Home > Fioretti > Des gestes qui humanisent

Nous visitons depuis une année un ami qui s'appelle Ignace. Ignace a une sclérose en plaques. Il vit dans une maison de retraite depuis quelques mois. Il dit que ce lieu est plus humain que celui où il vivait auparavant et où il était alimenté seulement par sonde.


Visite d'un home psychiatrique à Berlin © Points-Cœur

Quand il est arrivé dans ce nouveau lieu où il vit maintenant, ils ont commencé par lui enlever la sonde et lui donner à manger par la bouche. Le changement était évident : il a pris du poids et il allait beaucoup mieux. Ces derniers mois, du fait de sa dépression et du manque d'entrain, ils ont dû lui remettre une sonde. Il a passé quelques mois comme ça et on a vu notre ami diminuer, n’ayant plus la force pour parler ni pour sourire. Sa situation familiale est difficile. Nous ne connaissons pas beaucoup son passé. Mais nous savons que c’est un grand homme, qui a une grande dignité, un sens de l’humour extraordinaire et qu’il a un très bon ami qui vient chaque semaine pour lui lire un passage d’un livre, un ami de jeunesse.

Il y a une semaine, nous sommes allées le visiter. Chaque fois, que nous passons dans le couloir, nous prions la Vierge Marie pour qu’elle nous aide et nous donne sa force pour être avec lui. Nous sommes arrivées et avons commencé à parler. Nous l'avons vu un peu différent, avec plus d’enthousiasme. Il nous a demandé d’appeler l’infirmière pour qu’elle le change de position. Nous avons été très touchées par l’attitude de l’infirmière qui, avec un grand respect, le touchait en lui disant tous les gestes qu’elle faisait. Puis elle s'est penchée vers lui et lui a demandé : « Est-ce-que vous leur avez dit que vous mangiez de nouveau par la bouche ? ». Et nous de dire : « Quelle surprise ! C’est vrai ? ». Et Daniel, avec un sourire, a dit « oui ». L’infirmière nous a expliqué comment, petit à petit, elle a recommencé à lui donner à manger. Dans le fond, ce dont il a besoin c’est seulement d’un peu d’attention, de temps et de patience pour lui donner à manger. Ignace est conscient que cette infirmière ne restera pas. Nous lui disons que nous pouvons accueillir les petites consolations que Jésus nous envoie. Plus tard, nous avons rencontré l’infirmière qui s’appelle Gabriela, nous avons parlé avec elle en la remerciant pour ce qu’elle faisait pour lui. Elle nous a dit : « C'est un travail difficile, mais il nous faut y mettre tout notre cœur, car ils en ont besoin, et c’est quelque chose que mes collègues ne comprennent pas, car ils ont peur de s'attacher. C'est dur quand on part, mais si on n'y met pas le cœur, le travail n’a pas de sens. »

Pour nous, c'était très impressionnant de voir un homme revivre par le simple fait de manger, de goûter aux aliments, ce qui est souvent banal pour nous, mais qui nous humanise. C'est comme si notre ami était ressuscité et avait trouvé un réconfort dans cette femme qui n'a pas peur d'aimer. Pour nous, c'était comment une épiphanie de Dieu, la réponse à notre prière.

 

Milagros Cercado et Marie Noirot  

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