Les patriarches orientaux (catholiques et orthodoxes) se sont réunis le 7 juillet dernier avec le Pape Francois à Bari, autour des reliques de Saint Nicolas de Myre (vénéré par les orthodoxes comme par les catholiques). Cette journée de prière avait surtout le but de lancer un appel international aux syriens chrétiens de revenir « chez eux » et aux pays occidentaux de leur faciliter la tâche s’ils souhaitent réellement aider la Syrie.
Le journal libanais L’Orient Le Jour a publié un article à ce sujet le 07 juillet 2018 [1]https://www.lorientlejour.com/article/1124478/le-pape-craint-leffacement-de-la-presence-chretienne-au-moyen-orient.html
Voici quelques extraits de cet article :
« "Aidez-nous chez nous!" a lancé en particulier l'archevêque grec-catholique d'Alep, Mgr Jean-Clément Jeanbart qui a lancé une campagne "Alep vous attend", (…) finançant les retours grâce à des bienfaiteurs suisses (…) et qui considère l'exode comme "le plus grand mal qui soit" pour son Église.
Dans des propos introductifs, le pape a exprimé ses craintes de voir "effacée" la présence des chrétiens au Moyen-Orient, "défigurant le visage même de la région". Un effacement opéré "dans le silence de beaucoup et avec la complicité de beaucoup". "L'indifférence tue, et nous voulons être une voix qui lutte contre l'homicide de l'indifférence", a-t-il lancé, évoquant une région "carrefour de civilisations et berceau des grandes religions monothéistes", abritant "les racines de nos âmes".
Pour le cardinal libanais Béchara Raï, le patriarche des maronites, les États occidentaux doivent désormais "encourager" les réfugiés syriens à rentrer en Syrie, "un droit de citoyen" qui doit être séparé du volet politique. Les gouvernements doivent "aider financièrement les gens chassés de leur terres à réparer leurs maisons" au lieu de "répéter qu'il n'y a pas la paix" au moment où "les bombardements sont extrêmement localisés", a expliqué à l'AFP ce prélat. Pour lui, le Liban, rare pays de pluralité culturelle et religieuse de la région, est en train d'être "sacrifié" pour avoir ouvert solidairement ses portes à 1,750 million de réfugiés syriens sur une population totale de 4 millions d'habitants.
Sur 170.000 chrétiens de la ville avant la guerre, il en reste peut-être 60.000, calcule Mgr Jeanbart. Ceux qui sont partis en Occident ne reviendront pas, ce qui n'est pas le cas des réfugiés des pays limitrophes. "Ce qui m'empêche de dormir c'est l'exode, le plus grand mal qui soit pour notre Église et notre pays", confie-t-il, ému, en jugeant qu'il n'est plus opportun d'organiser des "corridors humanitaires" vers l'Europe. "Certains pensent qu'avec un visa ils ont un billet pour le ciel, mais ils vont être un numéro parmi des dizaines de milliers de réfugiés. Maintenant que la sécurité est revenue, aidez-nous chez nous!", a-t-il lancé.
Le patriarche syrien-orthodoxe Ignace Ephrem II, qui vit à Damas, juge que "l'Occident a été très focalisé sur un changement de régime, or notre plus grande crainte est de remplacer un régime séculaire par un gouvernement probablement islamique". "En tant que chrétiens nous avons le sentiment d'avoir été abandonnés", résume-t-il, "les programmes d'aide gouvernementale internationale ne nous parviennent pas, au lieu de nous aider, on nous accuse d'être des suppôts du gouvernement".
Le pourcentage de chrétiens au Moyen-Orient est passé de 20% avant la Première guerre mondiale, à 4%, selon le cardinal Kurt Koch, président du Conseil pontifical pour l'union des chrétiens.”