Photo témoignage le 3 mai 2011
« Nous étions sur la plage et nous jouions avec un groupe d'enfants gypsies. J'étais en train d'en faire tourner un dans les airs et son pied heurta un monsieur qui passait. D'un brusque mouvement de jambe, le monsieur repoussa l'enfant, puis il dit d'un ton méprisant : "Va donc jouer ailleurs". Il s'éloigna ensuite de quelques mètres, semblant chercher quelque chose.
Jardin de la miséricorde, 2009 © Jérome Helliet
Le petit garçon, quant à lui, sans doute habitué à être traité avec peu d'égards, se tourna vers moi, me sourit puis se jeta à nouveau sur moi pour que nous jouions. Quelques secondes après, voyant que le monsieur continuait à fouiller dans le sable, j'allais vers lui pour lui demander s'il avait perdu quelque chose. Il me répondit qu'il avait perdu ses clefs sur la plage quelques heures auparavant. Le petit garçon nous rejoignit alors et je lui expliquais en tamil (le monsieur ne parlait qu'anglais) ce qu'il se passait. Aussitôt, il ouvrit de grands yeux et s'exclama : "Mais il faut qu'il les retrouve ! Il va les retrouver, dis-lui qu'il va les retrouver !", puis il se mit à son tour à chercher fébrilement.
Le voyant fouiller dans le sable, le monsieur fronça les sourcils, me regarda et me demanda : "Que fait-il?" – "Je crois qu'il cherche vos clefs". Alors je vis les yeux du monsieur se remplir de larmes derrière ses lunettes. Ce petit garçon, à qui il avait parlé comme à un moins que rien, était en train de l'aider comme si le bien de ce monsieur avait une importance fondamentale pour lui.
A la question : "Suis-je le gardien de mon frère?" que Caïn adresse à Dieu dans la Bible, ce petit garçon à genoux dans le sable nous offrait la réponse de Dieu. Et le cœur de ce monsieur comme le mien en étaient bouleversés. »
Mars 2007, Audrey L. Chengalpett, Inde