de Vincent de Portzamparc 14 janvier 2013
Temps de lecture 4 mn
Le 10 novembre dernier, 20 marins se sont lancés dans la plus mythique des courses au large en solitaire, le célèbre Vendée Globe. Mythique parce qu’elle est la seule course autour du monde en solitaire sans escale et sans assistance ; mythique parce que les plus grands s’y sont cassé les dents ; mythique par les actes héroïques dont elle a été le théâtre ; mythique, enfin, par le souvenir douloureux de l’édition 1996-1997 de laquelle seuls 6 marins sur 15 sont revenus – 8 ayant abandonné parmi lesquels trois sont des miraculés des mers du sud ; et 1, le Canadien Gerry Roufs, ayant disparu corps et biens après ce dernier message : « Ce ne sont plus des vagues, elles sont hautes comme les Alpes ».
CC BY-NC-SA sahib.eric
Si certaines règles sont venues renforcer la sécurité des marins, comme les « portes des glaces », passages obligés empêchant les têtes brulées de flirter avec l’Antarctique, ses tempêtes australes et ses icebergs, le Vendée Globe n’en a pas pour autant perdu de son prestige. La règle est simple et reste inchangée : au départ des Sables d’Olonne, les marins doivent faire le tour de l’Antarctique, laissant sur bâbord les trois caps (le Cap de Bonne Espérance en Afrique du Sud, le Cap Leeuwin en Australie et le Cap Horn au Sud du Chili) et remonter l’Atlantique pour franchir la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne.
Qu’est ce qui motive un homme à embarquer pour ce tour du monde ? Le goût du risque ? Un besoin de liberté vue comme fuite du quotidien, de la réalité ? Un rejet de la société ? Un besoin de se retrouver seul avec soi-même ?
S’il est difficile de présumer des motivations intérieures de chaque concurrent, leur attitude en course relève d’une humilité extrême plus que d’un esprit de conquérants avides d’inscrire leur noms dans les annales des mers du Sud. En effet, l’euphorie du jeune François Gabart surfant à près de 25 nœuds les vagues immenses du Pacifique Sud en étant bord-à-bord avec son concurrent direct (et ami) Armel le Cléac’h (vidéo 1), est celle d’un enfant s’émerveillant d’un monde infiniment plus vaste que lui, s’émerveillant d’une fête à laquelle il est confus d’être convié. Par ailleurs, le Vendée Globe, s’il est un exploit humain, est avant tout une besogne, une répétition incessante des mêmes gestes, des mêmes efforts pour tracer son sillage comme on creuse un sillon. La moindre réparation sur ces bolides flottants devient titanesque pour un seul homme (vidéo 2).
Quant à la liberté bien réelle que tous semblent goûter, elle est au prix d’une docilité du marin face aux conditions de vents et de courants, d’une écoute permanente du bateau et de ses capacités. Car l’objectif n’est pas de battre des records de vitesse, mais bien de ramener le bateau aux Sables.
De même le bonheur vécu au milieu de l’océan n’est pas gratuit, il est le fruit d’une lutte comme l’exprime Jean Le Cam : « En ce moment c’est top mais c’est toujours pareil, c’est quand tu as vécu le pire, quand c’est dur, que le beau devient encore plus beau ! »
Qui sera donc le vainqueur de cette 7e édition ? Qui sera accueilli par les centaines de milliers de passionnés laissés il y a deux mois sur les pontons de Port-Olona, brandissant cette prière aux marins : « Faites-nous rêver ! » ? Le mieux placé à une quinzaine de jours de l’arrivée est aussi le plus jeune : François Gabart du haut de ses 28 ans, qui n’a pas cédé la tête de la course depuis le passage du Cap Horn. Mais la distance à parcourir est encore longue et il faudra surveiller Armel Le Cleac’h, avec qui il a navigué bord à bord tout au long de la course échangeant avec lui la première place à 24 reprises. Dans leur rétroviseur, Alex Thomson sur son magnifique Imoca tout noir (Hugo Boss) a pris une bonne option près des côtes brésiliennes et pourrait chahuter le podium de cette course qui ne pardonne pas la moindre arrogance.
Vidéo 1
Banque Populaire vu de MACIF par VendeeGlobeTV
Vidéo 2
L'impressionnante ascension au mât de Tanguy de… par VendeeGlobeTV
Merci pour ce bel article ! Celui que j'admire aussi c'est le dernier de la flotte, qui ne se dépare pas de son sourire et s'émerveille de tout, c'est beau ! http://www.vendeeglobe.org/fr/actualites/article/9539/les-60-jours-d-alessandro.html
Je mémerveille tous les jours…. et tous les jours j'ai hâte de voir où ils en sont…. lequelle a bien avancé…. j'ai transmis le virus de ce rêve à mes enfants et toutes mes classes.. et nous voguons dans les vagues du vendée globe une fois par semaine…. Quel plaisir de voir mes élèves avides de leurs exploions tous…. Nous éspérons pouvoir au moins en accuellir au moins un aux Sables.. Quel beau rêve