De Mgr Samir Nassar, Archevêque de Damas.
Le Pape Benoît XVI est venu au Liban du 14 au 16 septembre 2012 pour remettre aux Chrétiens d'Orient l'exhortation apostolique Ecclesia in Medio Oriente, fruit du Synode tenu à Rome en octobre 2010. Cette visite fut une réussite à tous les niveaux, que ce soit d'un point de vue populaire, officiel, médiatique ou ecclésial, ceci malgré le film sur le prophète Mahomet lancé le 11 septembre et qui a embrasé le monde islamique à la veille de la visite papale. Les musulmans libanais ont participé à l'apaisement et au succès de l'accueil du Saint Père.
Un message ou un simple hasard ?
3 juin 2010, Benoît remet à Chypre aux patriarches et évêques orientaux « l'instrument de travail » du Synode. La veille Monseigneur Padovese, évêque latin de Turquie avait été décapité.
Dimanche 24 octobre 2010, clôture du Synode à Rome.
31 Octobre 2010, la Cathédrale Notre-Dame de la Délivrance à Bagdad voit, pendant la messe, le Sang du Christ épouser le sang de martyrs innocents, dont celui de deux jeunes prêtres.
Vendredi 14 Septembre 2012, fête de la Croix Glorieuse, Benoît XVI signe à Saint Paul Harissa, au Liban, l'exhortation apostolique, alors que plus d'un tiers des chrétiens de Syrie sont devenus des réfugiés dans leur propre pays, cherchant un visa ou un asile.
Une feuille de route
Depuis les événements de 1860, les Chrétiens d'Orient ont perdu 70% de leur nombre… Hémorragie continuelle et fatale. Devant ces perspectives alarmantes, l'Esprit inspire l'Eglise qui invite à un Synode spécial pour les Eglises du Moyen-Orient. Ce Synode de 2010, « Communion et Témoignage », et son couronnement dans l'exhortation apostolique de 2012 viennent proposer à cette situation dramatique une vision de renouveau et de réconciliation. Renouveau des églises locales affaiblies, les invitant à redécouvrir la splendeur de la première communauté chrétienne (Ac 4,32), en commençant par se convertir et vivre le pardon. Réconciliation avec le milieu national en vivant la pleine citoyenneté dans le respect des autres religions œuvrant à l'édification d'une patrie plurielle qui respecte la liberté religieuse, sommet de toutes les libertés. L'exhortation apostolique accorde également une grande place aux jeunes et aux familles, gages d'avenir.
Une feuille de route et une charte pour redécouvrir le renouveau pastoral, ecclésial et social afin de mieux vivre la vocation de communion, de témoignage, de dialogue loin de la violence et du fondamentalisme en tout genre.
Syrie © CC BY james_gordon_losangeles
Vivre l'espérance
En signe de confiance en l'avenir de l'Eglise en Syrie, Maroun fut ordonné diacre en vue du sacerdoce le 23 septembre 2012, premier dimanche après la visite de Benoît XVI. Maroun fut ordonné en la Cathédrale Maronite à Bab Touma Damas, sous les bombes, devant une petite assemblée remplie d'espérance.
Devant le drame syrien qui dure depuis la mi-mars 2011, notre petite Eglise de Damas, fidèle à ses racines et à sa vocation, reçoit dans l'action de grâce l'exhortation apostolique, confiant la Syrie qui saigne au Cœur Immaculé de Marie, selon le souhait du Saint Père qui dit au n°100 : « Marie saura une nouvelle fois présenter nos nécessités à son Fils Divin. Ecoutons-la qui nous ouvre à l'espérance : "Tout ce qu'il vous dira, faites le.." (Jn 2, 5) »
Explication des évènements de 1860 : En Mai 1860, un incident éclate entre Druzes et Chrétiens qui occupent chacun une partie du Liban; ceci déclenche des massacres de nombreux chrétiens. Dans le Liban, l'anti-Liban et jusqu'à Damas, de nombreux chrétiens sont tués (5000 à Damas); toute cette région fait partie de l'Empire Ottoman; une expédition française envoyée par Napoléon III et dirigée par le Général de Beaufort d'Hautpoul interviendra sur le littoral jusqu'à la montagne libanaise, empêchée d'aller plus loin par les troupes ottomanes et anglaises ; ces derniers craignent des vélléités d'indépendance pouvant s'étendre jusqu'aux Indes. L'intervention française se soldera par la reconnaissance de l'autonomie du Mont Liban dans l'empire Ottoman par le vizir Ali Pacha et les autorités française, britannique prusienne et russe.
CRI:
« SYRIE – Selon le Directeur des Œuvres pontificales missionnaires, « Alep est à feu et à sang, privée d’électricité, en situation…
Agenzia Fides , le 28 septembre 2012 à 13:46
Alep (Agence Fides) – « L’atmosphère est très tendue. Ce matin, à 10h00, des groupes armés de rebelles sont entrés dans le quartier de Sheik Maqsoud, à Alep, où vivent de nombreux kurdes et chrétiens et il y a eu de violents combats. Dans notre quartier chrétien de Suleimanye, j’ai compté 18 fortes explosions. Des groupes de rebelles ont également pénétré dans d’autres quartiers chrétiens tels que Jabrie et la vie de la population civile est en sérieux danger au milieu de ces tirs croisés. Tel est le dramatique témoignage rendu à l’Agence Fides par le Père Jules Baghdassarians, prêtre gréco-catholique d’Alep et Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires (OPM) en Syrie alors que les forces d’opposition ont annoncé le début de la « bataille finale pour Alep ». Le Père Baghdassarians explique à Fides : « Les civils innocents continuent à mourir. Hier, une mère chrétienne arménienne et sa fille de six ans, ont été tuées alors que le père est grièvement blessé à l’hôpital. Au cours de ces jours derniers, nous avons compté 15 victimes au sein de notre communauté gréco-catholique. Depuis deux jours, nous n’avons plus d’électricité. Il s’agit d’une conséquence de l’intensification des combats. Des groupes armés se nichent dans les maisons des civils. La population est terrorisée » indique le prêtre. Dans une situation à ce point tragique, on assiste à « une vraie urgence humanitaire avec des milliers d’évacués amassés dans les écoles, sachant que ceux qui s’occupent d’eux sont des prêtres chrétiens de toutes les confessions, qui apportent de la nourriture et de l’assistance. Les chrétiens sont surtout mobilisés dans le domaine de l’aide humanitaire, portant secours aux évacués qui sont surtout des familles musulmanes ». Le Directeur national lance un appel éploré : « Nous demandons au monde entier un sursaut de conscience : arrêtez la guerre, arrêtez le commerce des armes, donnez- nous la paix. Ainsi que l’a dit le Pape, le seul chemin possible pour mettre fin au bain de sang en Syrie est la réconciliation ». (PA) (Agence Fides 28/09/2012) »