il a vu et particulièrement aimé : Des hommes et des dieux. La manière dont il l’analyse  m’impressionne. Il est capable de dire pourquoi il l’a aimé, de porter un jugement sur ce qu’il a vu. Je vais d’étonnement en étonnement !

Et je souris intérieurement lorsqu’il me pose une question qui dit beaucoup de son innocence et de sa pureté de cœur : « Est-ce que vous avez déjà vu la Sainte Vierge ? ». Je réponds doucement : « Non »… Petit silence… Je me risque, encore plus doucement : « Et toi ? ». « Non » répond-il…

C’est la sonnerie qui interrompra notre discussion amicale. « Est-ce que tu veux que je te laisse mon adresse ? ». « Oui, oui, je vous écrirai ! » dit-il avec enthousiasme. Puis, après un petit moment d’arrêt, interrogatif : « Vous me répondrez ? ». Je le rassure d’un sourire : « Bien sûr ! »

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