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Nation, Patrie : notions désuètes ?

14 juillet : défilé, feux d’artifices, célébrations en tous genres… La fête nationale est une belle opportunité pour réfléchir aux termes de "Patrie" et de "Nation". Jean-Paul II nous permet, quant à lui, de récupérer ces concepts, qui, loin d'être obsolètes, se révèlent d'une grande actualité.

« L’expression "patrie" se rattache au concept et à la réalité de "père" (pater). En un sens, la patrie s’identifie au patrimoine, c’est-à-dire à l’ensemble des biens que nous avons reçus de nos pères en héritage. (…) La patrie est donc l’héritage et, en même temps, la situation patrimoniale qui découle d’un tel héritage ; cela concerne aussi la terre, le territoire. Mais plus encore, le concept de patrie implique les valeurs et l’aspect spirituel qui composent la culture d’une nation déterminée. »[1]

« L’Evangile a conféré une nouvelle signification au concept de patrie. (…) L’héritage dont nous sommes redevables au Christ oriente vers la Patrie éternelle ce qui fait partie du patrimoine des patries humaines et des cultures humaines. (…) Le départ du Christ vers le Père inaugure une nouvelle Patrie dans l’histoire de toutes les patries et de tous les hommes. (…)
Le départ du Christ a ouvert le concept de patrie à la dimension de l’eschatologie et de l’éternité, mais il n’a nullement supprimé son contenu temporel. Par expérience, (…), nous savons que la pensée de la Patrie éternelle a favorisé la promptitude à servir la patrie terrestre, disposant les citoyens à affronter toutes sortes de sacrifices en sa faveur – sacrifices en général héroïques. Au long de l’histoire, et spécialement au cours des derniers siècles, les saints élevés par l’Eglise aux honneurs des autels le montrent de manière éloquente. »[2]

« Par le terme de nation on entend désigner une communauté qui réside dans un territoire déterminé qui se distingue des autres nations par une culture propre. La doctrine sociale catholique considère que tant la famille que la nation sont des sociétés naturelles et ne sont donc pas le fruit d’une simple convention. C’est pourquoi, dans l’histoire de l’humanité, elles ne peuvent être remplacées par rien d’autre. Par exemple, on ne peut remplacer la nation par l’Etat, bien que la nation, de par sa nature, tende à se constituer en Etat, comme le montre l’histoire de chaque nation européenne (…). »[3]

« L’homme vit d’une vie vraiment humaine grâce à la culture. (…) La culture est un mode spécifique de l’"exister" et de l’"être" de l’homme. (…) La culture est ce par quoi l’homme en tant qu’homme devient davantage homme, "est" davantage. La Nation est en effet la grande communauté des hommes qui sont unis par des liens divers, mais surtout, précisément par la culture. La Nation existe "par" la culture et "pour" la culture, et elle est donc la grande éducatrice des hommes pour qu’ils puissent "être davantage" dans la communauté. Elle est cette communauté qui possède une histoire dépassant l’histoire de l’individu et de la famille. (…) Je suis fils d’une Nation qui a vécu les plus grandes expériences de l’histoire, que ses voisins ont condamnée à mort à plusieurs reprises, mais qui a survécu et qui est restée elle-même. Elle a conservé son identité, et elle a conservé, malgré les partitions et les occupations étrangères, sa souveraineté nationale, non en s’appuyant sur les ressources de la force physique, mais uniquement en s’appuyant sur sa culture. Cette culture s’est révélée en l’occurrence d’une puissance plus grande que toutes les autres forces. Ce que je dis ici concernant le droit de la nation au fondement de sa culture et de son avenir n’est donc l’écho d’aucun "nationalisme", mais il s’agit toujours d’un élément stable de l’expérience humaine et des perspectives humanistes du développement de l’homme. Il existe une souveraineté fondamentale de la société qui se manifeste dans la culture de la nation. Il s’agit de la souveraineté par laquelle, en même temps, l’homme est suprêmement souverain. »[4]

 


[1]. Jean-Paul II, Mémoire et Identité, éditions Flammarion, p. 76ss
[2]. Jean-Paul II, Mémoire et Identité, éditions Flammarion, p. 76ss
[3]. Jean-Paul II, Mémoire et Identité, éditions Flammarion, p. 76ss
[4]. Jean-Paul II, Discours à l'UNESCO, Paris, le 2 juin 1980

 

 

 

 

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1 Commentaire

  1. Pierre Decausses

    Il fait bon lire ce genre de textes. Ces notions si galvaudées sont magnifiquement revisitées par Jean-Paul II. Une telle lucidité et profondeur manquent parfois à tant de nos discours stéréotypés. Merci de nous les remettre à portée de main. Cela fait l'effet d'une brise légère. 

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