Succès économique imposant, attachement des salariés et valeurs profondes de ses gérants, autant d’éléments qui font du n° 1 mondial du pneu un exemple d’intégration de la foi de ses dirigeants et leur esprit d’entreprenariat. Trois clés pour comprendre Michelin.
Avec des hommes…
En 1890, Edouard Michelin, visitait l’industrie familiale de Clermont Ferrand au bord de la faillite. Il surprend alors deux ouvriers en train de faire bouillir du bois de cormier dans un jardin en vue de fabriquer des dents d’engrenage. Malgré une interdiction, ils fabriquaient ces éléments en cachette afin de diminuer les coûts, car selon eux, les acheter « en ville » n’aurait pas été « bon pour la maison ».
L’artiste peintre, lauréat des Beaux-Arts de Paris, disciple de Bouguereau, s’exclame alors : « Avec des hommes comme cela, on peut faire des grandes choses ». Laissant aussitôt la carrière à laquelle il se destinait, il épouse ce nouveau destin. Cet événement fondateur restera révélateur de l’âme de l’entreprise : « Les racines auvergnates de Michelin se sont répandues dans le monde entier : le souci du client, le souci de l’avenir de la maison et ce bon sens qui méprise l’autorité quand elle ne fait pas son boulot. »[1]
« Devenez ce que vous êtes »
« Ce qui fait la force de la maison ? Le souci des hommes ».
Marius Mignol, simple ouvrier typographe est repéré par Edouard Michelin. Il sera propulsé à la recherche et deviendra l’inventeur en 1941 du pneu radial qui a révolutionné l’industrie. « Je ne connais personne qui ne soit pas heureux de faire du beau travail, [explique François Michelin], la joie de tout homme est de réussir quelque chose. » En effet, c’est seulement en donnant ce qu’il porte en soi que l’homme peut rencontrer satisfaction. Cette recherche des talents, de la place de chacun est une des bases du succès de Michelin.
Au service du client
« Dans l’entreprise, le client est à l’origine et à la fin de toute chose. » Ce n’est pas seulement un slogan, c’est une réalité très concrète : ce pneu radial sera une avancée révolutionnaire qui multiplie l’autonomie par trois. Mais très vite l’invention va rencontrer une forte opposition : « Gagner en autonomie, ne serais-ce pas vendre moins ? » Le responsable d’alors, après s’être rendu compte lui-même qu’il gagnait une demi-heure dans le trajet entre Clermont et le Jura, prend la décision à hauts risques de lancer le radial, pour le bien du client.
Cette conscience de la mission de l’entreprise d’être au service du client aura des répercussions fécondes car c’est le pneu radial qui permettra à Michelin de devenir numéro un mondial.
Cette Foi qui anime François Michelin, cette Foi incarnée semble donner vie, semble redonner pleinement sens à la vie concrète de l’entreprise, le goût pour l’innovation, la confiance dans les personnes humaines, la possibilité de s’étonner, d’affronter les problèmes.[2] C’est bien elle qui lui permet de « se diriger avec plus de naturel jusqu’à la racine de l’homme ».
Sans doute réside là le secret ultime de Michelin : « Car finalement, à quoi servent les énergies consacrées à organiser la vie de la société, la vie des entreprises, la vie des étudiants, la vie des clubs et des associations, celle des nations entre elles ? Si elles contribuent à aider chacun de nous à devenir ce qu’il est, elles accomplissent leur raison d’être. C’est peut-être ici que se trouve la raison profonde du lien vivant tissé depuis 120 ans entre une aventure industrielle et la quête du sens de la vie.”[3]
Pour aller plus loin :
– Le monde selon Michelin, reportage de France 3, 2011
– Et pourquoi pas ? Entretien avec François Michelin, Ivan Levaï, Yves Mesarovitch, François Michelin, Editions Grasset, 2002
[1] Discours de départ de la gérance de M. François Michelin cité dans Le monde selon Michelin, reportage de France 3, 2011, 2/2, 40’53''
[2] Maite Barea commente : « Pour la pensée moderne dualiste, […] le fait que l’expérience chrétienne rende humaine la vie de l’entreprise, des relations des employés avec leur chef, augmente le goût pour l’innovation, permette de vivre dans un émerveillement et une attention devant ce qui existe, permette la possibilité d’affronter la réalité d’une façon plus intelligente et heureuse, c’est quelque chose d’un autre monde. »
Prologue de l’édition espagnole d’Et pourquoi Pas ? par Maite Barea, p. 16. Empresa y Responsabilidad, Conversaciones con Ivan Levaï e Yves Mesarovitch, François Michelin, Encuentro Ediciones, 1999
[3] Homélie du P. Etienne Michelin pour les obsèques de Mme Cécile Michelin, 24'55"
Je serai curieux de savoir l'indépendance du rédacteur de l'article avec la firme Michelin! Il travaille pour la communication du groupe non ?? Cet article est du cirage de pompe sans aucun recul!
Sans même faire beaucoup de recherches, on se rend compte que Michelin a des beaux discours mais fonctionne comme toutes les entreprises du CAC 40.
En 2008, Michelin a été condamné pour avoir licencié un salarié qui avait osé critiquer l’entreprise sur internet.
En 2009, Michelin a été condamné suite à un décès de cancer dû à l’amiante et condamné pour discrimination syndicale
Toujours en 2009, suite à 5 suicides dans l’entreprise, les syndicats ont dénoncé les pratiques de pression et le harcèlement moral exercé sur les employés.
En 2010, un milliard de bénéfice net pour le groupe Michelin 78% d'augmentation du dividende versé aux actionnaires et 0,2% d’augmentation aux salariés.
Certes François Michelin était un chrétien pratiquant dans sa vie personnelle mais de là, à vouloir faire de l'entreprise Michelin un modèle d'application de la doctrine sociale, c'est un peu fort!
"Toute une région du Tamil Nadu est actuellement mobilisée contre l’implantation d’une usine Michelin, ruinant la survie de milliers de villageois. Toute la population, hommes et femmes, s’est mobilisée. Il y a eu plusieurs grèves de la faim. Des militants ont été mis en prison.
Nous vous demandons de diffuser largement cet appel à signatures et de nous adresser votre signature à :
http://www.petitionpublique.fr/PeticaoVer.aspx?pi=P2012N18922
L’annulation de ce projet de construction d'une usine Michelin à Thervoy Kandigai
la restitution des terres aux villageois
l'indemnisation des villageois pour les terres détruites
la libération des 8 emprisonnés, l'amnistie pour les 61 en attente de jugement et l'arrêt de toute violence contre la population !"