de Charles-Aimé Bolduc.
Grâce à la détermination des survivants et au vaste mouvement de solidarité qui continue de se manifester depuis les terribles évènements de mars 2011, il y a des signes qui nous permettent d'espérer des lendemains meilleurs. A ce sujet, j'ai interrogé le Père Daisuke Narui, SVD, coordonnateur à Sendai du Centre de support pour les sinistrés de Caritas, l'agence catholique internationale de secours.
Une maison au beau toit jaune, signe d'espérance dans un paysage encore dévasté par le passage du tsunami.
Au premier plan, ces arabesques sur le sol sont dues au sable déposé dans les champs par l'eau de mer,
qui le 11 mars 2011 s'est avancé de 7km dans les terres. © Paul Anel
Père Narui, un an et demi après cette terrible catastrophe, voyez-vous des signes d'espérance ?
L'immense mouvement de solidarité qui a surgi spontanément après le désastre et qui se maintient depuis lors nous permet d'espérer. Jusqu'à maintenant, 8000 bénévoles sont venus de tous les coins du pays et même de l'étranger. Ils logent dans les églises transformées en vastes dortoirs. Ils se rendent à la mairie de chaque ville tous les matins pour se faire assigner un travail. Ils consacrent leur journée à nettoyer les maisons des sinistrés, à ramasser les rebus transportés par le tsunami, à nettoyer des parcs. A la tombée du jour, ils reviennent à l'église pour prendre un bain, partager le repas et réviser ensemble leur journée.
Ce vaste mouvement d'aide venu de l'extérieur de notre région a eu pour effet de susciter un bénévolat local qui se continuera longtemps encore. Dans certaines écoles catholiques, on a instauré un système de bénévolat conjoint entre élèves, parents et professeurs. Ainsi, l'été dernier, un camp de quatre jours dans les montagnes à l'ouest de Sendai a été organisé pour les enfants de Fukushima qui ne peuvent pas jouer à l'extérieur à cause des radiations nucléaires.
Il y a aussi le fait que le nord-est du Japon n'est plus une région oubliée. En effet, les cinq cents kilomètres de la côté Pacifique frappés par le tsunami ont toujours été considérés comme une région éloignée, sous-développée et désertée par les jeunes. Paradoxalement, le tsunami a soulevé un mouvement de solidarité qui a mis notre région au centre des préoccupations de tout le pays et du monde entier. Désormais, notre région ne sera plus considérée comme l'arrière-pays. Nous sommes maintenant en liens étroits avec des gens de tout le Japon. L'infrastructure économique commence à se rebâtir et les sinistrés retournent au travail petit à petit.
Un autre signe d'espérance est l'ouverture des communautés chrétiennes. A l'invitation de notre évêque, Mgr Hiraga, les chrétiens de nos paroisses ont spontanément accepté de sortir des murs des paroisses pour aller visiter les sinistrés vivant dans les maisons préfabriquées afin de les écouter, de les encourager et d'organiser avec eux toutes sortes d'activités comme des cours de cuisine ou de couture, des parades de mode, des concerts, des festivals. La vie reprend un certain caractère de normalité et, comme au temps de la diaconie dans l'Eglise primitive, le service des gens dans le besoin reprend ses lettres de noblesse.
Je pense aussi au mouvement de prière pour soutenir les sinistrés. Un beau jour, une dame de 80 ans me téléphone et me fait la confidence suivante : « Je n'ai pas d'argent, je n'ai pas la force physique pour faire du bénévolat, mais je peux encore prier et je vous promets que je vais le faire tous les jours. »
Quels projets supportez-vous ?
Par exemple, le financement de coopératives de pêcheurs ainsi que de coopératives agricoles afin de permettre le relèvement économique de notre région.
D'autres projets concernent particulièrement les enfants. Par exemple, l'aménagement de la plage de Kamaishi, afin de permettre aux enfants de nager dans la mer, et la construction d'un carré de sable géant à l'intérieur d'une maternelle désaffectée pour permettre aux enfants de Fukushima de jouer à l'abri des radiations nucléaires. Il y a aussi la réparation des écoles endommagées par le tsunami.