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Madrid, une lutte nécessaire pour un enseignement libre et valable

Dans l’Europe d’aujourd’hui, il semble que le passé doive être effacé ou réadapté, avec ses lumières et ses ombres vues objectivement afin d’apprendre et de ne pas refaire les mêmes erreurs. Dans le même temps, on tente d’imposer un nouvel agenda de valeurs et d’objectifs, dont la pertinence et les avantages sont pour le moins inconnus jusqu’à présent. Pour parvenir à ces deux objectifs, l’éducation est toujours l’élément à conquérir, afin de façonner l’esprit des nouvelles générations en fonction des intérêts de quelques-uns. Cependant, face à ce rouleau compresseur culturel et spirituel, il existe encore des voix divergentes et des politiques qui s’y opposent fermement et qui prouvent leur position par une gestion adéquate et un engagement citoyen. C’est le cas de la Communauté Autonome de Madrid et de sa présidente, Isabel Díaz Ayuso.

 

Isabel Díaz Ayuso

 

Alors que les partis de gauche tentent d’imposer un modèle éducatif qui forme à l’ « écoféminisme » ou aux « mathématiques socio-affectives », tout en interdisant l’enseignement de l’histoire ancienne de l’Espagne elle-même, l’administration locale de Madrid a déposé un recours contre les plans du gouvernement national de Pedro Sánchez. Ceux-ci chercheraient, en fin de compte, à éduquer les jeunes pour qu’ils ne sachent pas qui ils sont ni d’où ils viennent. C’est pourquoi la Communauté de Madrid a annoncé qu’elle se pourvoira en cassation contre le décret royal sur le programme du baccalauréat approuvé par le gouvernement central dans le cadre de la nouvelle loi sur l’éducation, l’ultra laïque « LOMLOE » (loi organique de modification de la « LOE »).

Ce n’est pas la première fois que la Communauté présidée par Díaz Ayuso s’oppose fermement aux orientations éducatives de Pedro Sánchez, telles que les modifications du programme du baccalauréat et de l’ESO (cycle d’enseignement secondaire obligatoire). Ces modifications annulent l’étude de la philosophie et de l’histoire dans l’ordre chronologique, en les remplaçant par l’apprentissage des « valeurs civiques et éthiques », une nouvelle « éducation à la citoyenneté », la « mémoire démocratique », l’ « éco féminisme », l’ « éthique du soin », les « droits Lgbtiq+ », le genre ou les mathématiques « socio-affectives ». Ces orientations ont déjà été initiées en 2010 par la ministre espagnole de l’époque, Isabel Celaá, afin de remplacer le droit à l’éducation inscrit dans la Constitution par le seul « droit à l’éducation publique ». La présidente de Madrid s’y est également opposé en adoptant une loi sur la liberté de choix en matière d’éducation à Madrid, afin de protéger les écoles « concertées », qui sont des centres éducatifs privés subventionnés par des fonds publics, et choisis librement par les parents qui ne veulent pas que leurs enfants soient éduqués selon l’agenda socialiste.

« Ils dynamitent les ponts entre le passé, le présent et l’avenir, et font exploser le cadre sur lequel repose la coexistence espagnole », a tonné Isabel Díaz Ayuso, annonçant le recours contre une décision du gouvernement Sánchez « prise en secret, sans consensus national ». Selon elle, ce qu’ils essaient de faire, c’est « transformer la société à leur propre image et ressemblance », ce qui leur garantirait des jeunes sans esprit critique. Tout cela s’est déroulé dans le contexte de la pandémie, afin de faire taire le débat sur l’éducation. L’objectif a été d’instrumentaliser les jeunes et d’éduquer ainsi un peuple « avec une mémoire socialiste et démocratique ». A tout point de vue, il en résulterait une génération d’Espagnols qui « ne sauront pas qui ils sont ni d’où ils viennent », abandonnés dans « des limbes sans avenir « .

Ce que la Communauté de Madrid rejette, c’est l’expulsion de l’étude de l’histoire, au nom d’une approche moderne et contemporaine. Sous cette approche, les étapes antérieures au XIX siècle seraient effacées de l’éducation, telles que l’Hispanie romaine, la domination musulmane, la reconquête de la Péninsule par les Chrétiens, l’héritage juif, la monarchie catholique, la découverte, l’exploration et l’héritage espagnol en Amérique, l’importance de la constitution de 1978 et le terrorisme de l’ETA. D’après Díaz Ayuso, tout ceci serait une ingénierie idéologique pour redessiner l’ensemble de l’Espagne, en commençant par les enfants, à qui l’on inflige les « mathématiques du genre », l’endoctrinement à la « pluralité des identités » et aux « identités nationales », « l’urgence climatique », « l’amélioration de l’humanité et de la planète », tout cela de pair avec l’effacement de l’histoire de la Nation et de la pensée critique.

Comme les délais d’application des nouvelles lois éducatives nationales et l’appel interjeté par Madrid n’ont pas permis de faire jouer à temps tous les facteurs éditoriaux, budgétaires et de personnel, la Communauté de Madrid a dû demander la suspension préventive du décret national, afin de pouvoir utiliser, entre-temps, les manuels scolaires jusque-là utilisés. « Notre gouvernement ne va pas se taire, il va utiliser tous les instruments de l’État de droit avec loyauté, mais avec fermeté, et il se battra pour cette génération » afin de ne pas se laisser modeler par « des gens qui détestent l’Espagne et les fondements culturels qui nous ont donné les pays les plus libres, les plus démocratiques et les plus prospères d’Occident », a déclaré Isabel Díaz Ayuso.

 

Photo (Source)

 

De l’histoire à la géographie, le programme d’études à Madrid contemple des sujets tels que l’organisation territoriale de l’État et le processus d’intégration européenne, tandis qu’en Espagnol et Littérature Espagnole, ont été incorporés des classiques tels que Cervantès, Lope de Vega, Góngora et Quevedo, et le Modernisme. En Philosophie, des auteurs tels que Maïmonide, Newton et Hegel, tandis que dans le domaine de l’économie, des affaires et du design, ont été inclus des connaissances sur les modèles d’entreprise, de l’économie de marché, de la budgétisation. Tout ceci en contraste avec l’« éducation franchisée » proposée par le gouvernement espagnol, « qui pourrait être proposé ici ou n’importe où dans le monde ». Comme on pouvait s’y attendre, Díaz Ayuso n’a pas manqué de critiques et d’attaques des plus féroces de la part de ses adversaires, qui l’accusent de se présenter comme la reine des libertés, tout en censurant tout, ainsi que de ramener l’éducation à une époque où les médias et les manuels scolaires étaient censurés.

Le cas de Madrid peut être un exemple paradigmatique pour montrer qu’il est possible de s’opposer, et d’agir avec convenance et bon sens, face aux prétentions de ceux qui veulent modeler les sociétés européennes en fonction de leurs intérêts biaisés et, pour le moins, risqués. La lutte contre cela n’est en aucun cas facile, mais elle est plus que nécessaire et possible. Ce qu’il faut, c’est la clarté nécessaire pour appeler les choses par leur nom et ne pas renoncer à l’engagement public en faveur du bien commun et de la vérité valable pour tous.

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