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Synode des jeunes : « donner une année au Seigneur, et après c’est le débordement du cœur »

Le 16 octobre 1978, il y a tout juste 40 ans, Karol Wojtyla, jeune cardinal polonais, devenait Jean Paul II. Cet apôtre infatigable a montré un amour particulier pour la jeunesse, « espérance de l’Eglise ». Initiateur des fameuses Journées mondiales de la jeunesse, il n’a eu de cesse de s’adresser aux jeunes du monde entier pour les encourager, prier avec eux, leur indiquer Celui qui donne sens à toute chose. En 1985, il intitulait sa lettre apostolique à la jeunesse Dilecti amici, « chers amis  ». Un trésor qui n’a pas pris une ride !

Photo : © OR/CPP/CIRIC
08-10 mai 1993 : Jean Paul II en Sicile, Italie.
 

La voix de saint Jean Paul II résonne encore dans le cœur de ceux qui l’ont entendu ; certains d’entre eux sont réunis pour le « Synode sur la jeunesse » qui a lieu en ce moment à Rome à l’appel du Saint Père. Alors que les médias sont à l’affût d’une déclaration qui assouplira la morale de l’Eglise, alors qu’on tente parfois maladroitement de trouver des recettes pour attirer la jeunesse ou qu’on cherche de nouvelles méthodes de communication, Jean Paul II nous rappelle dans sa lettre Dilecti amici une vérité essentielle : le cœur de tout homme, particulièrement celui des jeunes qui ont une immense soif d’absolu, est fait pour le don de soi, moteur de toute croissance authentique, clé de la rencontre avec soi, avec les autres et avec le Christ. 

Cherchez à vivre dans la grâce de Dieu !

« Il faut que la jeunesse vous permette de grandir « en sagesse » par ces contacts (avec les autres, ndlr). C’est le temps en effet où s’établissent de nouvelles rencontres, des camaraderies et des amitiés dans des milieux plus larges que la seule famille. S’ouvre ainsi le vaste champ de l’expérience, qui présente de l’importance non seulement dans l’ordre des connaissances, mais en même temps dans le domaine éducatif et moral. Toute cette expérience de la jeunesse sera utile quand elle fera naître en chacun et en chacune de vous le sens critique et, avant tout, la capacité du discernement pour tout ce qui est humain. Cette expérience de la jeunesse sera heureuse si vous y apprenez progressivement la vérité essentielle sur l’homme – sur tout homme et sur vous-mêmes –, la vérité que synthétise ce passage remarquable de la Constitution pastorale Gaudium et spes : « L’homme, seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver que par le don désintéressé de lui-même ». Ainsi donc nous apprenons à connaître les hommes pour être plus pleinement hommes, grâce à la capacité de « nous donner » : être homme « pour les autres ». Une telle vérité sur l’homme – une telle anthropologie – trouve en Jésus de Nazareth un sommet inaccessible. C’est pourquoi son adolescence elle-même est si importante, tandis qu’il « croissait en sagesse… et en grâce devant Dieu et devant les hommes ». Je vous souhaite aussi cette « croissance » par le contact avec Dieu. Pour cela, le contact avec la nature et avec les hommes peut être utile, indirectement ; mais c’est spécialement la prière qui y contribue directement. Priez et apprenez à prier ! Ouvrez vos cœurs et vos consciences face à Celui qui vous connaît mieux que vous-mêmes. Parlez avec lui ! Approfondissez la Parole du Dieu vivant, en lisant et en méditant la sainte Ecriture. Ce sont là les méthodes et les moyens pour vous approcher de Dieu et entrer en contact avec lui. Rappelez-vous qu’il s’agit d’un rapport réciproque. Dieu répond d’une façon totalement gratuite par « le don de soi », que le langage biblique nomme la « grâce ». Cherchez à vivre dans la grâce de Dieu ! »

En écho à cette exhortation radicale, la voix plus contemporaine du père Daniel Ange, interrogé à Rome pendant le synode – qui répond selon lui à « une grande urgence » pour l’Eglise – invite aussi tous les jeunes à cette expérience du don de soi ; l’Eglise doit offrir cette radicalité de l’Evangile, notamment en proposant aux jeunes de prendre une année pour « s’enraciner dans leur foi » car « après c’est le débordement du cœur ». Sans rappeler sans cesse la beauté et la radicalité de l’Evangile, les jeunes se tourneront vers des chimères :

« Il ne faut pas avoir peur de leur proposer l’évangile dans toute sa radicalité, il y a une soif de radicalité chez beaucoup de jeunes ; il suffit de voir des adolescentes franco-françaises parties a 14-15 ans au Jihad en Syrie, en Irak ! Et quand on leur pose la question « pourquoi es-tu partie là-bas », elles répondent : « moi je veux aller au paradis, et on m’a dit qu’en tuant des mécréants là-bas j’irai au paradis » ; une autre, 15 ans : « moi je voulais être sûre de ressusciter des morts et en tuant des mécréants je vais ressusciter des morts »… Alors vous voyez ils ont raison, pas de tuer des mécréants évidemment, mais de vouloir la résurrection des morts, et le paradis, et qu’ils sont prêts à affronter toute sorte de difficulté pour ça… mais ça vous secoue ! ». (…) Il faut répondre à cette exigence, souvent on croit leur faire plaisir en disant : « fais n’importe quoi, le Seigneur pardonne tout », un truc à l’eau de rose comme ça et du coup ils partent dans les sectes, chez les évangélistes, chez les islamistes car ils veulent quelque chose de fort ! (…)

Après 35 ans d’expérience avec les jeunes je pense de plus en plus que Le seul truc qui marche c’est que ce soit des jeunes baptisés, amoureux de Jésus, amoureux de l’Eglise et qui vivent avec Jésus, qui soient les apôtres ardents, joyeux, qui communiquent leur propre joie d’être enfant de Dieu, leur propre joie d’aimer Jésus, par contagion de bonheur ! C’est ce que nous faisons à Jeunesse Lumière, nous partons 4 fois par an dans les écoles, les lycées où on rencontre les petits païens d’aujourd’hui et l’impact est impressionnant, on ne cherche pas à les convaincre mais on partage notre propre joie (…) et ça passe ! Le problème c’est qu’il y a si peu de ces écoles d’évangélisation, chaque pays, chaque diocèse devrait en avoir, où les jeunes peuvent venir pendant un an s’enraciner dans leur foi et après c’est le débordement du cœur, le jaillissement du cœur. Un jeune païen il sent tout de suite quand un jeune lui parle de Jésus comme un amoureux et pas comme une théorie ! (…)

Si on ne parle pas de ces écoles d’évangélisation selon Daniel Ange « tout le synode est raté si je puis dire en exagérant un petit peu, c’est capital de savoir qu’il y a des jeunes qui ont ce courage d’interrompre leurs études, leur travail, pour donner une pleine année au Seigneur ! (…) Des tas de jeunes n’ont même pas l’idée que c’est possible ! C’est une urgence que les évêques sensibilisent tous leurs prêtres, qu’ils sensibilisent les jeunes, à aller faire un an. Ils ne vont pas les perdre, ils vont revenir un an après bien plus rayonnant, lumineux, « qui regarde vers lui resplendira »… et on attire les non-chrétiens par rayonnement de lumière, par beauté ! »

 

Sources : Vatican

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