Alors que les combats font rage à l’Est du pays, l’Ukraine se remémore les moments clés de son Histoire, aussi bien lointaine que contemporaine. En effet, les mois de novembre et de décembre ont été riches en initiatives artistiques dans le but de rendre plus concret le souvenir, et plus actif la participation à la recherche d’un futur pacifique.
A Lviv, trois nuits ont été dédiées à des concerts et des spectacles, à des visites guidées, même les musées ont fait « portes ouvertes » afin de mobiliser la population pour l’UNITE et la PAIX.
Une semaine plus tard nous commémorions, non sans douleur, l’Holodomor (en ukrainien Голодомор) qui signifie « extermination par la famine », car il s’agit d’une grande pénurie alimentaire commanditée par Staline en 1932-1933. Elle a provoqué la mort de 2,6 à 5 millions de personnes et commence à être reconnue comme génocide par les différentes organisations internationales.
Le film Le Guide (en ukrainien Поводір), sorti dans les salles à Lviv, contribue au travail de mémoire, même si cela reste déchirant et marquant pour le peuple ukrainien. Malheureusement le portrait qui y est fait de l’Union Soviétique et des ses exécutants n’aide pas à considérer l’actuelle Russie de manière sereine et neutre, tandis que des jeunes partent tous les jours, pour l’Est, en tant que volontaires, et, peut-être mourir dans une guerre fratricide que personne de comprend tout à fait.
Tout avait commencé, il y a un an, sur la place Maïdan, dans une lutte pour la dignité et le respect de l’Homme. Aujourd’hui, rappelons-nous des attentes d’alors. Les photographies exposées ces dernières semaines pour nous y aider, nous frappent par leur violence, par une humanité qui se révèle dans une cruelle beauté. Mais il y a aussi eu au Musée National la résonnance d’un cri pour l’avenir, dans l’exposition Demain (en ukrainien Зафтра). Si ce ne sont pas les mots, écrits aux trois extrémités de l’Ukraine (Lviv-Kiev-Karkiv), qui se rendent lisibles sur les longs pans de tissus, tendus tels les voiles du bateau qui continue d’avancer, ce seront peut-être les toiles encore blanches qui appelleront nos voix à s’élever pour poursuivre une œuvre de paix.
Si le sang et l’encre continue aujourd’hui de couler, l’espoir aussi enflamme encore les cœurs.
« Ne nous oubliez pas. » Même si la voix des vivants est ignorée et la clameur des morts est faible comme une brise dans le tourbillon hurlant des informations, elles restent portées par le courage de tant d’hommes et de femmes qui croient en la fraternité.
Roman et Volodia, les initiateurs de l’exposition « Zavtra »