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Ces pépites d’or sont partout…

d'Apolline Bergier        07 août 2011

Roumanie (Deva), 2011.

Lorsque je pense à Béjan, j’aurais de nombreux visages à vous partager. Toutefois, il y a une petite merveille de six ans qui me vient particulièrement à l’esprit : Traian. Nous connaissons ce petit bonhomme aux yeux incroyablement beaux depuis quelques mois seulement.

Lorsque nous l’avons connu, il vivait avec sa grand-mère Maria, à qui nous rendons régulièrement visite. Traian était malheureux là-bas. Il ne voulait jamais y rester et nous réclamait toujours d’aller jouer dehors. Nous avons compris pourquoi lorsqu’un jour nous croisons Traian sur le chemin. Il rapporte chez sa grand-mère un gros bidon d’eau de cinq litres qu’il est allé chercher à la seule source d’eau courante de tout le quartier. Traian qui d’habitude veut toujours grimper dans nos bras et nous fait de grands sourires francs est, ce jour-là, triste et distant. Je trouve son visage complètement fermé. Lorsque nous entrons chez eux avec Delphine et Marie, nous découvrons Maria, complètement ivre, allongée sur son lit. Tandis que Marie tente de redonner à Traian son si beau sourire, en jouant dehors avec lui, Delphine et moi restons au chevet de Maria. Elle nous crie toute sa souffrance Celle de savoir son fils, Cresunel, arrêté et emprisonné pour vol. Maria nous parle comme elle le fait avec son petit-fils Traian de six ans. Et c’est ce même petit enfant qui l’aide à se relever et à aller de l’avant. Nous ne pouvons qu’être là auprès de cette femme blessée, gardant en tête l’image de Marie au pied de la Croix, debout auprès de son Fils. N’est-elle pas la plus belle image de compassion qui soit ?
Delphine a l’idée de lui proposer de l’accompagner au jugement qui doit avoir lieu trois jours plus tard. Ce qui lui redonne le moral.
Lorsque Martha et Delphine s’y sont rendues, elles ont compris que, pour obtenir la liberté de son fils Cresunel, Maria devait payer une amende de 800 Lei. (200 euros). Une somme incroyable pour elle qui vit au jour le jour avec très peu d’argent.
Son fils Cresunel est maintenant en maison de rééducation à Timisoara, à trois heures de Deva. Nous sommes allées lui rendre visite avec Martha il y a quelque temps. Là-bas, Cresunel suit des cours, cuisine, participe à des activités musicales et sportives et il s’y sent bien. Je me réjouis pour lui. Nous sommes sa seule visite, son seul contact extérieur. Ses frères et sœurs ne faisant rien pour lui actuellement. Il était tellement heureux que nous ayons fait toute cette route spécialement pour lui.

Quant à Traian, il vit maintenant chez sa mère, la sœur de Cresunel, toujours à Béjan. Il sourit de nouveau ! La dernière fois que nous l’avons vu, il était tout excité de nous présenter son petit frère de deux mois. Deux secondes plus tard, il me dit : « Tu esti Apoulina !! Ne jucam ? » « Toi, tu es Apoulina !! On joue ? » (Eh oui, depuis que j’ai atterri ici, j’ai hérité de surnoms qui me font bien rire : Apoulina, Napolina, Napolitana… Ce petit dernier est mon préféré.)
Voilà une petite merveille qui me montre à quel point la vie triomphe, même pour un enfant de six ans dont la courte vie est déjà bien marquée par la souffrance.

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