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Etre jeune au Vietnam : de 1987 à 2011

Le Vietnam, fort de ses 90 millions d'habitants, est un pays qui bouillonne et se renouvelle sans cesse. Marqué, tout au long de son histoire, par de multiples invasions (Chine, Japon, France, USA), le pays acquière son indépendance en 1975 et ferme ses frontières. Des vagues de migrants quittent le pays (4 à 5 millions veulent rejoindre les USA dont 2 millions périront en mer). Cet exil se prolonge jusqu'en 1989 avec les boat people rejoignant les trop célèbres camps de réfugiés puis des destinations plus lointaines.


CC BY No Dust

Notre ami Thuan distille avec pudeur les événements qui ont marqués sa vie:

"Je suis né en 1965 dans une famille du Nord Vietnam. En 1975, lors de la réunification du Nord et du Sud, les frontières se ferment. Mon père étant militaire français, je n'ai pas eu la possibilité d'entrer à l'université après le bac. Il m'a été proposé de rejoindre une école militaire en Russie pour devenir officier de l'armée vietnamienne, comme pour effacer le passé de mon père. La proposition était bien attrayante: me former pendant cinq ans, puis servir ma patrie quelques années et changer ensuite de voie. Mais rejoindre la Russie voulait dire nier ma foi. Impensable ! j'ai refusé. Mon avenir semblait restreint : rester au village derrière la charrue et le bœuf ou quitter le Nord pour le Sud. Je suis donc parti, sans rien dire à mes parents. A cette période il fallait demander la permission aux autorités pour circuler dans le pays. Clandestinement, j'ai quitté le Nord. Puis à 22 ans, je me suis risqué à partir en boat-people. Après une traversée éprouvante, nous sommes arrivés sains et saufs aux Philippines, alors que le bateau parti le lendemain avec 97 personnes n'est arrivé qu'avec 33 rescapés au camp de réfugiés. De là, j'ai attendu sept mois avant d'être accueilli en France comme réfugié politique. 17 années après, de retour au Vietnam, je réapprivoise mon pays qui a bien changé.

Quelle force a poussé Thuan à se risquer ainsi? Sa réponse est comme un cri: "trouver la liberté!" Cette même quête de liberté, il la retrouve chez les jeunes d'aujourd'hui auxquels il se dévoue et qui sont l'espérance du pays. L'ouverture des années 90 a provoqué de grands bouleversements dont une augmentation du taux de natalité. 20 ans après, ce sont des millions de jeunes (plus de 20 % de la population) qui dynamisent la société et envahissent le marché du travail. Or, le pays souffre terriblement d'un manque de structures de formations professionnelles, essentiellement dû à un trop faible investissement public dans l'enseignement universitaire. Près de 80% des 20-24 ans sont sur le marché du tavail et n'ont aucune qualification[1]. Au mois de novembre, le projet de loi sur l'enseignement supérieur a été un des sujets prioritaires de la 2e session de la XIIIe législature de l'Assemblée nationale. Objectif : favoriser les activités des universités pour relever leur qualité de formation au service de l'œuvre d'industrialisation et de modernisation du pays[2]. Ce renforcement des ressources humaines est indispensable pour le développement d'un pays. Le Vietnam, en pleine expansion, ne peut en faire l'économie. Le réel investissement des jeunes pour cet essor dépendra du souci que le gouvernement leur portera. Cette reconnaissance est un pas sur ce chemin de liberté.


[1] Philippe Papin, Vivre avec les vietnamiens, éd. l'Archipel, sept 2010
[2] Article "Université : plus d'autonomie, plus de qualité – 18/11/2011" dans Le Courrier du Vietnam

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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