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« Mystère de l’Ordinaire »

L’exposition « Mystery of the Ordinary » du photographe américain William Eggleston, à voir à l’espace C/O Berlin jusqu’au 4 mai 2023, nous donne d’entrer dans le regard du « photographe de la couleur », mais surtout aussi de l’ordinaire et de la banalité.

William Eggleston est né en 1939 à Memphis, Tennessee, où il vit encore aujourd’hui. La découverte des travaux du photographe américain Robert Frank, ainsi que le livre du photographe français Henri Cartier-Bresson, Le Moment décisif, éveillent en lui une passion pour la photographie. A partir de son environnement intime, sa maison et les rues de Memphis, la plantation familiale, la campagne du Tennessee, il se plonge dans l’exploration de son univers quotidien. Il est intéressé par la banalité de la réalité qui l’entoure. Il commence par travailler en noir et blanc, mais dès la fin des années 60, il découvre la puissance de la photographie en couleurs. A cette époque, la photographie d’art est restreinte aux images en noir et blanc et la couleur réservée à la publicité. William Eggleston établit alors en pionnier la photographie couleur comme un art à part entière, se démarquant ainsi nettement de ses confrères photographes. Depuis les années 1970, son œuvre a fait l’objet d’importantes expositions individuelles, à commencer par son exposition pionnière de 1976 au Museum of Modern Art de New York. Eggleston a reçu de nombreux prix prestigieux. Des œuvres de l’artiste se trouvent dans d’importantes collections de musées internationaux.

Lorsqu’on le voit sortir soudain son appareil photo, on se demande parfois ce qu’il a bien pu voir qui pût être digne d’être immortalisé, tant la réalité qui l’entoure à ce moment-là peut sembler dénuée d’intérêt… Et pourtant, lorsqu’on voit ses œuvres, on ne peut s’empêcher de s’émerveiller, de sourire parfois, mais surtout de se laisser éduquer par un regard qui sait voir l’extraordinaire en toute chose. Comme il le dit lui-même : « Les gens me demandent ce que je photographie. C’est toujours difficile pour moi de répondre à cette question. Il me semble que la meilleure des choses qui me soit venue à l’esprit à ce propos, c’est celle-ci : Je photographie la vie d’aujourd’hui. ». Sa femme rapporte ce qu’Eggleston lui a appris il y a longtemps : « Lorsque tu regardes une photographie, tu ne dois rien considérer comme acquis, évident. Le moindre détail a son importance. »

Alors qu’il est si tentant à l’heure d’aujourd’hui d’attendre des événements extraordinaires et de vivre pour eux, en divisant la réalité, il est bon de se mettre à l’école de personnes telles qu’Eggleston, d’entrer dans un regard qui sait percevoir l’extraordinaire dans la banalité du quotidien, dans les petites choses insignifiantes, un regard métaphysique qui voit, tout simplement. Et qui sait s’émerveiller comme un enfant… Ses photographies ne sont-elles pas une action de grâce pour ce qui est ?

 

 

A portrait of William Eggleston

 

 

 

The Outlands

 

 

Untitled 1965-74

 

 

Untitled. 1695-1968  fr. Los Alamos_ Beehive

 

 

Untitled c.1973

 

 

Untitled, 1980 fr. Louisianna Project hot-Sauce

 

 

Untitled, c. 1971–1974 © Eggleston Artistic Trust . Courtesy Eggleston Artistic Trust and David Zwirner

 

 

Untitled, 1971–1974 © Eggleston Artistic Trust. Courtesy Eggleston Artistic Trust and David Zwirner

 

Untitled, c. 1965–1968 © Eggleston Artistic Trust. Courtesy Eggleston Artistic Trust and David Zwirner

 

 

The Outlands, Selected Works (2022), published by David Zwirner Books

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