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l’archevêque d’Alep soutient l’intervention russe en Syrie

Après deux semaines d'intervention, l'armée russe déclarait hier avoir frappé plus de 86 cibles en 24 heures. Ces frappes ont visé les groupes islamistes et le Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda soutenue par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie).

La situation militaire en Syrie

Le chef-adjoint de l'état-major russe, le général Igor Makouchev a déclaré cette semaine : "Les avions russes ont fait 67 sorties depuis la base aérienne de Hmeimim (…) et bombardé 60 cibles terroristes dans les provinces de Raqa (est), Lattaquié (nord-ouest), Hama (centre), Idleb (nord-ouest) et Alep (nord-ouest)… Visés par les avions russes, les militants subissent de fortes pertes et sont obligés de changer de stratégie, de se disperser, de se camoufler soigneusement et de se cacher dans des localités (…) Nous avons détruit six postes de commandement et nœuds de communication, six entrepôts de munitions, 29 camps et bases d'entraînement de terroristes. 300 "terroristes" ont été tués lors de ces frappes (…) Dans ces conditions propices aux frappes efficaces, les forces armées russes continuent d'utiliser systématiquement l'aviation et intensifient les bombardements ».  

En même temps, Les Etats-Unis sont eux à la tête d'une coalition « anti-jihadistes » qui comprend plusieurs pays occidentaux comme le Royaume-Uni et la France, et qui mène des bombardements en Syrie depuis septembre 2014. Cette coalition a annoncé cette semaine avoir mené cinq frappes contre des positions de l'EI en Syrie et 20 autres en Irak.

Pris de court, Washington accuse Moscou de faire avant tout le jeu du président syrien Bachar el-Assad et prédit à l'armée russe de prochaines « pertes » humaines. Les Américains assistent surtout, impuissants, aux bombardements russes contre l'opposition syrienne « modérée », qu'ils tentaient vainement d'organiser et d’appuyer. Les Occidentaux sont dans l'impasse en Syrie face à la stratégie de Moscou. Depuis le début des frappes aériennes russes, qui se succèdent à un rythme effréné, et la démonstration de force navale de Moscou, à coups de missiles de croisière, la coalition internationale conduite par les Etats-Unis a comme perdu un peu la main dans le conflit syrien.

« Les Russes sont en train de créer une bulle au-dessus de la Syrie et de contester la suprématie aérienne qui était jusqu'ici celle des Occidentaux », estime Thomas Gomart, directeur de l'Institut français des relations internationales à Paris.

Finalement, chaque camp se bâtit sa « sphère d'influence », les Russes dans l'ouest de la Syrie où se trouve Bachar el-Assad, et les Occidentaux dans la partie orientale où ils vont poursuivre, voire intensifier, leurs frappes contre le groupe Etat islamique (EI). « Mais tout le monde reconnaît qu'on ne peut traiter la question de l'EI sans s'occuper plus largement de celle de la Syrie et que Russes et Occidentaux vont devoir coopérer », déclare Julien Barnes-Dacey, chercheur en politique et journaliste au Moyen-Orient. Mais cela ne montre-t-il pas que, finalement, le  problème de la Syrie n’est peut-être pas en Syrie même, mais ailleurs ?

(Sources : articles du média libanais Annahar 09/10/2015, 10/10/2015, 10/10/2015

Et les syriens, que disent-ils de l’intervention des russes ?

Voici le point de vue de l’Archevêque d’Alep, Monseigneur Jean-Clément Jeanbart, intérrogé par la télévision Suisse RTS le 8 octobre dernier. 

RTS : L’intervention russe, redonne-t-elle des espoirs aux chrétiens ?

Mgr Jeanbart : Oui effectivement. Et je l’ai constaté auprès de mes confrères évêques et prêtres mais aussi auprès des laïcs et j’ai vu des signes clairs de reprise de confiance et d’espoir chez beaucoup.

Vladimir Poutine défend des intérêts propres, des intérêts puissants, stratégiques. Est-ce qu’en même temps, selon vous, il sert les chrétiens ?

Oui, il sert les chrétiens. Est-ce qu’il le veut ou il ne le veut pas, je ne sais pas, mais finalement il a ses intérêts et nous ne sommes pas dupes, nous le voyons. Mais il faut reconnaître aussi qu’il est en train d’aider à résoudre un problème et nous sortir d’une situation inextricable.

La lutte contre le groupe de l’état islamique, selon vous, c’est la priorité absolue ?

C’est la priorité absolue parce qu’on ne peut pas avoir la liberté de s’exprimer, de dialoguer, de se rencontrer quand il y a des gens qui excluent les autres.

Que répondez-vous à ceux qui, comme le gouvernement français notament, disent : Assad a commis tant d’atrocités qu’on ne peut pas le préférer à toute autre force en Syrie aujourd’hui ?

Alors le gouvernement français est libre de dire ce qu’il veut, moi je ne suis pas un dictateur pour l’obliger à dire autre chose. Mais je ne vois pas pourquoi il a une position aussi extrémiste.

Le régime d’Assad a commis des atrocités. Est-ce qu’en dépit de ça vous considérez qu’il était mieux que la situation actuelle ?

Qu’il ait commis des atrocités je crois que c’est évident. Et peut-être que la guerre l’a obligé à le faire encore davantage. Qu’il ait été très dur avec les rebelles aussi… il s’agissait de vivre ou mourir. Ou bien il fait la guerre, ou bien il ne la fait pas.

Aujourd’hui vous êtes invité du Cercle international de la fondation pour Genève. C’est une nouvelle conférence sur la Syrie à Genève, elle a ses chances ?

Oui, certainement, avec tout ce qui ce passe maintenant, avec une certaine remise en ordre des choses, nous l'espérons beaucoup.

Propos retranscrits à partir de l'interview sur RTS
 

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