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Le 28 janvier prochain aura lieu le vernissage de l’exposition d’Axel Pahlavi à la galerie Eva Hober à Paris. Une belle surprise picturale et humaine.

Axel Pahlavi, Clown Céleste, Huile sur toile.
 

« Peindre dans tes yeux », le titre de l’exposition, évoque une communion de deux regards, une tendresse, un élan d’amour et de contemplation.

Jeune peintre né à Téhéran en 1975, Axel Pahlavi a hérité de l’âme contemplative orientale où l’image est un symbole qui renvoie à une vérité intérieure. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris, il débute une carrière très prometteuse dans des compositions contemporaines et complexes inspirées de la culture pop, comme le cinéma de science-fiction ou la BD et des milieux alternatifs berlinois où il vit, en y ajoutant une touche sulpicienne décalée. A travers ces assemblages, Axel Pahlavi interroge l’image et scrute son rapport avec la signification de l’objet. Tandis que l’art surréaliste fait de l’image un non sens, l’abstraction s’offre comme un symbole qui relègue le sens dans un au-delà inaccessible. Pour sa part, l’art conceptuel se sert de l’image comme prétexte à son idéologie. Mais l’image peut-elle encore être un reflet de l’identité de l’objet qui s’offre librement ?

La recherche d’Axel et de sa femme Florence Obrecht se poursuit dans l’univers des clowns. Le masque est le rôle qu’on joue et qui nous sécurise, c’est la position ou le métier qui nous donne l’illusion de l’utilité, de l’efficacité, de l’importance. Pourtant, rien n’est plus absurde qu’un ego satisfait de sa réussite selon les règles du monde. Le masque nous protège du regard des autres, mais surtout de nous-mêmes : la vérité nue n’est-elle pas désespérante ? Elle écrase, elle fait peur. C’est pour cela qu’on la fuit ou qu’on la nie. Dénonciation pathétique de cette insatisfaction refoulée, Rouault percevait la transcendance dans le visage poignant du clown triste.

        

La recherche d’Axel Pahlavi porte la densité d’un travail qui s’étire dans le temps. L’idée de départ peut être précise, mais un travail de bénédictin aventurier la fait évoluer au fil des semaines et des mois. La matière révèle peu à peu son secret. La double luminosité du cheval et du soleil couchant se fait porteuse d’un mouvement pascal de mort et de résurrection. La lumière du Logos se fait chair, puis se fait sang pour irriguer la terre, elle s’estompe pour laisser la place à une autre lumière. Cette nouvelle lumière est limpide, elle illumine le visage d’un cavalier improbable marqué par les insignes de la DDR et dont la force guerrière est transsubstantiée en tendresse pour son enfant.

Axel Pahlavi, "Peindre dans tes yeux", Huile sur toile, 300 x 290 cm, avril – décembre 2016.
 

Axel Pahlavi est aussi un peintre libre et subversif qui a franchi plusieurs fois les limites de la décence, dans sa peinture religieuse en particulier. L’image peut être religieuse si elle reste apophatique, symbolique, abstraite ou strictement circonscrite dans les canons de la tradition iconographique. Par contre, une peinture réaliste et figurative du religieux est strictement prohibée aussi bien dans le monde artistique que dans les cercles ecclésiastiques. Axel Pahlavi a le courage d’aller au bout de ses questions sur le mystère de la correspondance entre l’image et l’identité de l’être. Si le lien entre l’image et le logos existe, alors toutes les images reflètent une parcelle du Logos et l’incarnation est le point d’identification entre l’image et le Logos.

Peindre dans tes yeux, c’est peindre dans cette lumière d’une Présence qui transcende l’apparence. Adulée, refoulée, déformée, ou violente, l’image ne peut dévoiler la beauté de l’être que lorsqu’elle est le don libre et gratuit d’un cœur qui aime. 

Ouevres précédentes d'Axel Pahlavi exposées à la Galerie Eva Hober
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