Une fillette rayonnante, le profil d’un cacique soucieux du destin de son clan, le regard pénétré de ciel d’une vielle aux traits burinés par les éléments… Autant de portraits qui, parmi d’autres photographies de paysages, semblent en appeler à quelque lieu perdu en nous. C’est du moins le sentiment qu’on peut avoir en visitant l’exposition du Centre Culturel la Moneda de Santiago (Chili) consacrée à l’explorateur salésien, le Père Alberto Agostini.
Ce prêtre italien, né dans le piémont en 1883 quitte son pays à 26 ans pour se consacrer aux populations de Terre de Feu. Il mènera une mission d’exploration sans précédents à l’intérieur des terres et dans îles de l’archipel au cours de laquelle il escalade de nombreux sommets et se lie d’amitié avec les tribus autochtones. Auteur de 22 livres sur la Patagonie, de nombreuses photographies et de l’unique document cinématographique sur les populations indigènes, il meurt en Italie le 25 décembre 1960.
Sa mission doit beaucoup à son amitié avec Mgr José Fagnano auquel Don Bosco avait partagé sa préoccupation pour les peuples de Patagonie en 1870. Agostini écrit : « dans cet oubli général de tout sentiment humanitaires envers les malheureux indigènes qui, opprimés et incapables de faire valoir leurs droits, soufraient les angoisses de la mort, cet homme de grand cœur, ce prêtre magnanime, se mit inflexiblement à leurs côté pour les défendre et les protéger (…), il fit tout son possible pour mettre un frein à cette persécution et offrit un asile tranquille et sûr à ces pauvres indiens. » Mais la grande douleur de ces deux missionnaires est de n’avoir pu empêcher l’extinction des peuples pour lesquels ils se sont passionnément donnés.
Bien sûr, nous pouvons aborder l’héritage du Père de Agostini d’un point de vue scientifique ou identitaire. On peut encore le réserver aux amoureux des récits d’aventures. Mais il nous offre un enseignement plus important : c’est la fascination pour le mystère de ces contrées, attraction qui, sans doute, doit beaucoup à ces regards dont il a pu capter quelque chose sur ses photographies. Ses textes respirent de bienveillance et d’émerveillement pour les indigènes. Cette attitude qui tranche avec celle de beaucoup de ses contemporains était le fruit de ces longues années d’amitié avec eux. A travers ces images, dont certaines possèdent une qualité artistique indéniable, nous est transmis un engagement exemplaire pour la beauté d’une humanité fragilisée à l’extrême.
Informations et liens :
1. Ci-dessous, un extrait de la vidéo des films du Padre Agostini (espagnol et anglais) :
2. Voir les photos de l'exposition.
3. Lire en espagnol le prologue de Treinta años en tierra de Fuego du Père Alberto Agostini sur l’excellent site Memoria Chilena.
4. Lire en espagnol le chapitre sur les populations de Terre de Feu et leur sort. (Fichier de 5,8 Mb)