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Georgia o’Keeffe : une femme libre, très libre

La Fondation Beyeler à Bâle vient de présenter une grande rétrospective consacrée à la peintre Georgia O’Keeffe (1887-1986), personnalité majeure de l’art moderne américain. L’exposition vise à mettre en lumière la manière gratuite et toute personnelle qu’avait Georgia O’Keeffe de contempler son environnement et de le traduire en images originales et inédites. O’Keeffe est particulièrement connue pour ses fleurs peintes en grand format, d’une modernité déroutante.

 

Georgia O’Keeffe (Photo : Wikipedia)

 

« Chacun a sa propre relation avec une fleur. L’un tend la main pour la toucher. L’autre se penche en avant pour la sentir, ou la toucher du bout des lèvres presque sans réfléchir. Un autre encore l’offre à quelqu’un pour lui faire plaisir. Il est rare que l’on prenne le temps de vraiment regarder une fleur. J’ai peint ce que chaque fleur représente pour moi, et je l’ai peinte suffisamment grande pour que les autres la voient telle que je la vois. » [1]Georgia O’Keeffe dans le catalogue de son exposition à la The Intimate Gallery, New York, 1926

 

Georgia O’Keeffe – Oriental Poppies, 1927

 

Le regard unique de l’artiste, rempli d’émerveillement envers la nature, fait de Georgia O’Keeffe la peintre de paysages la plus importante et la plus fascinante du XXe siècle.

« Je ne sais pas ce qu’il y a dans ce paysage – il me prend aux entrailles – Que je me tienne debout, ici, sur ce toit – en train de regarder l’Etoile du berger et la silhouette noire et ciselée de la mesa qui se découpe devant les dernières lueurs du coucher du soleil – ou que je conduise dans la lumière du matin comme aujourd’hui – Et ce que j’essaie de peindre n’est nécessairement qu’une infime partie de ce tout. » [2]Georgia O’Keeffe dans une lettre à Alfred Stieglitz, Santa Fe, New Mexico, 14 août 1930

 

Georgia O’Keeffe – White Iris No. 7, 1957

 

Née en 1887, elle grandit dans la ferme laitière de ses parents au Wisconsin et très tôt, elle est attirée par la nature qui l’entoure. Dès son plus jeune âge, elle suit des cours d’art et se distingue par son talent et sa créativité. Puis elle étudie l’art dans différentes villes des Etats-Unis, tout en faisant peu à peu la connaissance d’un petit cercle d’avant-gardistes gravitant autour d’Alfred Stieglitz, photographe et galeriste établi à New York. Celui-ci deviendra plus tard son époux. De longs séjours dans des environnements ruraux seront déterminants pour sa vie et sa carrière d’artiste : tout d’abord Lake George, dans l’État de New York, puis le Nouveau-Mexique, où elle séjourne régulièrement à partir de 1929, avant de s’y installer définitivement vers la fin des années 40.

 

Georgia O’Keeffe – Automne Trees-The Maple, 1924

 

O’Keeffe est une artiste incroyablement libre, très à l’avant-garde. Encouragée par Stieglitz, elle ose une peinture très personnelle, audacieuse.

« J’ai grandi assez normalement, comme tout le monde, et un jour, il y a sept ans, je me suis dit – je ne peux pas vivre où je veux – je ne peux pas aller où je veux – je ne peux pas faire ce que je veux – je ne peux même pas dire ce que je veux-. L’école et ce que les peintres m’ont appris m’empêchent même de peindre comme je le voudrais. J’ai décidé que je serais bien folle si je n’exprimais pas au moins ce que je voulais en peignant, alors qu’il me semblait que c’était la seule chose que je pouvais faire qui ne concernait personne d’autre que moi-même – ce qui ne regardait personne, mais était exclusivement mon affaire. » [3]Georgia O’Keeffe dans la brochure de son exposition aux Anderson Galleries, New York, 1923

 

Georgia O’Keeffe – Lake George – Autumn, 1922

 

De sa contemplation de la nature et des paysages naissent des représentations tantôt à la limite de l’abstraction, tantôt très fidèles à la réalité.
« C’est surprenant pour moi de voir que de nombreuses personnes font la distinction entre l’abstrait et le figuratif. La peinture figurative n’est pas une bonne peinture à moins d’être une bonne peinture dans le sens abstrait. Une colline ou un arbre ne peuvent pas faire une bonne peinture simplement parce que ce sont une colline ou un arbre. Ce sont les lignes et les couleurs mises ensemble que veulent dire quelque chose. Pour moi, ce sont les fondements de la peinture. L’abstraction est souvent une forme définie à partir d’une chose intangible dans mon esprit, que je peux seulement clarifier en peinture. » [4]Georgia O’Keeffe, 1924/1976

 

Georgia O’Keeffe – Trees in Autumn, 1920/1921

 

A la fin de sa vie, passionnée par les paysages intacts et sauvages de la région, elle s’installe au Nouveau-Mexique dans une vieille ferme abandonnée qu’elle rénove et transforme en atelier. Elle y mène une vie alternant entre la solitude, qu’elle affectionne particulièrement, et l’accueil régulier d’amis, qui séjournent alors durant plusieurs semaines chez elle, et avec lesquels elle entretient de vifs échanges artistiques et amicaux. A un âge déjà avancé, elle entreprend également de nombreux voyages aux Etats-Unis ainsi qu’à l’étranger, en Europe, en Amérique du Sud, en Asie…

Georgia o’Keeffe ne laisse donc pas seulement derrière elle un très bel héritage artistique, mais aussi le souvenir d’une femme libre, très libre..

References

References
1 Georgia O’Keeffe dans le catalogue de son exposition à la The Intimate Gallery, New York, 1926
2 Georgia O’Keeffe dans une lettre à Alfred Stieglitz, Santa Fe, New Mexico, 14 août 1930
3 Georgia O’Keeffe dans la brochure de son exposition aux Anderson Galleries, New York, 1923
4 Georgia O’Keeffe, 1924/1976
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