Emilio Komar, un maître qui aide à déchiffrer la profondeur de l’humain

de Mariana Canteros         17 janvier 2012

Le 20 janvier 2006 mourait à 85 ans le Dr. Emilio Komar[1]. Ce philosophe slovène marqua plusieurs générations en Argentine. Dans les années 50, il introduisit Edith Stein, Romano Guardini, Josef Pieper et Etienne Gilson, entre autres écrivains européens.

© Sabiduría Cristiana

Il était avant tout un “maître” ce qui explique que la richesse de sa pensée se soit exprimée surtout oralement. Il a dicté plus de 300 cours et séminaires auxquels ont participé plus de 30 000 auditeurs, toutes disciplines confondues. Sa pensée thomiste, profondément métaphysique et personnaliste, reprise par ses disciples a donné lieu à « l'école de Komar » [2], d'une très grande richesse et qualité académique.

Qui fut cet homme dont le magistère porta une telle fécondité ?

Né en 1921 à Ljubljana en Slovénie, où il commença ses études de droit, il obtiendra finalement sa licence puis le doctorat dans l'université de Turin, en Italie. Cependant, sa vraie vocation est la philosophie qu'il étudia avec plusieurs philosophes slovènes, puis avec Augusto del Noce en Italie.

En 1948 il émigre en Argentine, avec son épouse et ses deux premiers enfants (ils en eurent quatre autres par la suite). Il y travaillera comme ouvrier d’usine tout en poursuivant ses études en vue de devenir professeur de philosophie et pédagogie.

Une rencontre tout à fait inattendue l'introduit dans l'enseignement supérieur. Un professeur du grand collège de Buenos Aires le surprend en lisant Platon en grec dans le train – pas très commun pour un ouvrier ! – juste au moment où il cherchait un professeur de grec.

Il est alors lancé pour enseigner les langues classiques, puis la philosophie dans plusieurs établissements de Buenos Aires. C'est ainsi qu'il prend alors contact avec le cercle d’intellectuels catholiques de cette ville.

Nommé ensuite doyen de la Faculté de Philosophie et Lettres de l'Université Catholique d’Argentine, il y enseignera jusqu'à sa retraite la philosophie et l’éthique. Il donnera aussi des cours et séminaires à l'Université de Buenos Aires, au Séminaire de San Isidro ainsi qu’à d'autres instituts.

L’amplitude des thèmes traités, auteurs, époques, est immense. Peu à peu ses enseignements oraux seront transcrits et publiés en espagnol. Il existe aussi plusieurs essais et publications en slovène.

Laissons la parole à ceux qui l'ont connu : “Lucide et passionné. Ainsi fut, pendant plus de cinquante ans, le magistère du docteur Emilio Komar. Lucide pour capter l'essentiel sans laisser de côté le concret. Passionné dans la contemplation et la transmission de « la vérité des choses » qu’il rendait accessible et familière aux auditeurs les plus variés. Avec sa vie et son magistère il sut montrer existentiellement que le contact avec la réalité était possible et que la rencontre avec un maître expérimenté comme lui aidait à déchiffrer la profondeur de l'humain. » [3]