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Rencontre Kunstkollaborativ 13 à Berlin

de Suzanne Anel   

A Berlin, samedi et vendredi derniers avait lieu la troisième rencontre Kunstkollaborativ 13, journées de colloque sur le lien entre art et foi.

Ces journées ont été organisées dans le cadre de l’église évangélique Berlin Projekt. Cette église est née en 2004 à Berlin de deux pasteurs protestants Christian Nowatzky et Konstantin von Abendroth sur le modèle de l’église qu’ils avaient connue à New York : New Yorker Kirchengemeinde Redeemer Presbyterian Church.

En 2006, dans la lignée du Berlin Projekt, la galerie Kollaborativ a été ouverte à Berlin. Le but de ce lieu est d’unir la foi et les métiers artistiques et créatifs (architecture, design…). Ce qui signifie concrètement : proposer un lieu où tous les artistes du voisinage, même les non-chrétiens, peuvent trouver une communauté, des amis, des exemples qui les aident à être fidèles à leur métier, et ouvrir la scène artistique berlinoise en permettant à de jeunes artistes de se faire connaître et accompagner par des artistes déjà reconnus. Berlin est une ville qui se prête particulièrement bien à ce projet parce que, comme le confiait un jeune artiste français venu à Berlin il y a quelques années : « Si je suis venu ici, c’est pour trouver une communauté d’artistes, parce que je sais que seul je ne peux pas tenir. Ici, je sais que je ne suis pas le seul à avoir ce souhait. On vient du monde entier pour cela. Et puis ici il semble que tout soit ouvert, qu’on peut chercher ensemble. »

La semaine dernière, cette galerie a organisé pour la troisième fois un colloque sur le lien entre art et foi, dont le thème était : Comment l’évangile change-t-il mon rapport à mon travail ?

La journée s’est ouverte avec sainte Marie-Madeleine. La journaliste Stephi Brall a lu un texte de sa plume, décrivant la venue de Marie au tombeau le matin de la résurrection. Elle décrit Marie-Madeleine et on voit l’image de tout chrétien qui a rencontré le Christ et qui reste assoiffé de cette rencontre. Nous découvrons Marie-Madeleine qui ne peut dormir tant qu’elle n’est pas auprès de celui qui a donné un sens à sa vie ; qui, ne le trouvant pas, pleure ; qui est tellement enfermée dans sa propre douleur qu’elle n’a plus l’ouverture à la réalité qui lui permettrait de reconnaître le Christ ; qui L’entend prononcer son nom et qui Le reconnaît dans cet appel, mais aussi qui se connaît dans cet appel ; Marie-Madeleine qui finalement repart vers la mission. « Elle va, elle aime, elle danse, elle appelle, elle annonce ». Ce texte montre bien l’attitude de ceux qui étaient présents : un Seul donne sens à ma vie, je L’ai reconnu, mais comment en vivre désormais au quotidien ?

Plusieurs intervenants ont parlé du lien entre foi et arts : Andrea Codrington Lipke, rédactrice et critique de design et de culture, Roberta Ahmason, collectrice d’art, Wim Wenders, réalisateur, Gesine Weinmiller, architecte, Martin Helmchen, pianiste, et Katarina Kemmler, conseillère en design. Tous ont montré simplement que le christianisme ne changeait pas radicalement leur travail, ne leur donnait pas de solution miracle aux emplois du temps surchargés ou aux problèmes de bureau, mais permettait une réelle unité dans leur vie. Une unité qui vient de la liberté de reconnaître que toute tâche nous vient d’un Autre et qu’il s’agit pour nous de simplement recevoir toute la réalité comme signe de la présence de Dieu et de tout rendre. L’art est le moyen par excellence de vivre de ce don. Pour cela, il n’est pas nécessaire de construire une église, de jouer de chants pieux ou de filmer des pèlerinages. La vraie liberté vient du fait que tout est signe de Dieu et que tout homme porte en lui la nostalgie de son créateur. L’artiste peut donc tout utiliser tant qu’il est honnête et qu’il ne s’enferme pas dans ce qu’il pense maîtriser.

Chaque intervention était ponctuée d’interludes musicaux ou artistiques. Le pianiste Martin Helmchen a interprété deux extraits d'une Passion de Bach et trois morceaux de L'enfance de Jésus de Messiaen. Il présentait ainsi deux artistes profondément religieux qui ont cherché à être le plus proche possible du plan que le Créateur a pour l’homme, en se donnant tout entier à leur art.

Les deux après-midi ont été occupées par différents Workshop pendant lesquels des artistes ou des personnes travaillant dans les milieux artistiques ont pu expliquer concrètement leur travail. Le but de ces Workshop était de permettre à des jeunes qui se lancent de recevoir l’expérience de leurs aînés et de voir aussi très concrètement le lien entre la publication laborieuse d’un livre, la mécénat d’œuvres d’art ou le chemin souvent humiliant d’un artiste qui doit « se vendre » et la foi.

Dans le questionnaire final qui a été proposé à tous afin que chacun puisse donner un bilan de sa journée, une des premières questions était : « Avez-vous assez de temps gratuit pour rencontrer d’autres personnes ? ». Le cœur de ces journées était effectivement de permettre la naissance d’amitiés ; des amitiés qui, vu l’intérêt commun et la teneur des présentations, se plaçaient tout de suite à un niveau essentiel.

 

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