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Bicentenaire du Salvador : invitation à un développement de la culture

d'Agnès Prévost       4 novembre 2011

Demain, le 5 novembre, le Salvador fêtera les 200 ans du premier cri d’indépendance qui fut plus ou moins au même moment que tous les mouvements d’indépendance en Amérique latine.

© Comision Nacilan Bicentenario

Un peu d’histoire : en 1811, dans tout le territoire de l’intendance de San Salvador du royaume de Guatemala (centre Amérique était un seul territoire dont Antigua Guatemala était la capitale) se réveillent d’intenses mobilisations populaires de révoltes contre les autorités espagnoles. Le mouvement fut dirigé par un groupe de « criollos » (Salvadoriens d’origine espagnole, avec parmi eux des hommes du clergé) qui ont réussi avec quelques difficultés (réticences du peuple qui avait un respect pour le roi) à développer le mouvement de révolte dans des quartiers et municipalités proches.

Les rebelles ont destitués les autorités espagnoles et ont nommé un nouveau gouvernement. Une dizaine d’années plus tard, ils réussiront à compléter le processus d’indépendance dont l’acte sera signé le 15 septembre 1821.

Le 25 février 2011, le secrétaire de la culture de la présidence (SECULTURA), le docteur Héctor Samour Canán disait lors du discours d’ouverture du bicentenaire : « Cette commémoration ne doit pas être seulement une date d’anniversaire à célébrer et à fêter, sinon une opportunité pour que nous tous les salvadoriens réfléchissions sur notre trajectoire historique, sur notre identité  actuelle, sur ce que nous sommes devenus durant ses 200 ans et sur le futur de notre pays que nous devons construire. »

En vue du bicentenaire, tout au long de l'année furent proposées de nombreuses activités civiques, artistiques et culturelles. Par exemple, des concours de photographie, peinture et théâtre ont été organisées. A la télévision, nous avons pu découvrir des petits programmes courts autour de l'histoire, la géographie et l'art du le Salvador.

Place du Sauveur du Monde © Points-Coeur

Nous avons aussi assisté peu à peu à la transformation et au renouvellement de la capitale avec des rénovations de monuments, de places, de jardins, des lieux obscurs illuminés, des peintures ornaient les murs et les piliers pour redonner de la beauté à la capitale. Celle-ci, envahie par les commerçants de rue et un trafic surabondant, avait fini par perdre sa tranquillité et sa sécurité. Toujours sur le plan culturel, il y aura l’inauguration de nouvelles salles au musée anthropologique, des présentations de livres, des concerts et surtout l’initiative de la recherche culturelle. Le Pape disait aux jeunes de Madrid en août dernier que la culture était un des composants de notre identité comme racine de notre être. En effet, elle nous construit, nous structure, nous nourrit, elle nous permet d’être lancés dans l’existence. Mettre la culture en valeur, le désir de la faire grandir ne peut-être que positif et bénéfique pour les Salvadoriens afin qu'ils expriment toujours mieux ce qu’ils sont, pour un approfondissement de leur identité propre.

Dans nos quartiers pauvres (notamment celui où est installé le Point-Cœur), le manque de culture pose un problème d’identification et fait du tort aux jeunes (beaucoup finissent par entrer dans les marras qui sont de vrais gangs en Amérique Centrale). « Le besoin d’identification est fondamental et on finit, si elle n’est pas donnée, par se donner soi-même une hypothèse de départ. L’enfant qui, à la question « Qui es-tu ? » n’a personne vers qui se tourner, personne à qui appartenir n’aura pas le moindre élément pour affronter le monde. Il ira donc chercher un succédané de signification à la télévision, dans la rue ou ailleurs s’il ne reçoit pas de sa famille, de sa communauté, de l’école… » (1) 

Le secrétaire de la culture invitait à un regard sur le passé, sur le présent et sur le futur comme pour «  reconnaitre sa culture, l’aimer, se l’approprier » mais aussi « poser sur elle un jugement (…) qui affirme : "Ceci est bon, ceci ne l’est pas, ceci doit grandir”. » (2)

Dans nos villages, nos quartiers, la culture tente de vivre et grandir. Il y a la présence de Maisons de la Culture avec quelques cours de guitare, de peinture et quelques expositions. A l’école, on enseigne les danses folkloriques, l’amour et le respect de la patrie par l’apprentissage de l’hymne national, la prière au drapeau… Il y a aussi tant de traditions religieuses magnifiques ! Il y a toujours une réelle recherche artistique et identitaire, dûe sûrement à une forte invasion de la culture de consommation américaine, du matérialisme croissant contre lequel il est difficile de lutter. L'effort du bicentenaire veut redonner tout son poids et sa valeur à la culture qui a façonnée depuis des générations le Salvador.

Cette année du Bicentenaire sera l’occasion pour le Salvador et les Salvadoriens de rechoisir une culture qui faisse « grandir l’homme, qu’elle corresponde aux aspirations les plus profondes du cœur de l’homme, qu’elle lui fasse donner le meilleur de lui-même, de ce qu’il est capable de donner. » (3)

Site du Bicentenaire

(1) (2) (3) Père Clément IMBERT, Culture et compassion (in D’un point cœur à l’autre, n° 59)  

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