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Harry Belafonte : Noir n’était pas son métier, mais une réalité

A l’heure où de nombreux mouvements se font entendre, comme le plus récent « Noire n’est pas mon métier » sur les marches de Cannes 2018, il est bon de contempler l’oeuvre et la vie d’Harry Belafonte, qui n’a pas seulement dénoncé l’injustice et le ségrégationnisme, mais a encouragé d’autres artistes à utiliser leurs talents pour s’impliquer davantage à travers le monde.

Harry Belafonte à Vienne en 2011 (Source)

Harry Belafonte est né à Harlem, New York, en 1927. Il fut envoyé  très jeune en Jamaïque pour y grandir. La vie sur l’île devint un réservoir culturel dont il s’inspira plus tard pour son expression artistique.

Après avoir accompli son service dans la marine américaine, Harry Belafonte retourne à New York où il travaille comme concierge. Lorsqu’il reçoit deux billets pour l’« American Negro Theatre », le monde du septième art lui ouvre ses portes.

Il rejoint l’atelier dramatique de l’École de recherche sociale sous la tutelle du grand réalisateur allemand Erwin Piscator et a pour camarades de classe Marlon Brando, Walter Matthau, Rod Steiger et Tony Curtis.

Quelques mois plus tard, Belafonte se tourne vers la musique et signe un contrat d’enregistrement. En 1955, son troisième album, « Calypso », se vend à plus d’un million d’exemplaires.

« Il y a une chanson intitulée «The Banana Boat Song». Les paroles de cette chanson sont des déclarations sociales et le fait que les gens chantent cette chanson était pour moi un outil puissant. « The Banana Boat Song » parle des travailleurs de la plantation, de leur expérience de labeur de la terre et de la noblesse du travail. Le fait que l’univers ait trouvé cette chanson et ces paroles attirantes m’a été très encourageant ».

Harry Belafonte a consacré sa vie à unir les gens et à se battre pour des causes souvent considérées comme controversées. En 1960, il a été nommé par le président John F. Kennedy en tant que conseiller culturel du Corps de la paix, où il a servi durant 5 années.

Mais c’était la lutte pour les droits civiques aux États-Unis qui prévalait sur toutes ses actions. Sa recherche fervente de la justice l’a amené à s’engager longtemps et profondément dans ce mouvement.

« J’ai toujours été curieux au sujet des pauvres, des personnes privées de leurs droits. J’ai toujours été attiré par l’histoire et les inégalités de la condition sociale – les pauvres, les Noirs, les Juifs. Dans mes premières années, étant élevé dans la pauvreté et vivant de plein fouet le racisme, j’ai vu se développé en moi un instinct. Tout cela avait un impact sur ma vie et je ne pouvais pas le contrôler.  

Mes premières influences ont été des artistes qui ont utilisé leur don et leurs talents pour explorer les inégalités et influencer l’issue de la condition sociale. J’ai toujours été frappé par Charlie Chaplin, parce que c’était un gars qui prenait le sujet de la pauvreté, par exemple en traitant d’un pauvre clochard face au choc de l’animosité sociale, et il faisait cela avec un talent et un humour incroyable. Et son délire contre la pauvreté a attiré les spectateurs ; tous ceux qui l’ont vu ont vu un peu d’eux-mêmes dans ce qu’il a fait. 

Quand je suis allé voir des pièces de théâtre et des films et que j’ai vu des choses qui parlaient des conditions dans lesquelles nous vivions, je découvrais enfin le sens et la ligne conductrice de ma vie. Et une fois lancé dans le monde de l’art, j’ai développé un style d’expression pour dire quelque chose, dire quelque chose de valable, dire quelque chose qui aidait la condition sociale ».

Au début des années 50, Belafonte rencontre Martin Luther King. De ce jour jusqu’à l’assassinat du leader, Belafonte et King ont développé une amitié profonde et durable.

Perturbé par les événements cruels qui se déroulent en Afrique à cause de la guerre et de la famine, Harry Belafonte cherche pendant un certain temps à enregistrer une chanson avec les artistes les plus célèbres de l’industrie musicale de l’époque. Il prévoit de faire don des recettes à une nouvelle organisation appelée « USA pour l’Afrique ». La fondation à but non lucratif allait alors nourrir et soulager les personnes affamées en Afrique, en particulier en Ethiopie, où près d’un million de personnes sont mortes pendant la famine de 1983-1985.

En 1987, Belafonte accepte sa nomination en tant qu’ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF.

Au cours des dernières années, Belafonte a continué à se consacrer globalement aux questions civiles et des droits de l’homme, en particulier aux États-Unis et en Afrique du Sud. Ses relations personnelles étroites avec Nelson Mandela lui ont permis d’accueillir le grand leader tout au long de sa visite triomphale aux États-Unis.

« Une grande partie de ce que j’ai compris, en tant qu’activiste, a été apprise des artistes qui m’ont précédés et qui ont fortement influencés mes convictions. Paul Robeson a dit dans les premières années de mon enseignement: «Les artistes sont les gardiens de la vérité.» J’ai pensé que c’était un concept très lourd jusqu’à ce que j’examine ce qu’il disait et ai découvert qu’il y avait plus de validité dans cette idée que nulle part ailleurs. Les artistes traitent toujours des expériences de vie et parlent dans la forme choisie pour le bien-être de l’humanité. Écrivains et peintres, expressionnistes et chanteurs ont toujours creusé dans l’expérience humaine et ont toujours raconté des histoires de l’expérience humaine. De nos jours, grâce à la nouvelle technologie, les artistes ont la capacité d’avoir un rôle plus dominant dans la formation de la pensée sociale : et je profite pleinement de ce fait ! »

A voir : Le documentaire Sing your song, de Susanne Rostock.

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