Home > Sport > Marathon de New-York

Interview de Véronique Bonichon par Mélanie Delesalle       7 novembre 2011

Hier, c’est plus de 47 000 marathoniens qui ont pris le départ de Staten Island pour rejoindre Central Park après 42,195 km de course. Plus de cent pays étaient représentés pour cet évènement sportif de renommée mondiale qui a lieu chaque premier dimanche de novembre. Près de trois mille Français étaient au départ dont Véronique qui portait le dossard nº 57 051.

Marathon de New York : Verrazano Bridge cc-by Martineric

MD : Qu’est-ce qui fait que le marathon de New-York est unique en son genre ?

VB : C’est un rendez-vous sportif historique où se côtoient athlètes de haut niveau – parfois champions du monde ou olympiques  – et amateurs de tous âges et de toutes nationalités.

Il y a les professionnels pour qui ce Marathon est une compétition sportive (avec des trophées importants à la clé : 130 000 $ pour le vainqueur et 650 000 $ de primes au total distribuées), beaucoup de sportifs amateurs, et aussi d’autres comme moi, qui se prennent au jeu et ont envie d’essayer, voir s’ils sont capables de réaliser une telle épreuve.

Et puis c'est une vraie traversée de la ville avec ses majestueux paysages urbains, et  tous ses quartiers mythiques : 5 ponts, la cinquième avenue, Central Park. Les quartiers sont tellement différents ! On traverse dans la foulée le quartier polonais de Green Point à Brooklyn, le quartier juif de Williamsburg, le quartier Grec du Queens, East Harlem et ses latinos, le Bronx, et les quartiers huppés de l’Upper East et de South Central Park. Un vrai melting pot !

Ce marathon a une ambiance toute particulière.  C'est coloré, festif, convivial. Beaucoup d’animations et d’orchestres folkloriques tout au long du trajet (130 au total !). Sur quarante-deux kilomètres de course, on est soutenu tout du long par des spectateurs qui nous encouragent : plus de deux millions de spectateurs dans les rues de New-York et trois cents quinze millions de téléspectateurs. C’est incroyable !! Ca doit faire vraiment quelque chose !

 

MD : Comment est né ton désir de courir le marathon de New-York?

VB : Dès notre arrivée à New-York, nous savions que le marathon était un événement international à ne pas rater. Le marathon implique beaucoup de monde, ceux qui courent, bien sûr, les volontaires mais aussi tous les supporters ! C’est impressionnant de voir l’enthousiasme que cet évènement suscite !

Le jour du marathon nous sommes descendus en bas de notre immeuble pour encourager ces milliers de coureurs. La deuxième année, un de nos amis participait au marathon. Nous avions confectionné des banderoles et l’attendions le long du parcours. Au moment de son passage, c’était l’excitation ! Nombreux de ses amis et sa famille  étaient là pour l’encourager. C’est à ce moment-là que j’ai eu le déclic et me suis dit pourquoi pas moi ?

En mars dernier, j’ai validé mon inscription pour à mon tour participer à ce bel événement !

 

MD : Comment s’est passée ta préparation?

VB : Au départ, je ne suis pas une grande sportive. Il y a un an, je ne courais qu’une fois tous les quinze jours. A partir du moment ou j’ai validé mon inscription, j’ai commencé à courir plusieurs fois par semaine. Un ami m’avait aussi conseillé d’expérimenter au moins un semi-marathon pour me préparer et voir comment je réagissais a ce type de course. Le 24 juillet dernier en Lozère, j’ai fait avec une amie mon premier semi-marathon sur un parcours reconnu comme très difficile. Ce fut une super expérience, un vrai moment de bonheur ! Avec cette amie, nous avons couru à un rythme qui nous permettait de discuter et cette course fut un bon moment d’amitié.

Depuis le mois d’août, j’ai suivi un programme d’entrainement assidu de trois courses par semaine avec des sorties longues (courses de 2h/2h30) et des sorties plus courtes avec des courses fractionnées.

Finalement, ce qui est important dans les entrainements, c’est d’être régulier. C’est une vraie discipline, une ascèse. Cela demande beaucoup de rigueur, de fidélité, et de sacrifice.

Il faut toujours être tendu vers la finalité de cet entrainement : se préparer pour cette course de 42,195 km pour être en bonne forme physique, ne pas se faire mal le jour J.

Si l’entrainement physique est important, le mental et la volonté ont aussi beaucoup d’importance.

Au niveau alimentaire, je n’ai pas vraiment changé mes habitudes, sauf les quatre derniers jours avant la compétition où je mange beaucoup de pates. En revanche, j'ai complètement arrêté de boire de l’alcool depuis la mi-août.

 

MD : Pourquoi la course ? Après quoi coures-tu ? Pourquoi s’infliger un tel effort ?

VB : C’est le marathon qui m’a amenée à la course, plutôt que la course au marathon.

J’avais le désir d’aller au bout de moi-même, de voir de quoi j’étais capable, de repousser mes limites. C’est un défi que je me suis lancée.

La course est un sport facile qui n’est pas onéreux. On peut courir à peu près partout. C’est un bon moyen pour évacuer ses émotions, leur donner une direction, se réapproprier son corps. Physiquement, la récompense est tangible très rapidement. Apres quelques semaines de course, on se sent bien plus en forme, beaucoup mieux dans son corps. Il y a un vrai bonheur de courir qui compense la souffrance.

 

MD : Une épreuve en solitaire ou en équipe ?

VB : La course est un moment ou l’on se retrouve seul face à soi-même. Le marathonien est entouré par la foule mais il est seul face à son effort et doit trouver les ressources physiques et morales pour continuer à avancer.

La course est aussi un moment de partage. Que ce soit pendant les entrainements avec des amis, pendant la course où l’on discute quelques minutes avec d’autres participants qu’on ne reverra sans doute jamais.

Et si je suis arrivée là, c’est aussi grâce au soutien de nombreuses personnes qui étaient derrière moi ! Je pense à plusieurs amis marathoniens dont un qui fut mon « coach ». C’est lui qui m’a soumis un programme d’entrainement, m’a appelée de temps en temps pour m’encourager dans cette longue préparation. J’ai également eu un soutien énorme de ma famille. Ma fille ainée m’a accompagnée plusieurs fois pour courir, mon autre fille est parmi mes plus grandes supportrices, et mon mari a été un soutien inconditionnel !

 

MD : Et après ?

VB : J’aimerais continuer à courir régulièrement. Je prends tellement de plaisir à courir. Je me sens aussi beaucoup mieux physiquement. J’aimerais un jour réaliser le marathon de Paris avec mes amies parisiennes.

Vous aimerez aussi
Hommage à l’artiste Christo
Morgan O’Kane, son Banjo, les rues de New York.
Trans-chirurgie : « J’ai l’impression d’avoir gâché ma vie ». Témoignage de Nathanaël
La Naprotechnologie : une révolution dans le domaine de la fertilité ?