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« Encore un bonus et je m’arrête. »

de Louis d'Argenlieu    29 mars 2012
Métier – Paysagiste – Temps de lecture : 3 mn

Benoît de Font-Réaulx, ex-banquier de haut niveau à New-York puis à Paris, a tout lâché il y a quelques années pour revenir sur les bancs de l’école et commencer une nouvelle carrière comme paysagiste. Pourquoi une telle décision ? Serait-ce une décision idéologique, une fuite du monde ? L’expression moderne de l’élevage de chèvres dans le Larzac ? Un hobby de luxe ? Ou serait-ce une expression de la quête de la plénitude de l’Homme ? Explications.


Benoît de Font-Réaulx
 

Genèse d’une décision

Le goût pour le jardin n’est pas venu tout de suite, c’est un événement qui le déclenche : l’héritage de la maison familiale et de son grand jardin en 1988. Après avoir laborieusement collé des papiers peints pendant ses maigres vacances de banquier, il se tourne vers le jardin. A petite échelle, en plantant des arbres, des buissons, quelques fleurs. Très rapidement, en un an, c’est devenu une passion. A force de contempler, de lire, il en vient à donner quelques conseils. C’est une allée que des amis construisent sur ses conseils. Bien sûr parfois, ça butte un peu. Difficile de faire ces terrasses sans avoir plus de connaissances techniques. Pour aller plus loin, il faudrait une compétence et une légitimité. L’idée surgit : « et si je plaquais tout pour être paysagiste ? ».

La banque, un métier intéressant

Mais la banque est un métier intéressant et peu partageur. Par son expérience américaine, il a été recruté comme Senior Banker, c’est-à-dire point de contact entre les gros clients et la banque. Un métier difficile, qui requière du doigté, mais intéressant. Mais la fatigue est là. « Encore un bonus et je m’arrête ». Pas facile d’y renoncer. Le moment arrive où il faut prendre une décision : soit accepter un poste moins enthousiasmant pour avoir après un poste qui le serait plus, soit commencer l’école du paysage à Versailles. « Je n’ai toujours fait que des choses que j’aimais faire. »


Théâtere de verdure en Normandie

Un vrai travail

Au début, c’est sans avoir la véritable idée d’en faire un métier, c’est en « amateur averti » qu’il s’inscrit. Mais ce seront deux années très dures de travail. « Je n’ai pas été au cinéma pendant deux ans ». « Autant que cela serve », il plonge totalement dans ce nouvel univers. Petit à petit, un sentiment de légitimité l’envahit, les compétences aussi : Photoshop, coupes, dessin… Il s’attache uniquement à la conception et non à la réalisation. Il passe en général deux jours pour vivre chez les gens et contempler et ensuite rend son book six semaines plus tard. Et tout un travail de diplomatie pour mettre mari et femme d’accord…

Fécondité…

Cette coupe d’arbres qui libère la vue, cette terrasse dans le Cantal, à l’écouter vibrer en énonçant fièrement les fruits de son travail, on comprend que la passion qui l’anime dépassait le froid choix idéologique, dépassait le simple hobby et a pris sa racine dans quelque chose de plus grand.


Cascatelles

 

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