Ce début de la semaine sainte a été marqué par le martyr de 44 chrétiens coptes orthodoxes d’Egypte, une des plus anciennes communautés chrétiennes du Moyen-Orient. Deux églises ont été visées : Saint Marc et Saint Georges. Encore une fois, devant la couronne du martyr, les chrétiens coptes, eux-mêmes nous livrent leur grande douleur, mais aussi leur fierté de « participer » à la Croix du Christ, à Sa mort, et à Sa résurrection. Il nous rappelle encore une fois, dans leur propre chair, que suivre le Christ jusqu’au martyr, est la réalisation même de l’identité de « chaque » chrétien.
Mina, un fonctionnaire de 52 ans venu participer à la messe des funérailles des martyrs lundi, dit au journal L’Orient Le jour (article de Mona Salem, le 10 avril 2017) : « Si l’objectif est de nous empêcher d’aller aux églises, cela ne va pas arriver. Nous continuerons à prier toute notre vie » … « Chrétiens jusqu’au jour du Jugement ! » lance une autre fidèle.
Abouna Boulos George, prêtre copte orthodoxe, répond par un message vidéo, aux groupes terroristes qui ont attaqué les deux Eglises. Voici des extraits de son discours traduit de l’arabe :
« Chers martyrs, votre sang crie vers Dieu. Dieu est très patient, mais quand Il se met en colère, Il est difficile, difficile et dur. Mon message sera à ceux qui nous tuent. Qui sont-ils vraiment ceux qui nous tuent ? À vrai dire, je ne sais pas.
Mais la première chose que j’aimerai leur dire c’est : nous vous remercions beaucoup, beaucoup, beaucoup. Vous n’allez pas nous croire si nous vous remercions. Et vous voulez savoir pourquoi nous vous remercions ? Je vous le dirai, même si cela vous paraitra absurde car vous n’êtes pas capables de nous comprendre, mais je vous prie du moins de nous croire.
Je vous remercie parce que vous nous avez donné l’occasion de mourir cette même mort que le Messie a subie. Cette mort est la plus grande fierté pour chacun d’entre nous. Le Christ a été crucifié, c’est notre foi. Il est mort et Il a été égorgé, c’est notre foi. Vous nous avez donné cet honneur, vous avez donné cet honneur à nos martyrs.
Nous vous remercions parce que vous nous avez raccourci le chemin. Si quelqu’un part en voyage dans une terre étrangère, pendant le voyage de retour « chez lui », il est impatient, regarde sa montre toutes les cinq minutes dans l’avion, se disant : « quand est-ce que j’arriverai chez moi, dans mon véritable pays ? Il faut que j’attende longtemps encore ? ». Imaginez-vous qu’il ait l’opportunité d’y arriver en quelques secondes, prenant une fusée… Vous nous avez raccourci le chemin, nous vous remercions pour cela.
Nous vous remercions parce que vous nous avez permis d’accomplir la parole du Christ quand Il nous a dit : « je vous enverrai comme des agneaux au milieu des loups ». Nous étions et nous sommes des agneaux parmi vous : notre unique arme c’est notre foi et notre Église dans laquelle nous prions. Nous ne portons pas d’autres armes dans nos mains. Nous vous remercions beaucoup parce que vous nous avez permis d’accomplir la volonté du Seigneur quand Il nous a dit : « je vous enverrai comme des agneaux au milieu des loups ».
Nous vous remercions parce que vous avez continuez notre travail. Vous nous aidez sans vous en rendre compte, et cela vous n’êtes pas capable de le comprendre. Nous vous remercions car il y a des gens qu’on a invité une, deux et trois fois à l’église, et ils ne sont jamais venus. Vous savez ce que vous faites là ? Cela fait venir à l’Eglise tous ceux qui ne viennent plus ou qui ne venaient pas. [Le sang de nos martyrs portent du fruit qui rempli nos églises, ndt]. Des gens qui vivaient dans le péché, et après les premiers martyrs qui sont morts il y a 4 mois à l’attentat de la cathédrale de Boutrosia, sont revenus à l’Eglise. Vous ramenez des gens à l’Église que nous, nous n’arrivons pas à ramener. Vous nous aidez ! Vous remplissez nos églises ! Le travail d’évangélisation que nous essayons péniblement de faire chez les gens, vous le réalisez doublement. »
Quel témoignage ! Quelle vertu ! Nous avons bien sous les yeux et " en direct", non pas une " nouvelle " balancée par la presse aux ordres, mais un plaidoyer vigoureux qui montre la réalité de la mort du Christ continuée de manière stupéfiante par ces martyrs qui jalonnent 2000 ans de vie chrétienne.
Et tout cela, sans une injure, sans la moindre parole de haine, sans le moindre désir de revanche. Comme le Christ qui n'a maudit aucun de ceux qui lui clouaient pieds et mains sur le bois !
Quelle leçon pour nous qui allons connaître bien des moments de violence du fait d'un Islam dégénéré ….