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Depuis le lundi 7 avril, les hommages affluent sur les réseaux sociaux et les pages de grands noms et artistes napolitains, suite à la disparition de Roberto De Simone, décédé à l’âge de 91 ans. « La disparition de Roberto De Simone est une perte immense pour la culture, non seulement napolitaine, mais mondiale », a déclaré Angelo Branduardi. Enzo Avitabile a souligné : « Avec ton art, tu as su raconter l’âme la plus profonde de la musique, préservant et renouvelant des traditions, des sons et des histoires qui risquaient de s’éteindre dans le temps. » Le groupe de chants populaires Damadakà a ajouté : « Roberto De Simone était bien plus qu’un compositeur ou un musicologue. C’était un génie visionnaire, capable de redonner voix et dignité à la culture populaire du Sud, transformant la mémoire orale en une forme d’art élevée, et faisant dialoguer passé et présent avec une clarté rare. »

 

 

Mais qui était cet homme pour recevoir une telle reconnaissance dans le monde de la culture et de la musique ? À la suite de son décès, son corps a été exposé au public au Teatro San Carlo dans une chambre ardente en attendant ses funérailles. Celles-ci ont été célébrées par le cardinal de Naples, Mgr Domenico Battaglia, en présence des autorités (le président de la région, le maire de Naples), d’une importante délégation du Conservatoire San Pietro a Majella, ainsi que de personnalités éminentes de la culture et de la musique napolitaine, telles qu’Enzo Avitabile, Enzo Gragnaniello, Peppe Barra et Antonio Florio. La femme du célèbre chef d’orchestre Riccardo Muti était également présente, ainsi que des centaines de Napolitains venus lui rendre un dernier hommage. Cet adieu à Roberto De Simone a résonné sous les notes du Stabat Mater de Giovanni Battista Pergolèse, œuvre emblématique de la fameuse école napolitaine, ainsi que de l’Ave Verum de W.A. Mozart.

 

 

Son parcours est impressionnant : directeur artistique du Teatro San Carlo, directeur du Conservatoire San Pietro a Majella, musicologue, dramaturge, compositeur. Né le 25 août 1933 dans une famille d’artistes — son oncle était acteur et cinéaste, sa tante chanteuse lyrique — Roberto De Simone débute ses études de piano à l’âge de 6 ans et se produit pour la première fois sur scène à 8 ans, accompagnant une cousine sur les notes de Rigoletto de Verdi. Admis au Conservatoire San Pietro a Majella, il se distingue rapidement comme l’un des élèves les plus prometteurs des conservatoires italiens. À partir de 1957, il entame une carrière artistique en parallèle de celle de compositeur, tout en développant un intérêt croissant pour la musique populaire, ce qui le pousse à de nombreuses recherches. Il finit par abandonner peu à peu sa carrière de pianiste pour se consacrer à la composition et à l’exploration des traditions populaires de la Campanie. En 1967, il rencontre un groupe de jeunes artistes avec qui il fonde la Nuova Compagnia di Canto Popolare, où il devient le référent scientifique et l’élaborateur du matériel musical. C’est le début d’un long travail durant lequel il redonnera vie aux sonorités oubliées et revitalisera le patrimoine napolitain. Ses œuvres majeures, telles que La Gatta Cenerentola (1976), L’Opera Buffa del Giovedì Santo (1980) et La Cantata dei Pastori (2000), sont désormais des incontournables du paysage culturel napolitain.

 

 

Lors de son homélie pendant les funérailles, Mgr Domenico Battaglia, ami proche qui lui rendait visite durant ses dernières années de maladie, a mis en avant deux éléments chers à Roberto De Simone : l’enfant Jésus, celui là même de la crèche, présente constamment dans sa chambre et dans ses œuvres, et la figure de la Madonne des Douleurs, qui symbolisait pour lui Naples et ses habitants. Sur ces figures reposaient non seulement sa foi, mais aussi l’essence même de sa vie et de son œuvre. Un homme qui a su valoriser une culture longtemps méprisée, en décelant la grandeur dans ce qui semblait insignifiant. Il se scandalisait de ce que l’histoire de la musique napolitaine ne soit pas suffisamment connue, suffisamment mise en lumière, parce qu’il avait conscience de la richesse de son patrimoine.

 

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