Le 17 février, Rafael Correa a été réélu président en Equateur pour quatre ans supplémentaires. Même s'il s'agit de sa troisième victoire électorale, sa carrière politique a été relativement courte.
CC BY-NC-SA Presidencia de la República del Ecuador
En 2005, un an à peine avant de devenir président, il est apparu pour la première fois sur la scène politique comme ministre de l'Economie et des Finances. Huit ans plus tard, il est devenu le favori du peuple équatorien, avant tout grâce à ses stratégies populistes.
Son plan politique, que lui et d'autres gouvernants d'Amérique latine ont dénommé "Socialisme du XXIe siècle", consiste dans les grandes lignes en une économie protectionniste, de forts impôts, un Etat au rôle très marqué et un grand investissement dans les champs de l'éducation, de la santé et dans les infrastructures, etc.
Au niveau international, Correa, tout comme Chavez, se caractérise par le fait qu'il choisit ses alliés davantage pour des raisons idéologiques que pour des intérêts pratiques. Ainsi, il se refuse à signer des accords commerciaux avec les Etats-Unis, car, d'après lui, cela provoquerait une "perte de souveraineté". Actuellement, le pays a des accords avec la Chine, l'Iran et différents pays d'Amérique latine (Vénézuela, Bolivie, etc.). Cependant, le président a proposé de négocier des accords avec les Etats-Unis et avec l'Union européenne, si tant est qu'ils soient avantageux pour l'économie et la souveraineté du pays.
Il n'existe pas pour l'instant dans le pays d'opposition forte : elle est divisée en différents partis (sept pour les dernières élections), dont aucun n'a la force suffisante pour se distinguer. La libre expression, quant à elle, a reçu de durs coups. Différents moyens de communication ont été expropriés, et, même s'il se disent publics, leur ligne éditoriale est maintenant clairement au service du gouvernement. Beaucoup d'argent est investi dans les chaînes nationales qui transmettent constamment une version officielle de tout ce qui peut porter à controverse. De même, il y a eu différents cas de persécutions et de menaces envers quelques journalistes. C'est pour cela que paraît un peu contradictoire la déclaration de Correa qui protège Julian Assange en invoquant le "respect de la liberté d'expression", surtout si l'on tient compte du fait que ce n'est pas pour cette question qu'il est poursuivi par la justice.
Personnellement, je considère que l'Equateur traverse une époque difficile. Le coût de la vie ne cesse d'augmenter, trouver du travail en dehors de la sphère publique est chaque fois plus compliqué et certaines libertés ont disparu, comme celle de choisir librement la carrière que l'on souhaite étudier.
En plus, comme catholique, je souffre de voir un président qui s'entoure de personnes qui promeuvent des lois qui portent atteinte à notre foi (permettre l'avortement, interdire la présence d'images et de chapelles dans les hôpitaux et les écoles, financer des publications anticatholiques, etc.). Quoi qu'il en soit, les équatoriens peuvent espérer des améliorations dans les secteurs qui ont toujours été les plus délaissés : l'éducation et la santé. La construction de nouvelles écoles, avec un accès à des ordinateurs et à internet (quelque chose de difficile dans différents secteurs en Equateur), est déjà enclenchée et continuera durant ce nouveau mandat de Rafael Correa, tout comme la construction de centres médicaux dans les zones les plus nécessiteuses.
C'est un pays qui a encore un long chemin à parcourir avant de réussir à vaincre la pauvreté et les inégalités. J'espère que le président Correa ne crée pas seulement une politique, mais aussi des conditions pour que tous les équatoriens puissent travailler pour voir leur pays grandir.
On a parfois l'impression, qu'il est impossible de trouver une gestion juste et équilibrée de la politique en Amérique latine: on a le choix entre l'extreme droite et l'extreme gauche, et dans les deux cas la liberté d'exression est fortement limitée, ou simplement étouffée par la pensée unique.