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« Pourquoi la littérature ? »

C’est ainsi que s’interrogeait l’écrivain Claudius Portugal  en conclusion de la table ronde organisée à l’Instituto Feminio da Bahia[1] le 7 mars dernier sous le titre « Regards poétiques : cinq femmes baihanaises ».


© Points-Coeur

Cet évènement réunissait cinq écrivains, toutes femmes d’âges et d’origines bien différentes. M. Portugal, lui-même écrivain et éditeur,  modérateur de la soirée, a lancé le débat par cette question :  « comment êtes-vous arrivées à écrire ? ». Les réponses ont toutes fait appel à l’enfance, au terroir. Mirella Marcia Longo affirma par exemple : « Je crois que la première émotion poétique que j’ai pu vivre et qui m’a poussée à écrire fut l’expérience que mon père me fit faire faire du silence.» La plus jeune d’entre elles, Mariana Paiva, raconta comment à l’âge de six ans, elle vit entrer dans sa classe d’école Mabel Velloso, présente elle aussi à la table ronde, qui récita aux enfants un poème. Ce désir d’écrire la poursuivit depuis lors, désir qu’elle formula très tôt ainsi : « j’aimerais pouvoir faire naître chez les autres cette même émotion.»

Mabel Velloso, issue d’une grande famille d’artistes et soeur des deux chanteurs et compositeurs  Caetano Velloso et Maria Bethania[2] confessait pour sa part : « Dans mes poèmes, il y a toujours en arrière-fond les rues de Santo Amaro, mon village natal ». Elle dédie aujourd’hui une bonne partie de son temps à raconter des histoires aux enfants, à les éveiller à l’écriture et à la poésie. Elle affirmait avec force que les enfants avaient besoin de poésie car ce langage était plus proche du leur, de leur intériorité et de leur imagination.

La dernière question de M. Portugal fut donc : « Pourquoi la littérature, pourquoi continuer à écrire et à éditer des livres dans notre société brésilienne qui n’a jamais manifesté un trop grand intérêt pour la lecture ? ». Les réponses firent toutes appel à cet impératif mystèrieux et intérieur qui s’impose à l’écrivain, celui d’une entreprise vitale, inévitable. La mission de l’écrivain, conclut-il, de  l’artiste en général, consiste à témoigner de l’âme de son peuple. En écrivant, il livre et « expose » ce qui l’habite lui-même, plus largement ce qui habite aussi ses contemporains.

« L’écriture me permet de fixer ce que le temps me vole » lâcha Mirella Márcia Longo en forme de confidence, congédiant ainsi les participants de cette magnifique soirée.


[1] Cette institution dirigée par Mme Sonia Bastos (Ex-secrétaire de Justice et Droits de l’Homme et ancienne Directrice de la culture de l’État de la Bahia) qui a ccueilli généreusement plusieurs expositions et évènements POINTS-CŒUR (http://brasil.pontoscoracao.org/Relatorio-do-Jantar-Cultural-do-22-de-Abril.html)  a pour but de travailler au développement de la culture et de la foi  dans cette ville du Brésil.
[2] Gaetano Velloso est un des grands pionniers de la Bossa Nova.

 

 

 

 

 

 

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2 Commentaires

  1. Anonyme

    Tres belle article Irma, ça m'a faire penser a Frere Christophe Moine de Thiberiade que disiez: L'ecriture est blessure d'un malade d'amour, lors que je lisiez de autor brasilien coo Jorge amado, je me sentez plonger dans les petites ruelles du pelorinho avec ses histoire d'un peuple que sait chanter la beuaté de la vie comme le mien, jorge amado, ecrivez avec un coeur blessé d'amour pour la bahia et sont histoire.
    Merci de me faire revenir a des bons souvenir.

  2. Anonyme

    Moi cela me fait penser à Andrei Tarkovski qui voulait "sceller le temps" avec ses films. En tout cas, cela donne envie de les lire! Merci!!

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