Home > Eglise > Béatification de Mgr Romero

Béatification de Mgr Romero

Ce samedi 23 mai a lieu la béatification de Monseigneur Romero comme martyr en haine de la foi. Le Salvador recevra une délégation de Rome pour fêter cet événement. Retour sur le motif de cette béatification.

L'Église a proclamé que Monseigneur Oscar Romero a été tué en haine de la foi. Que signifie exactement cette déclaration de martyr ?

« Le martyre consiste dans l'acceptation volontaire de la mort pour la foi au Christ ou pour tout autre acte de vertu rapporté à Dieu ». Telle est la définition du Dictionnaire Théologie Catholique (col 226).

Cette année, je vais m'offrir à Dieu 

Premièrement, le martyre reste bien la mort violente pour un témoignage de foi rendu au Christ, « Je ne me suis jamais posé en chef d’un peuple, car il n’y a qu’un chef : Jésus-Christ. Jésus est la source de l’espérance. » (Homélie du 28 août 1977), mais ce témoignage de foi prend la forme d'un témoignage d'amour dans le don total de sa vie, « jusqu'à l'extrême ».

A l’instar du Christ, si le martyre est une mort violente, il faut une acceptation volontaire qui fait de cette mort une vie donnée et non pas uniquement une vie ôtée.

« Cette année, je vais m'offrir à Dieu. Mon Dieu aidez-moi, préparez-moi. Vous êtes tout, je ne suis rien et pourtant, votre amour veut que je sois beaucoup. Courage ! Avec votre tout et mon rien nous ferons ce beaucoup ! » Ce sont là quelques notes de son journal de 1940, quelques mois avant son diaconat. Oscar Romero avait alors à peine 23 ans.

Et voici son testament, quatre semaines avant sa mort : « il me coûte d'accepter une mort violente qui dans ces circonstances est tout à fait possible, même le nonce du Costa Rica m'a mis en garde du danger imminent pour moi cette semaine. Père (Ascue) m'a encouragé en me disant que ma disposition doit être de donner ma vie pour Dieu quoi qu'il en soit. Les circonstances inconnues se vivront avec la grâce de Dieu. Il a assisté les martyrs et, si cela est nécessaire, je le sentirai très proche au moment de rendre mon dernier souffle. Mais plus précieux encore que le moment de la mort c'est de donner toute la vie et de vivre pour lui ! » Cela indique bien la décision intérieure du pasteur dont la devise épiscopale était : "Est, est" (oui, oui) en référence à Mathieu : « que votre oui soit oui ».

Il est temps d'obéir à votre conscience

Deuxièmement, au-delà de l’acceptation volontaire, il y a ce supplément « ou pour tout autre acte de vertu rapporté à Dieu ». Si nous regardons saint Jean-Baptiste la cause de son martyre est un acte de vertu posé pour la défense de la fidélité conjugale. Ainsi, la tradition accorde la notion de martyre pour des actes qui ne concernent pas directement et explicitement la seule confession de la foi au Christ devant ses persécuteurs.

Lors de l’homélie du 23 mars 1980, un jour avant son assassinat, Monseigneur Romero s’exprimait : « Je voudrais lancer tout spécialement un appel aux membres de l'armée, et concrètement aux hommes de troupe de la Garde Nationale, de la police et des casernes. Frères, vous êtes du même peuple que nous, vous tuez vos frères paysans. Devant l'ordre de tuer donné par un homme, c'est la loi de Dieu qui doit prévaloir, la loi qui dit: "Tu ne tueras point". Un soldat n'est pas obligé d'obéir à un ordre qui va contre la loi de Dieu. Une loi immorale, personne ne doit la respecter. Il est temps de revenir à votre conscience et d'obéir à votre conscience plutôt qu'à l'ordre du péché. L'Eglise qui défend les droits de Dieu, la loi de Dieu, la dignité humaine, la personne, l'Eglise ne peut se taire devant tant d'abomination. Nous voulons que le gouvernement prenne au sérieux le fait que les réformes ne servent à rien si elles sont tachées de tant de sang. Au nom de Dieu, au nom du peuple souffrant dont les lamentations montent jusqu'au ciel et sont chaque jour plus fortes, je vous en prie, je vous en supplie je vous l'ordonne au nom de Dieu : arrêtez la répression ! » C'est bien à cause de ses prises de positions courageuse au nom du Christ, contre les injustices, pour la défense des plus pauvres, au delà de toutes considérations idéologiques de quelque bord que ce soit, que Mgr Romero est mort. 

Pour ne pas dormir

Ce courage des faits et de la vérité, il le puise dans son union à Dieu comme en témoignent ces mots : « La prière est une force. Elle indique où se trouve l’origine de nos convictions, où est le but de notre pérégrination, d’où dérivent l’allégresse et l’espérance dans la douleur et dans la souffrance. La prière est la respiration de l’Église, c’est sa grande nécessité. Lorsque s’organise une journée de prières, nous ne faisons rien d’autre que de manifester la santé de cette Église qui peut respirer, qui respire, qui prie, qui sait que ce n’est pas sur la Terre que se trouve sa force, mais qu’elle la puise en Dieu. C’est une prière qui ne doit pas être un opium, qui ne doit pas endormir, une prière qui n’est pas conformiste, c’est la prière qui s’unit à Dieu. » (Homélie du 20 juillet 1979)

Vous aimerez aussi
El Salvador, entre foi ardente et gangs
Charles de Foucauld, le saint de Tamanrasset
Une naissance extraordinaire
Plénitude et pauvreté à la fois

1 Commentaire

  1. Denis Cardinaux

    Voir la participation de Points-Coeur à la cérémonie de béatification de Mgr Romero. « Pour moi, la béatification de Monseigneur Romero est un don très grand de Dieu et de l’Eglise, c’est aussi un défi très grand pour nous salvadoriens, un défi que Dieu d’une certaine manière nous lance pour édifier notre foi, nous purifiant de l’histoire. C’est un grand honneur et une grande fierté d’avoir un intercesseur salvadorien au ciel. » nous confiait Gabriela,  une amie salvadorienne du Point-Coeur. Lire l'article.