Home > Sciences > Le médicament en France … la réforme s’impose

Le médicament en France … la réforme s’impose

 Suite à l’affaire explosive du Médiator [1], en France, un rapport effectué par les Professeurs Bernard Debré, député de Paris, et Philippe Even, Président de l’Institut Necker, a été remis au Ministère de la santé en mars dernier ; ce document établit un vaste panorama de la recherche pharmaceutique et dresse, sans ménagement, un état des lieux des plus alarmants quant au fonctionnement actuel des instances administratives chargées de la surveillance des produits de santé (AFSSAPS, HAS… [2]), et propose une refonte totale du système. Un véritable pavé dans la marre !

CC BY-SA RambergMediaImages

Dans son introduction, le rapport précise : «… avec très probablement des centaines de morts et des milliers de malades, l'affaire du Médiator est beaucoup plus qu'un accident isolé… ». Comme le stipule ce document, il nous faut revenir à un contrôle plus sévère dans le système de pharmacovigilance comme cela avait lieu il y a quelques années où les experts étaient très exigeants. La mise à jour des effets secondaires d’un produit et ses indications doivent être bien posées dès le départ et revues régulièrement en fonction de l’évolution du produit et de la pathologie. Le Médiator fait partie des molécules peu actives, voire pas actives du tout, commercialisées alors qu’il présentait le risque majeur de déclencher des maladies cardio-vasculaires. Par quel cheminement, des médecins ont-ils pu être amenés à le prescrire aussi pour des cures d’amaigrissement ? Le document met en cause, avec virulence, en premier lieu la lourdeur des instances administratives chargées des autorisations de la mise en vente et de la surveillance des produits comme l’AFSSAPS, « employant mille personnes » [3] et qui est un imbroglio incompréhensible de commissions et de conseils en tout genre ; un système cloisonné à outrance où les informations circulent peu ou pas du tout et qui conduit à des aberrations. Alors qu’une commission accepte « foule de médicaments inutiles, l’autre (refuse) presque toujours de suspendre ou de retirer les médicaments même plus dangereux qu’utiles. » [4]

Devant le coût et la rentabilité des produits, on assiste ces dernières années dans l’industrie pharmaceutique, à un regroupement des laboratoires pour des raisons économiques, commerciales, voire pour faciliter le coût de la recherche elle-même. Des laboratoires qui le peuvent ont leur propre unité de recherche. Certains achètent les nouvelles molécules à d’autres laboratoires spécialisés dans cette même recherche. A partir d’une molécule achetée, à charge à l’acquéreur de continuer toutes les études nécessaires en double aveugle [5], soit en milieu hospitalier, soit en consultation, pour définir l’objet du produit et ses applications. Les effets secondaires sont également l’objet de staffs dans les laboratoires concernés qui les étudient et cherchent à y remédier. Il faut plusieurs années avant qu’une mise en circulation du produit élaboré soit abordée en fonction des indications, de tous les effets secondaires qui auront été remarqués et des moyens qu’on trouve pour y remédier ; cela dépend notamment de la durée du traitement étudié, du nombre de participants à l’essai… Dans une étude approfondie sur la fameuse vaccination contre la grippe porcine, le Docteur Marc Girard [6] dénonce la pression abusive des pouvoirs publics, alors qu’aucune efficacité, même moindre, n’a encore été scientifiquement prouvée sur toutes les vaccinations anti-grippales et que la proportion déclarée des cas graves a été largement outrancière. Tandis que des années sont nécessaires pour tous les tests de contrôles requis, on peut se demander comment une simple garantie de quelques mois a suffi à élaborer ce vaccin ?

Le rapport Debré-Even dénombre quatre mille cinq cents molécules en vente sur le marché français, dont « cinq cents molécules originales sans intérêt » [7] : Comment en a-t-on pu en arriver là ? C’est le travail de ces trente dernières années, après les « quarante glorieuses » de découverte des molécules majeures de 1945 à 1985, où le « lobbying » politique,  le marketing des firmes commerciales jusqu’au mensonge parfois a pris le pas sur la recherche, mettant sur le marché un certains nombre de produits moins importants, présentant parfois des risques graves, comme on a déjà pu le voir, à des fins purement commerciales. Certes la rentabilité financière est nécessaire mais pas au détriment du bien des personnes soignées. Ce système a généré des comportements  avec, en particulier, des abus de prescriptions, notamment dans des pathologies courantes.

Après un constat d’échec flagrant, le rapport Debré-Even propose un véritable programme de réforme complète de tout le système administratif. Toutefois il est question que, même si le médicament est le « bras armé de la médecine » [8] d’aujourd’hui, il n’est pas l’unique pratique de la médecine ; il faut apprendre aux étudiants « à "démédicamentiser" la médecine » [9]. Le texte parle d’apprendre « l'exercice d'une médecine humaine, personnalisée, juste et sobre » [10] en soulignant l’importance de l’accueil et de l’écoute attentive du patient en prenant en considération tout ce qu’il est et non seulement ses symptômes. Par ailleurs, même si la nécessité d’utiliser des traitements médicamenteux est indéniable dans beaucoup de cas, il faut savoir proposer une alternative de produits plus naturels qui stimulent les défenses immunitaires du corps humain pour des maladies plus courantes. De plus en plus de pharmaciens développent l’aromathérapie qui devient une véritable spécialité pharmaceutique et qui n’a pas encore dit son dernier mot.


[1] Médiator : Médicament donné aux diabétiques ayant entraîné de graves maladies cardiaques et le décès de beaucoup.
[2] AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé créée en 1998 ; HAS : Haute Autorité de Santé
[3] Rapport Debré Even; p 39
[4] Idem p 40
[5] Etude en double-aveugle : La véritable molécule est administrée à la moitié des patients contre un placebo à l’autre moitié ; seuls les laboratoires savent ce qui est donné et à qui, à l’insu des patients et de l’équipe soignante.
[6] « Grippe porcine » : vacciner ou pas ? Dr Marc GIRARD, Conseil en pharmacovigilance et pharmacoépidémiologie. Expert européen
[7] Rapport Debré Even, p. 13.
[8] Idem, p. 63.
[9] Idem, p. 69.
[10] Idem, p. 9.

 

1 Commentaire

  1. Chauvet

    Voilà une synthèse bien menée, mais malheureusement pour avoir "naviguer"dans ce milieu
    je crains que l"'Affaire du mediator" ne soit que l'arbre qui cache la forêt 
    Une forêt bien malade d'un mal qui s'appelle Cupidité et j'ai bien peur que l'avenir nous révèles bien d'autres scandales 

Répondre