Amelia et ses enfants vivent à la Fazenda do Natal, village Points-Cœur proche de Salvador da Bahia, au Brésil.
Kevin et son petit frère © Points-Cœur
Amelia est réveillée en pleine nuit : son fils, Kevin, 16 ans, a été assassiné dans le quartier où elle habitait à Salvador. Cela fait longtemps qu'elle tremble nuit et jour, ayant déjà fait l'expérience du sort réservé aux jeunes impliqués dans divers trafics. Deux ans auparavant, son fils aîné était lui aussi assassiné. La tête de Kevin était mise à prix dans son quartier mais celui-ci n'a pu résister à y aller rencontrer ses amis dont sa bonne amie.
Nuit de désolation : le corps du fils bien-aimé d’Amelia repose dans la morgue de la police. Ses 6 petits frères et sœurs sont un peu perdus : 'Mais où donc est parti Kevin?' s'exclame en riant la petite Lola (5 ans).
Mais Amelia est déjà préoccupée par les amis de son fils qui vont vouloir le venger. La loi implacable de ces bandes veut que si l'un meurt dans l'un des camps, un autre devra mourir dans la bande opposée. Et c'est sans fin…
Le jour de l'enterrement, nous accompagnons Amelia dans les méandres des démarches administratives… jusqu'au cimetière. Plusieurs de ses amies sont déjà là et prient devant le cercueil. Les amis de Kevin arrivent à leur tour. Dans leurs yeux et leurs traits crispés se lit une immense haine. Ils ont des têtes d'enfant du haut de leurs 15-16 ans.
Je frémis : comment des jeunes, encore enfants par bien des aspects peuvent-ils exprimer aussi violemment de tels sentiments?
Les amies d’Amelia entonnent des chants religieux et nous prions avec elles l'office des défunts. Un de ses amis, dit “l'Ecureuil”, fulmine en faisant les cent pas autour de son ami décédé tandis que “Benjamin” qui a une tête de poupon promet vengeance en lançant des regards presque inhumains.
Avec quelle dignité Amelia prie et accueille dans ce cimetière si sordide où s’amoncellent les gravas d’une ancienne chapelle, détritus… !
Jusqu'à la mise en terre, le cœur déchiré, celle-ci trouvera la force de parler maternellement à chacun de ceux qu'elle considère aussi comme ses fils : “Je t'en supplie, ne le venge pas”. Elle se substitue à la douleur de toutes ces mères qui ont pleuré, qui pleurent et qui pleureront un fils assassiné.
Voici la grandeur de cette femme qui, transpercée par la souffrance, défend la vie d'autres enfants, simplement parce que ce sont des personnes, avant d´être les meurtriers de son fils.
Amelia et ses enfants © Points-Cœur
Merci – en union de prière avec cette maman et tous ces jeunes.
Muito Obrigada Caro de partilhar esta beleza, coragem e dignidade do querido povo brasileiro, de Amelia e seus filhos! sempre presentes no Coração! Obrigada Amelia ;) lembranças…