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Sud-Soudan : un nouvel hymne national résonne

Un nouvel Etat a rejoint le concert des Nations !

La République du Sud Soudan est officiellement devenue indépendante le 9 juillet 2011 suite à un référendum quasi unanime (98% d'adhésion), devenant le cent quatre-vingt treizième membre des Nations Unies et le cinquante-deuxième pays d'Afrique.

Les conditions dans lesquelles ce pays devra effectuer ses premiers pas n’ont rien de favorable. L’ancien Soudan a été le théâtre d'une guerre civile de plus de vingt ans entre le nord et le sud qui a fait deux millions de morts. De sorte que le nouvel Etat porte des blessures innombrables, dans les corps et les esprits, dans la mémoire et l’espoir. Le pays est, par ailleurs, dans une situation de pauvreté extrême, les infrastructures sont quasi-inexistantes et le personnel formé manque considérablement.

« Je crois que les membres de la Mission des Nations-Unies au Soudan (MINUS) doivent être fiers de ce qui a été accompli dans le cadre du référendum, c’était un défi incroyable que la plupart des gens pensaient insurmontable. Je crois que les membres de cette mission ont réalisé un exploit dans le processus de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), en appuyant toutes les importantes tâches ordonnées par le Conseil de sécurité, mais surtout, en collaborant avec le Soudanais pour tenter de mettre en place un environnement plus propice à la réalisation de la paix ». Le réalisme du constat ne doit pas nous faire oublier, comme le rappelle Mme Malcorra, Secrétaire générale des NU adjointe à l’appui aux missions, la grandeur de l’événement pour l’ensemble des Nations. Ses propos sont l’occasion de rappeler le rôle précieux joué par les représentants des Nations-Unies présents au Soudan de 2004 à 2011, aussi bien les soldats que les policiers et le personnel civil dévoués toutes ces années à l’unique cause du rétablissement et la préservation de la paix. Au total, plus de dix mille personnes ont séjourné sur place, permettant à l’ONU de remplir sa mission avec succès, compétence et dans une grande discrétion.

L’autre protagoniste que l’histoire retiendra fut l’Eglise catholique dans son ensemble. Durant la guerre civile, des centaines de milliers de chrétiens ont été persécutés dans le Sud du Soudan, des églises bombardées, des écoles catholiques fermées et des paroisses à moitié vidées… Mais ceux-ci ont tenu bon et l'Eglise a persévéré dans son combat pour l'indépendance et la liberté, fidèle à l’appel du pape Jean Paul II adressé en 1993 lors de son voyage au Soudan : « Africa ! The Church, incarnate in the lives of your own sons and daughters, is determined to share the burden of your problems and the difficulties of your march towards a better future. She will not fail to encourage you in your search for greater justice, for peace and reconciliation, for an economic, social and political development that corresponds to the dignity of man »[1]. Les évêques, les prêtres, les catéchistes, les groupes de paroisse, ont proposé de préparer ce référendum et la fondation d’un nouvel Etat par un temps communautaire de jeune et de prière (101 jours avant le vote), s’appuyant sur un vaste réseau de radios missionnaires. L’Eglise n’a par ailleurs cessé au long de ces années de promouvoir la réconciliation et d’investir dans l’éducation de futurs citoyens responsables. Ainsi, en dépit des décennies de persécution chrétiennes, le nombre de baptisés est passé de un million et demi à cinq millions.

Les défis sont multiples pour ce nouvel Etat qui ne sait où mettre les priorités tant les besoins sont nombreux dans tous les domaines. Tout manque ! C’est une des raisons pour lesquelles les Nations-Unies ont décidé d’envoyer une nouvelle mission, la MINUSS (Sud-Soudan) pour accompagner ces premiers pas. En effet, de nombreuses menaces pèsent sur l'avenir de ce pays, parmi les plus pauvres de la planète : cette région n’a aucune expérience de la stabilité politique ; le tracé de frontières encore indéterminé, notamment dans la région d'Abyei ; les richesses minières (pétrole ; or ; cuivre…) et des surfaces cultivables assez importantes risquent fort d'attiser les convoitises et les tensions ; enfin il existe des divergences religieuses et culturelles qu'il faudra surmonter.

Mais un pays nouveau est apparu dans le concert des Etats. Un pays né pourtant après un conflit long et meurtrier, qu’on aurait pu penser irréversible. Un pays aux ressources nombreuses et souvent inexploitées, mais très convoitées. Un peuple qui a choisi son destin. "J'étais vraiment heureux, c'était la première fois de ma vie que je votais. Et j'ai 42 ans, Vous imaginez !"[2] Un peuple a majorité catholique avec une minorité de musulmans, appelé à témoigner d’un respect et d’une réconciliation possibles. Un peuple qui veut regarder son futur dans la joie et l’espérance, avec la certitude d’avoir quelque chose de tout à fait unique à apporter. « Lors de la proclamation de l'indépendance du Sud Soudan, j'ai senti l'énergie, le potentiel et la joie profonde de cette toute jeune nation » disait Ban Ki Moon. La joie, telle pourrait être la vocation de la république du Sud-Soudan. La joie, un bien abondant dont nos civilisations de l’abondance manque pourtant si souvent.

 

L’hymne national, la joie d’un peuple

Consultez aussi la vidéo réalisée par l’Aide à l’Eglise en détresse : Cliquez ici pour voir la vidéo.


[1] Voyage Apostolique au Bénin, Ouganda et Khartoum (3 – 10 février 1993) Cérémonie de congé à l'Aéroport international de Khartoum (Soudan, 10 février 1993) : " Afrique ! L'Eglise, incarnée dans la vie de vos propres fils et filles, est déterminée à partager le fardeau de vos problèmes et les difficultés de votre marche vers un avenir meilleur. Elle ne manquera pas de vous encourager dans votre recherche d'une plus grande justice, de paix et de réconciliation, pour un développement économique, social et politique qui correspond à la dignité de l'homme." Texte intégral.
[2] Fr Jastin Astit, directeur du programme « Healing the leaders ».

 

 

 

 

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