Le 4 septembre 2025 mourait Giorgio Armani. Cet homme exceptionnel unissait en sa personne le meilleur de l’Italie : le génie et l’élégance, le savoir-faire hors norme de la couture, le flair pour les affaires, le goût pour la beauté de la vie, un amour inconditionnel envers sa terre, la discipline et tant d’autres caractéristiques qui ont fait de lui un des hommes les plus aimés et respectés d’Italie.
Giorgio Armani
Il est né le 11 juillet 1934, à Plaisance, dans une famille modeste. Après avoir fait quelques années de médecine et photographie, il devient étalagiste à Milan pour les magasins La Rinascente. Puis il sera styliste pour Nino Cerruti pendant 10 ans. En 1974 il crée sa propre marque dans laquelle il travaillera jusqu’à sa mort. Il a été méthodique jusqu’aux derniers détails car il a organisé les choses de manière à ce que sa marque ne puisse être ni vendue ni divisée, empêchant ainsi que se perde le savoir-faire purement italien qui la caractérise.
Dans la via San Vittore à Milan, vous trouverez le bar de Marco et, derrière le comptoir, deux photos de Marco avec Giorgio Armani, à la mer, jeunes, bronzés et souriants. Je fréquente ce bar depuis cinq ans, car il se trouve à quelques mètres d’un chantier dont je suis le chef de projet, tant pour prendre mon petit-déjeuner que, de temps en temps, mon déjeuner. J’ai fait la connaissance de Marco et c’est lui-même qui m’a raconté la plus belle anecdote sur le Signor Armani, comme on appelle cet homme formidable dans tout Milan et, je dirais, dans le monde entier.
Il y a quelques années, M. Armani avait organisé un week-end dans sa villa sur l’île de Pantelleria, au cœur de la mer Méditerranée, et avait invité ses amis, tous très célèbres, parmi lesquels un guitariste anglais encore aujourd’hui reconnu comme l’un des meilleurs de l’histoire. M. Armani est connu de tous pour son approche : beaucoup de travail et de discipline, le reste étant laissé à la créativité, comme il le disait lui-même ; tous ses amis le savent, ils savent que la discipline faisait partie de chaque minute de sa vie, y compris les week-ends à la mer.
Le petit-déjeuner était prévu à une certaine heure, disons 8 heures ; tout le monde s’est retrouvé dans le salon pour prendre le petit-déjeuner avec M. Armani, tous vêtus de blanc comme il l’avait demandé et à l’heure indiquée ; l’ambiance festive entre amis était fantastique et la journée magnifique. Tout le monde s’est présenté pour prendre le petit-déjeuner, sauf le guitariste, qui est arrivé dans le salon deux heures plus tard, alors qu’il n’y avait plus rien, ni personnes ni petit-déjeuner, seulement l’un des secrétaires de M. Armani qui l’attendait avec son billet d’avion pour le ramener immédiatement en Angleterre.
Cette anecdote m’a beaucoup fait rire, car elle dépeint selon moi un Giorgio Armani essentiel, pur, direct… complet.
Je connais Milan depuis environ sept ans, pour mon travail ; je sais que Giorgio Armani aimait Milan et je peux vous assurer que Milan aime Armani. Au cours de ces années, je n’ai rencontré absolument personne qui ne le considère comme une fierté italienne, l’italianité incarnée, un exemple pour tous les entrepreneurs et tous ceux qui aspirent à être leaders dans un domaine quelconque.
Vous pouvez demander à n’importe qui, il était et sera toujours vénéré, très aimé, une personne qui avait décidé de rester à Milan au milieu de la pandémie, de continuer à aider personnellement dans les moments les plus difficiles ; il était et restera longtemps une source d’inspiration pour beaucoup de gens, en particulier pour les Milanais qui viennent de perdre leur représentant le plus authentique.
Lui-même a choisi la phrase qui a présidé la salle où ses restes ont été veillés : « L’empreinte que j’espère laisser est faite d’engagement, de respect et d’attention pour les personnes et pour la réalité. C’est là que tout commence. »
Riposa in pace, Signor Armani.
