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Sur les traces des Missions en Amérique latine

de Marie Debacque    4 juillet 2012

Depuis le samedi 28 avril et jusqu’au dimanche 28 juillet est exposé à Buenos Aires un riche patrimoine de la vie culturelle missionnaire en Amérique Latine.


Sacristain de l'église de Sora Sora, Pérou © Archives Jésuites Zurich

La richesse de l’exposition tient particulièrement dans les 60 photographies de grand intérêt des Archives jésuites de Zurich (qui, pour la plupart, montrent des objets perdus, des bâtiments qui ont été transformés ou détruits depuis lors), photos réalisées par le jésuite suisse Félix Plattner et par le photographe suisse Alfred Lunte lors de leur voyage en 1957 dans les réductions (villages) jésuites-guaranis. Avec eux, nous redécouvrons une expérience sociale, culturelle et religieuse unique en son genre : les missions jésuites-guaranis.

Elles se développèrent dans la région frontalière entre l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay de 1609 à 1818. Elles furent l'un des épisodes les plus marquants de l’Histoire de l’humanité, où la culture native et la culture européenne s’unirent sans aucune violence, par la science et l’art. Les vestiges des réductions furent pour cela proclamés Patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.


Coupole de l'église de Jesús Maria, Córdoba © Archives Jésuites Zurich

La recherche de la « Terre Sans Mal » et la figure du « Karai » (prophète guarani) furent deux traits de la culture guarani que les jésuites surent utiliser pour transmettre l’Evangile. Les guaranis acceptèrent d’autant plus la présence des jésuites comme la garantie de la protection de la Couronne d’Espagne. Pendant un siècle, les réductions jésuites-guaranis connurent une formidable expansion malgré les épidémies et les affrontements contre les contrebandiers qui kidnappaient les guaranis pour les vendre comme esclaves. De 28 714 habitants en 1647, ils atteignirent 141 182 habitants en 1732. Les missions ont petit à petit disparu à partir de 1767, avec l’expulsion des jésuites par le nouveau roi d’Espagne, Carlos III.

Il est assez surprenant de voir qu’une petite poignée de 50 à 60 prêtres jésuites, sans aucune arme, purent partager et construire autant avec les guaranis par la valorisation de la beauté de la création, de la beauté de l’art et principalement de la musique. Il est intéressant de découvrir cette perle méconnue de l’Histoire, cachée bien souvent par le cliché d’une évangélisation des Amériques par la domination des peuples indigènes.

Cette exposition nous rappelle, par le témoignage photographique, que l’enrichissement mutuel provient d’un lent processus d’inculturation. En effet, cette « intime transformation des authentiques valeurs culturelles par leur intégration dans le christianisme et l’enracinement du christianisme dans les diverses cultures » (Jean-Paul II) passe par une attention à la culture de l’autre, à ses inclinations, à sa manière d’exprimer le Mystère et par un amour profond de la science et de l’art comme moyen d’expression et de relation avec le Créateur.
 


Eglise San Javier, Bolivie © Archives Jésuites Zurich

Exposition temporaire “Por las huellas misioneras en América Latina", du 28 avril au 28 juillet 2012, au Museo de Arte Hispanoamericano "Isaac Fernández Blanco", Buenos Aires (Argentine).

Photos de l’exposition sur facebook.

 

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