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Des charismes pour une nouvelle évangélisation

Depuis le 7 octobre, un bon nombre d'évêques et de personnes invitées sont réunis à Rome à l’occasion du Synode sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne. A cette occasion, le Cardinal Ryłko a fait deux interventions dans lesquelles il éclaircit la question de la nouvelle évangélisation et la mission des mouvements ecclésiaux et communautés nouvelles.


2009, rencontre des mouvements à Rome © Points-Cœur

Dans un premier discours prononcé le 25 juin dernier lors de la rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles, le Cardinal Ryłko a abordé, par des mots très simples, « le sens profond de la question » de la nouvelle évangélisation[1].

Puisant largement dans le Magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI, il rappelle d’abord qu’« à la racine de l’évangélisation se trouve l’être ». L’Eglise est bien souvent tentée par l’activisme, par une recherche effrénée de méthodes et de techniques, de recettes et de formules, entraînée en cela par le mouvement qui caractérise notre époque. Or, il lui faut « chercher à “être” avant de “faire” », ce qui signifie accorder toujours la primauté à sa relation à Dieu et à son intimité avec Lui.

Oublier cela et se perdre dans l’activisme entraîne immanquablement une perte de la foi « On peut faire beaucoup, tant de choses, dans le domaine ecclésial, tout pour Dieu… et ce faisant, se tenir totalement à l’écart, sans jamais rencontrer Dieu »[2]. Perdre la foi c’est perdre le contact avec la Personne du Christ et expérimenter alors un grand vide. Le seul antidote possible c’est de « nous engager surtout dans l’écoute du Seigneur, dans la prière, dans la participation intime aux sacrements, dans l’apprentissage des sentiments de Dieu sur le visage et dans les souffrances des hommes, pour être ainsi contaminés par sa joie »[3].

Le défi, pour l’Eglise, n’est donc pas de réussir au sens où « le monde » le comprend bien souvent aujourd’hui. Elle n’est pas là pour séduire, mais pour être le visage du Christ dans le monde. C’est dans la mesure où elle a conscience qu’elle est au service d’un Autre et qu’elle s’efforce d’ « être transparente pour Jésus-Christ »[4], qu’elle accomplit pleinement sa mission. « … le cœur de la question de la nouvelle évangélisation » est par conséquent « la centralité de Dieu dans notre vie ». Il est donc nécessaire de trouver des « lieux où puissent naître des chrétiens authentiques, formés à l’unité entre la foi et la vie ».

Cette lumière de l’être précédant le faire, de la centralité de Dieu, éclaire également les mouvements ecclésiaux et les communautés nouvelles sur leur identité, sur leur capacité à générer des chrétiens authentiques. « D’où vient cette capacité ? Certainement pas de “formules magiques”, de méthodes préconfectionnées, mais plutôt de la pédagogie de la foi générée par le charisme, apte à former les baptisés, à en faire des chrétiens conscients de leur propre vocation et donc de leur mission ».

Pour les membres des mouvements et communautés nouvelles, « être » signifie vivre de leur charisme. Leur première mission est de travailler à renouveler sans cesse leur regard sur l’action de l’Esprit Saint dans leur propre expérience et à entretenir « l’émerveillement devant le don singulier reçu de Dieu ». « Etre plus » signifie pour eux « redécouvrir à nouveau la beauté du propre charisme, en se rappelant qu’aucun charisme n’est donné pour soi-même mais pour le bien de l’Eglise et de sa mission ». En effet, ces « réalités charismatiques que l’Esprit Saint suscite dans l’Eglise d’aujourd’hui » ne sont pas là pour élaborer des méthodes ni apporter des recettes, mais pour éduquer ses membres à « être toujours plus des collaborateurs de l’Esprit Saint pour générer de vrais chrétiens ». « L’appel à la nouvelle évangélisation, en effet, exige une nouvelle manière d’être chrétiens, une nouvelle façon d’être Eglise, où le “nouveau” est le modèle évangélique tel qu’il est décrit par les Actes des Apôtres, la force de l’Esprit qui renouvelle toute la communauté chrétienne ».

Le 8 octobre, le Cardinal Ryłko, s’adressant cette fois aux évêques réunis en Synode depuis la veille, est revenu sur ces questions qui lui tiennent à cœur. Puisant à nouveau abondamment dans le Magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI, il a souligné une fois encore à quel point les mouvements et communautés nouvelles étaient « un vrai don de Dieu pour la nouvelle évangélisation et pour l’activité missionnaire »[5], des lieux où des baptisés pouvaient être éduqués à la foi. Il a invité par conséquent les évêques et les prêtres à une « conversion pastorale » afin de « reconnaître que les mouvements sont avant tout un don précieux », les accueillir, les promouvoir et « ne pas éteindre les charismes »[6].

Reprenant une nouvelle fois la question de la primauté de l’être sur le faire, de la centralité de Dieu dans la vie des chrétiens, il a évoqué les « trois lois de la nouvelle évangélisation » que le Cardinal Ratzinger avait indiquées en 2000 aux catéchistes et enseignants de religion : la « loi de l’expropriation », la « loi du grain de moutarde » et la « loi du grain de blé ». La « loi de l’expropriation » s’ancre dans la conscience d’appartenir au Christ et à l’Eglise et consiste à « ne pas parler en son nom propre mais au nom de l’Eglise, en gardant bien à l’esprit qu’“évangéliser n’est pas simplement une façon de parler, mais une façon de vivre” ». La « loi du grain de moutarde » souligne que l’évangélisation est un long travail de patience et de persévérance et que la fécondité peut rester longtemps cachée. La troisième loi, celle « du grain de blé » rappelle que le chemin passe par la croix car tel a été le chemin du Christ.

 

La nouvelle évangélisation, entre l’être et le faire, le discours dans son intégralité :
http://www.laici.va/content/dam/laici/documenti/rylko/francais/nouvelle-evangelisation-entre-l-etre-et-le-faire.pdf

A regarder, les interviews de Monseigneur Rey en direct du synode :
http://www.diocese-frejus-toulon.com/Synode-en-direct-5

Intervention du Cardinal Ryłko à la deuxième Congrégation générale du Synode des évêques, le 8 octobre 2012 :
http://www.vatican.va/news_services/press/sinodo/documents/bollettino_25_xiii-ordinaria-2012/03_francese/b05_03.html
(Sur le lien, c’est la dernière de toutes les interventions retranscrites)

 


[1] La nouvelle évangélisation, entre l’être et le faire, discours introductif du Cardinal Stanisław Ryłko, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, à la rencontre avec les mouvements ecclésiaux et les nouvelles communautés, sur le thème de la nouvelle évangélisation qui a eu lieu le 25 juin 2011 auprès de ce même dicastère.
[2] Benoît XVI, homélie de la Messe avec les évêques suisses, 7 novembre 2006, cité par le Cardinal Ryłko in La nouvelle évangélisation, entre l’être et le faire.
[3] Ibid.
[4] Benoît XVI, Interview accordée sur l’avion en vol pour le Royaume Uni, 16 septembre 2010, cité par le Cardinal Ryłko in La nouvelle évangélisation, entre l’être et le faire.
[5] Jean-Paul II, cité par le Cardinal Ryłko lors de son intervention du lundi 8 octobre 2012 au Synode sur la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi chrétienne, cf Zenit, mardi 9 octobre 2012.
[6] Benoît XVI, ibid.

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