Salvador Velarde et Carolina Viale sont deux artistes péruviens ; l’un peint et l’autre chante. Il serait plus juste de dire : l’un regarde et l’autre écoute. Sans autre projet que celui de donner plein droit à ce qu’ils portaient au plus profond de leur cœur comme aspirations à la beauté, à la vérité, à la liberté, ils ont tout quitté pour suivre ces désirs les plus légitimes et les plus nécessaires. Et la fécondité de leur geste ne cesse de les surprendre…
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Lorsqu’en 1995 Salvador et Carolina décidèrent de quitter Lima pour aller vivre à Pachacamac au Sud de la capitale, leur idée semblait claire, mais comme pour toute décision importante, ils n’en saisissaient pas la portée ni toutes les conséquences. Une nécessité s’imposait : quitter la grande ville, le bruit, le désordre et la violence qui y règnent, chercher un lieu de paix et de solitude pour pouvoir se retrouver eux-mêmes, être attentifs aux mouvements de la vie et trouver les réponses justes à leurs aspirations. Installés sur le terrain qu’ils acquirent alors – sans électricité ni eau courante – ils plongèrent dans leur nouvelle vie, qui bien vite se révéla bonne, très bonne. Ils comprirent que l’expérience était irrévocable. Cette manière différente de vivre ne tarda pas à attirer de nombreux amis qui souvent leur rendaient visite.
Dans la simplicité et le quasi-dénuement de leur retraite, chaque petite chose devenait un événement, et leur regard se fit plus attentif, plus réceptif. Des enfants du village venaient chez eux à tout instant, visiblement laissés à eux-mêmes, sans horaires, sans école, attirés par ce que la magie du pinceau de Salvador faisait naître : les personnes connues, les paysages dans lesquels ils avaient toujours vécu se révélaient pleins d’une beauté nouvelle et jusqu’alors cachée. Lorsque Salvador les invita à prendre un pinceau, ils ne purent résister au désir de participer à ce miracle, et l’imitant, se mirent à dessiner et peindre, regardant avec un œil neuf ce qu’ils avaient toujours vu.
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Ayant auprès d’eux un maître qui les introduisait dans un nouveau regard, et mus par le plaisir de créer, certains persévérèrent et découvrirent la nécessité du travail, de l’application, de l’obéissance à l’objet contemplé pour participer à sa beauté et la donner à voir. Du dessin naquit le désir de modeler puis de sculpter ; l’harmonie des couleurs et le rythme des formes engendra celui de les proclamer par la musique et le chant, et la musique et le chant donnèrent aux corps eux-mêmes de participer à la joie de l’être, par la danse ! Ainsi naquit la Escuela Declara : de la simple attention de deux personnes à leurs vrais désirs. Aujourd’hui les premiers enfants ont grandi et transmettent à leur tour ce qu’ils ont appris, dans les écoles des villages voisins : non pas une technique, mais d’abord une attitude qui est une attention aux choses par l’écoute et le regard pour atteindre la beauté que recèle chaque être.
Voir le site (en espagnol) : Escuela Declara
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