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Maintenant, je sais que je suis aimé

de Marianne Phillibert        28 janvier 2012
Volontaire Points-Cœur en Allemagne (Berlin)

Anecdotes – Temps de lecture : 3 mn

Tous les vendredis après-midi, nous visitons les personnes hospitalisées dans deux services d’un hôpital berlinois. La soif d’une présence y est souvent à nu et si les souffrances physiques y sont plutôt bien soulagées, celles liées à la solitude et au manque de sens se font plus dures encore.

Il y avait cette dame qui ne cessait de répéter “j’étouffe, j’étouffe”, et qui nous suppliait de ne plus partir. Et elle ajoutait “il n’y a personne ici, personne”. Pas de famille, pas d’amis qui viennent la visiter ; personne qui ne soit vraiment là pour elle, qui la regarde. Cette petite phrase revient souvent dans la bouche des personnes que nous visitons, comme si elles criaient après une Présence plus grande. Elle feuilletait son carnet d’adresses à la recherche de personnes à appeler, mais chacun des appels se terminaient par un refus. Nous restâmes un long moment avec elle et nous fûmes les premières surprises quand elle accepta finalement que nous partions, en nous remerciant tant de fois.

Ou cette autre dame qui au moment de lui dire au revoir, après une visite joyeuse, s’émeut, devient tout à coup triste et me dit “je vous en prie, venez me voir chez moi, personne ne vient…“

Il y a aussi des rencontres qui nous illuminent, comme celle de cette vieille dame qui se remettait d’un A.V.C. et d’une paralysie gênante pour parler et qui remerciait Dieu de cette épreuve parce qu’ “elle a appris à se taire et aussi à parler quand il le faut sans honte”. Elle était rayonnante et apaisante.

Et puis, nous rencontrons aussi ceux qui n’ont plus l’usage des mots pour crier leur soif, les personnes démentes. Ce sont peut être celles qui acceptent le mieux notre pauvre présence. Je me souviens d’une visite sans aucun mot, et beaucoup de regards à une femme, qui au moment où je lui demandais si je devais finalement rester, ne sachant pas très bien si je l’ennuyais, me fit juste signe de m’asseoir sur le lit près d’elle…

Je pense souvent ici au discours du renard de St-Exupéry au Petit Prince sur le temps et l’importance “d’apprivoiser” ses amis, tant cela illustre bien notre mission.

Il y a toutefois des amitiés qui naissent avec simplicité lorsque les cœurs sont plus assoiffés que d’autres… T. fait partie de ces personnes, de ces cœurs de pauvres. Rencontré par hasard à l’hôpital par père Jean-Marie, où il fit plusieurs séjours en psychiatrie, il a accueilli très rapidement notre amitié avec chaleur et simplicité. Il est peintre, et ses peintures reflètent toute la souffrance de son histoire personnelle. Son être exprime toute cette douleur, et sa grande fragilité nous laisse sans défenses. Plus encore, sa foi, la certitude qu’il a d’être aimé par Un plus Grand que lui, par une Mère nous émerveillent. Une petite icône de la Vierge Marie ne le quitte plus et il La serre sur son cœur lorsque les crises d’angoisse reviennent. Dernièrement, il avait comme disparu, lui, qui venait si souvent chez nous. Après de longues semaines, et n’ayant plus de moyens de le contacter, Marie-Liesse et moi sommes finalement allées chez lui. Il n’y avait personne et nous laissions un petit mot dans sa boîte aux lettres. Il le trouva en rentrant de sa thérapie et nous expliqua ensuite qu’il avait à nouveau plongé dans les addictions, mais qu’une soudaine rage de dents lui fit prendre conscience qu’il devait aller à l’hôpital. En rentrant, il trouva notre mot, et réalisa qu’il y avait des gens qui tenaient à lui. Nous avons célébré Noël avec lui ; quelle reconnaissance il nous a exprimé, quelle joie ! Et il ne cessait de dire “c’est la première fois que j’arrive à arrêter sans l’hôpital, parce que maintenant je sais que je suis aimé”.

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1 Commentaire

  1. martine et manu

    je suis emerviellier part se commentaire moi qui est travail avec ses personnes j'ai toujour dit que l'on pouvez apprendre les personnes agèes son une richesse de savoir , elle ne son pas demente si tu a de la patience de l'amour au fond de ton coeur tu fait des miracles car tu arrive seresse un instant a capter leur attentions regarde bien la personne son agees vas la voir en chantant une chanssons de son epoque et tu la verras patir elle va chanter et si tu a de la chance elle te diras des secrets ses mervielle se que l'on peu faire avec amour elle son seul le vieux sa interesse personnes ses domages tendre la main ecouter un sourire sa coute rien moi on ma dit pour quoi tu gentille  j'ai repondu j'aime mon travail j'aime ecouter j'aime mon dieu qui ma donner la force d''aimer les autres martine angles