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Connaît-on vraiment son pays ?

Entretien avec Quentin Dor, jeune photographe belge       16 mai 2012
Propos recueillis par Steve Rotsaert

Quentin Dor, diplômé en Sciences Politiques et en Photographie, vit et travaille à Bruxelles. Il a exposé une série de photos ayant pour thème "Voyage en Wallonie". Il nous partage ici son périple et sa recherche de l'image.


© Quentin Dor
 

Quelle est l'origine du projet sur la Wallonie ?

Il s'agissait d'aller à la rencontre de paysages et d'une région qui m'attiraient. Mais aussi de sortir, de quitter la ville, d'aller prendre l'air, de chercher le silence. J'avais besoin d'une retraite – au sens religieux – et en même temps d'être dans un rapport actif avec l'environnement. Alors je me suis engagé dans ce projet comme dans une respiration. Aller en Wallonie, c'est prendre l'air c'est évident, que ce soit à Liège ou à Namur ! Car une retraite, ce sont aussi des lieux où se trouvent une cabane, une caravane… Oui, c'est le retrait, l'attente… Il y a une attente chez moi aussi et le fait de me dépayser ainsi m'a amené à travers la marche et la rencontre de personnes, à mieux me connaître moi-même. Ainsi le travail m'a permis à la fois de m'échapper mais aussi de me retrouver, c'est-à-dire de comprendre mes intentions dans la vie, ce que je veux.

Pourquoi avoir choisi cette région ?

La question est aussi : « Connaît-on vraiment son pays ? ». Moi, je comprends grâce à mes photos qu'il y a quelque chose de propre à la Wallonie. Peut-être qu'avant je le présageais, mais sans savoir exactement. Aujourd'hui, je peux dire qu'il y a une chaleur différente de celle des autres régions. Et c'est aussi cela mon pays ! Avec ce travail, je découvre ce territoire que j'ai exploré et qui m'a donné beaucoup de plaisir au fur et à mesure que je l'ai parcouru. La Wallonie, c'est la mobylette ! De ces découvertes est née une forme d'attachement…


© Quentin Dor

Les photos ont l'air d'avoir été faites comme si tu n'étais jamais très loin d'une route ?

J'aime bien ce que tu en dis, en effet cela correspond bien à mon travail. Au sens propre aussi, j'ai fait beaucoup de route en voiture. Les images sont alors comme un prétexte, lorsqu'une fois arrivé quelque part je cherche à rentrer en contact. Pour trouver les images qui m'intéressent, je me laisse guider par mon intuition, par une vision.

Et lorsqu'une rencontre se produit ?

Depuis toujours, je cherche à photographier les gens, comme si chaque jour j'avais besoin de voir un visage. Les Wallons m'ont permis de les prendres en photo facilement, naturellement. Ils étaient quasi flattés, voire « ravis » en règle générale. Ils n'avaient pas de problème avec leur image, mais plutôt un rapport aux choses assez simple : ils sont contents de ce qu'ils ont. Ils s'échappent facilement de leur quotidien pour profiter simplement. « On fait avec », sans être gêné d'être là.

Le site de Quentin Dor : Images Volantes


© Quentin Dor

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3 Commentaires

  1. Lucien

    Merci pour cette interviewe brève mais éloquente. J'y retrouve les gens de mon pays, les Wallons, qui ne sont ni fiers ni honteux. Seulement là. Et "là", c'est le lieu de l'humain et du Fils de l'homme. Merci pour ces photos, merci pour la transcription de l'interview,et merci à Point-Coeur d'être "là", où que "là" soit.