Depuis 1979, de jeunes artistes s’approprient divers espaces publics de la ville de Quito, Equateur, pour exposer librement leurs créations et socialiser l’art. Le parc El Ejido est l’un de ces lieux, ils sont aujourd’hui près de trois cents artistes à y exposer. L’un d’eux, Daniel Reinoso, est devenu un ami du Point-Cœur d’Equateur. Katherine Infantine et Paul-Emmanuel Bigo l’ont rencontré :
©Daniel Reinoso
Comment as-tu appris à peindre ? As-tu reçu une formation ? As-tu eu un maître qui t’a enseigné ?
C’est tout un processus. J’ai d’abord appris il y a une douzaine d’années à polir la peinture. Enfant je savais dessiner. Mon père est artiste mais il ne m’a jamais influencé jusqu’au jour où j’ai décidé de m’engager dans la peinture. J’ai étudié le dessin graphique à l’université où j’ai appris certaines choses. Mon père m’a appris le reste. Mais ensuite, j’ai du tout découvrir moi-même en travaillant jour après jour à l’atelier, en essayant des choses différentes, nouvelles.
Quel style caractérise ta peinture ? Pourquoi as-tu choisi cette manière de peindre ?
Le style est impressionniste, je travaille l’huile avec une spatule et de temps en temps le pinceau ou la broche… J’ai choisi cette technique là parce qu’elle est très expressive. Mon père travaille aussi comme ça, il m’a appris par sa maturité et son expérience.
Aujourd’hui, qu’est-ce qui te pousse à peindre ? Qu’est-ce qui t’inspire ? Que veux-tu transmettre à travers tes toiles ?
Dans la peinture, on évolue beaucoup au cours des années. J’ai eu différents styles et processus. Aujourd’hui, je travaille beaucoup sur la nature, des paysages andins, des glaciers, des montagnes avec presque chaque fois la présence d’un berger. C’est tellement nous ! Par exemple, je peins le Chimborazo[1] avec un berger et ses brebis… Ces paysages transmettent la paix, l’harmonie, la simplicité… Ca donne envie de voler !
Qu’est-ce qui te fascine tant dans l’indigénisme ?
J’aime l’amour du peuple andin pour sa terre, pour la nature, j’aime le contact direct qu’ils ont avec elle. J’aime leur manière de vivre, leur simplicité, leur joie malgré la dureté de la vie. Dans des conditions précaires, ils vivent un jour après l’autre dans une certaine pureté, comme protégés de toute contamination.
En tant que peintre équatorien, que penses-tu de Guayasamín ? Que t’a-t-il appris ?
C’est un grand artiste, engagé et donné à son travail. Son œuvre est pleine d’un message et d’une grande maturité. J’ai appris à mettre des mots et à peindre ce qui est « à nous », de notre terre. Il m’a aussi appris par sa façon de manier la couleur.
En tant qu’artiste qu’est-ce qui t’aide à être fidèle à ta vocation ?
L’amour que j’ai pour elle, la discipline à me donner jour après jour et la grande responsabilité que génère une telle vocation.
©Daniel Reinoso
Tu as acquis un style, tu peins beaucoup de paysages andins… Maintenant comment vois-tu le futur ? Qu’espères-tu ? Que cherches-tu ?
Il y a des clients qui me disent que mon œuvre parle et c’est toujours mon but. Je veux que les gens soient touchés par mon travail. Plus qu’un concept, je veux qu’ils aient un vrai contact, un contact intime avec la toile. Je cherche cela : que ma peinture parle, qu’elle puisse toucher le cœur de quelqu’un, qu’elle fasse vibrer, rire, pleurer, se souvenir ou donner de l’espérance, de la paix. Mon futur sera toujours dans mon atelier, travaillant pour laisser le meilleur de moi-même et vivre intensément.