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Lumen fidei, ou l’urgence d’un retour à l’incarnation

Le 5 juillet paraissait l'encyclique Lumen Fidei, signée par le Pape François sur la base d'un document rédigé essentiellement par le pape émérite Benoît XVI avant sa résignation, comme il s'en explique lui-même au numéro 7. Ecrite et publiée dans le contexte de l'Année de la Foi, cette encyclique boucle la boucle d'une méditation pénétrante et actuelle sur les trois vertus théologales, initiée dans Deus Caritas Est et poursuivie dans Spe Salvi.

« Il est urgent de récupérer le caractère particulier de lumière de la foi », écrit le Pape en introduction de l’encyclique. Ce faisant, il formule trois jugements qui sont au cœur de sa réflexion. Premièrement, qu’il existe un « caractère particulier » de l’expérience de foi qui peut être décrit comme « lumière ». Deuxièmement, que cet aspect particulier de la foi est, sinon absent, du moins atrophié, dans la conscience et dans l’expérience ecclésiale actuelle. Troisièmement, enfin, qu’il est non seulement possible mais « urgent » de redécouvrir ce « caractère ».

Une réduction de la conscience et de l’expérience chrétienne
Quel est-il donc, cet aspect de la foi que nous aurions perdu, cette lumière que nous aurions mise sous le boisseau ?

Avant de répondre à cette question, Lumen Fidei nous invite à un état des lieux : la foi chrétienne aujourd’hui est assimilée à l’obscurité, donc jugée non recevable et non crédible par une génération qui, fille des « Lumières » du 18ème siècle, est éprise de liberté et de raison. Cet état des lieux débouche sur un diagnostique, ou mieux : une confession. L'affaiblissement actuel de la foi ne provient pas seulement des moyens plus perfectionnés que possède le monde pour nous faire miroiter ses illusions de bonheur (attitude « victimiste » qui a ses commodités), mais elle est à mettre sur le compte d'une réduction ou d'une déformation de la foi dans la conscience et dans l'expérience ecclésiales.

En quoi consiste cette « réduction » par laquelle la foi chrétienne s’est retranchée dans les ténèbres ? La réponse que nous donne l’encyclique est double : d’une part le gnosticisme et de l’autre le passéisme.                                                                                    

Gnosticisme
C'est très probablement au pape François (dont on sait combien il aime à démasquer les cancers qui rongent l’Eglise de l’intérieur) que l'on doit cette réflexion faite comme en passant sur la « prétention gnostique », prétention qui « continue à séduire et qui a ses adeptes encore de nos jours » (47). Le gnosticisme, explique-t-il, consiste à penser « que la vraie foi [est] réservée à un petit cercle d’initiés qui s’élevait par l’intelligence au-delà de la chair de Jésus jusqu’aux mystères de la divinité inconnue ». Autrement dit : si quelques-uns, il y a deux mille ans, ont eu le privilège de connaître le Rédempteur dans la chair, il s'agit aujourd'hui d'un épisode dépassé, et la mémoire de l'existence historique du Christ, avec son cortège de disciples et d'amis, n'est là que pour mieux nous aider à en abstraire les vérités spirituelles qui en sont la substance cachée. Le christianisme est réduit à un système d’idées sur Dieu et sur l’homme, avec les normes morales qui en découlent.

C'est précisément parce que la foi chrétienne s'est vue, en pratique sinon en théorie, réduite à un tel système d'idées donnant sur l'existence une vision supérieure et dégagée, qu'elle est perçue et méprisée aujourd'hui par beaucoup comme quelque chose qui « amoindrit la portée de l’existence humaine, en enlevant à la vie la nouveauté et l’aventure ». Comme elle a rejeté les totalitarismes, notre génération rejette (avec raison) un christianisme perçu comme une idéologie « qui écrase l’individu » (34), prive la raison de ses ailes et la vie de ses surprises.

Passéisme
Si le gnosticisme prétend s’élever au-dessus de l’incarnation, l’attitude « passéiste » (l’expression en tant que telle ne se trouve pas dans l’encyclique) reste attachée à l’existence concrète, historique de Jésus, mais celle-ci est un événement loin de nous, situé dans le passé. Réduite à la mémoire sublimée d'un événement vieux de 2000 ans, la foi chrétienne n'est plus qu'une « lumière subjective […], une consolation privée […] qui ne peut se proposer aux autres comme lumière objective et commune pour éclairer le chemin ».

Le monde rejette également cette foi sentimentaliste en des événements que la distance historique rend de toute façon invérifiables, donc supposant une fois de plus une mise à l’écart de la raison, et de la liberté.

Les deux attitudes que nous venons d’évoquer reposent l’une et l’autre sur une même prémisse : l’incarnation est un événement du passé, dépassé. « Notre culture a perdu la perception de cette présence concrète de Dieu ». Ce n’est pas « le monde » qui est en cause (il n’a que faire de la « présence concrète de Dieu ») mais c’est la culture chrétienne, qui s’est repliée dans les idées, les « normes morales », et les sentiments. La foi se retranche dans l’obscurité, celle des idées ou celle du passé, elle est « séparée de la réalité ».

« Nous pensons que Dieu se trouve seulement au-delà, à un autre niveau de réalité, séparé de nos relations concrètes. Mais s’il en était ainsi, si Dieu était incapable d’agir dans le monde, son amour ne serait pas vraiment puissant, vraiment réel, et il ne serait donc pas même un véritable amour, capable d’accomplir le bonheur qu’il promet. Croire ou ne pas croire en lui serait alors tout à fait indifférent. » (17)

Un « caractère particulier de lumière »
Quel est donc ce « caractère particulier de lumière » qui est propre à l'expérience de foi, caractère dont le Pape affirme qu'il est « urgent de le récupérer » ? C'est que la foi, avant d'être une connaissance de vérités divines, avant même d'être un souvenir du Jésus historique, est une rencontre avec Jésus-Christ, une vision de son visage.                                                                           

La foi est une expérience et une reconnaissance de l’Amour de Dieu, lesquelles sont rendues possibles par l’incarnation. « Pour nous permettre de le connaître, de l’accueillir et de le suivre, le Fils de Dieu a pris notre chair, et ainsi sa vision du Père a eu lieu aussi de façon humaine, à travers une marche et un parcours dans le temps. » (18)

La foi est lumière dans la mesure où elle est une expérience et une reconnaissance d’un amour qui illumine les ténèbres de notre existence, celles de la souffrance, celles du péché, et celles de la mort. Elle n’est pas un « saut dans l’obscurité » mais un rayon de lumière qui descend jusqu’à nous : la réalité du Christ se mesure à sa capacité à éclairer aujourd’hui les ténèbres bien réelles de mon existence, qu’elles soient passées, présentes ou futures. [1]

« La foi chrétienne est donc foi dans le plein Amour, dans son pouvoir efficace, dans sa capacité de transformer le monde et d’illuminer le temps. "Nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru" (1 Jn 4, 16). » (15)

L’amour seul est digne de foi
Cependant, ce « caractère particulier de lumière », ce « face à face » avec Jésus n’a-t-il pas été le privilège de ceux qui l’ont croisé pendant son existence terrestre, tandis qu’à nous qui arrivons bien tard après ces événements, il ne reste qu’à manger les restes de ce festin : des souvenirs, une institution, et le « message » qu’il nous a laissé ?

Non, nous dit le Pape, nous n’avons pas à choisir entre le gnosticisme, le moralisme ou le passéisme… « La transmission de la foi, qui brille pour tous les hommes et en tout lieu, traverse aussi l’axe du temps, de génération en génération. Puisque la foi naît d’une rencontre qui se produit dans l’histoire et éclaire notre cheminement dans le temps, elle doit se transmettre au long des siècles. C’est à travers une chaîne ininterrompue de témoignages que le visage de Jésus parvient jusqu’à nous. » (38)

Cette « vision » ou « rencontre » du Christ se fait dans son corps mystique qu’est l’Eglise, c’est-à-dire dans la chair des chrétiens. « La lumière de Jésus brille, comme dans un miroir, sur le visage des chrétiens, et ainsi elle se répand et arrive jusqu’à nous, pour que nous puissions, nous aussi, participer à cette vision et réfléchir sur les autres cette lumière, comme dans la liturgie de Pâques la lumière du cierge allume beaucoup d’autres cierges. La foi se transmet, pour ainsi dire, par contact, de personne à personne, comme une flamme s’allume à une autre flamme. » (37) C'est en ce sens que le Pape peut affirmer avec Saint Irénée, contre les gnostiques d'hier et d'aujourd'hui, qu'« il n’y a qu’une seule foi, parce que celle-ci passe toujours par le concret de l’Incarnation » (47).

Aujourd’hui comme il y a deux mille ans, la foi chrétienne ne se livre ni comme cohérence d'un système de vérités révélées, ni comme le récit d'événements édifiants. Elle se livre dans le visage des chrétiens, dans cette lumière si particulière, si belle et si réelle que donnent à un visage humain les vertus divines de foi, d'espérance et d’amour.

Réponse à une objection (1) : la subjectivité du témoin comme obstacle à la raison
Ce caractère de médiation n’enferme-t-il pas l’expérience chrétienne dans une relation subjective, dans une expérience, donc, « qui ne peut se proposer aux autres comme lumière objective et commune pour éclairer le chemin » ? Non, répond Lumen Fidei, « la médiation ne devient pas ici un obstacle, mais une ouverture : dans la rencontre avec les autres, le regard s’ouvre à une vérité plus grande que nous-mêmes ». (14)

Ce type de connaissance par l’intermédiaire d’un témoin, souligne le Pape, n’est pas particulier à la foi, mais il est au fondement de notre existence : « Dans de nombreux domaines de la vie, nous faisons confiance à d’autres personnes qui ont des meilleures connaissances que nous. Nous avons confiance dans l’architecte qui construit notre maison, dans le pharmacien qui nous présente le médicament pour la guérison, dans l’avocat qui nous défend au tribunal ». Et il conclut : « Nous avons également besoin de quelqu’un qui soit digne de confiance et expert dans les choses de Dieu ».

De même qu’elle nous introduit à la vérité objective qui est contenue dans la foi chrétienne, la relation avec le témoins nous met en rapport avec l’existence historique du Christ. « Le passé de la foi, cet acte d’amour de Jésus qui a donné au monde une vie nouvelle, nous parvient par la mémoire d’autres, des témoins, et il est de la sorte conservé vivant dans ce sujet unique de mémoire qu’est l’Église. » (38)

La rencontre et l’amitié avec un « témoin », rencontre et amitié qui seules rendent la foi chrétienne crédible et raisonnable, ouvrent un nouvel accès à la vérité du christianisme d’une part, et à l’existence historique de Jésus de l’autre. En d’autres termes, elles sauvent les prémisses que nous avons rencontrées de façon fragmentée et défigurée dans le gnosticisme et le passéisme.

Réponse à une objection (2) : la subjectivité du témoin comme obstacle à la liberté
Un autre aspect de la même objection se rapporte à la liberté. L’aspect « relationnel » de la foi chrétienne ne risque-t-il pas de m’enfermer dans une relation subjective où ma liberté se trouverait comme forcée, limitée ? Devenir disciple du Christ est une chose, car il est sans péché, mais toute personne humaine, chrétienne ou non, est pécheresse, donc son témoignage est toujours limité, imparfait.

A cela, l’encyclique Lumen Fidei répond que, par les vertus théologales, la subjectivité du croyant, tout en étant pleinement respectée, se trouve comme dilatée et se voit conférer une dimension objective, que la tradition chrétienne appelle « configuration au Christ », ou « sainteté » :
« Le croyant est transformé par l’Amour, auquel il s’est ouvert dans la foi, et dans son ouverture à cet Amour qui lui est offert, son existence se dilate au-delà de lui-même. Saint Paul peut affirmer : "Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi" (Ga 2, 20), et exhorter : "Que le Christ habite en vos cœurs par la foi !" (Ep 3, 17). Dans la foi, le "moi" du croyant grandit pour être habité par un Autre, pour vivre dans un Autre, et ainsi sa vie s’élargit dans l’Amour. Là se situe l’action propre de l’Esprit Saint. Le chrétien peut avoir les yeux de Jésus, ses sentiments, sa disposition filiale, parce qu’il est rendu participant à son Amour, qui est l’Esprit. » (21)

L’Evangile n’a pas de meilleure apologie que la sainteté. Et par sainteté il faut entendre, non seulement le témoignage si précieux des Mère Teresa et des Jean-Paul II, mais la vie nouvelle de foi, d’espérance et d’amour qui coule dans les veines de la chrétienté, de façon parfois souterraine et cachée. [2] Que le témoin soit pécheur ou, comme le dit St Paul, que nous portions ce trésor « dans des vases d’argile », ne rend que plus évidente l’action du Saint Esprit et le fait que la « lumière » qui brille sur son visage ne provient ni de son intelligence plus aiguë du mystère, ni de sa volonté plus ferme à suivre les commandements, mais qu’elle est un don gratuit qui nous précède et nous sauve l’un et l’autre.

Le christianisme comme « être filial »
L’aspect relationnel de la foi, comme l’incarnation elle-même, n’est pas une étape à dépasser (gnosticisme), pas plus qu’elle nous enferme dans un christianisme social ou subjectif. Elle s’inscrit dans la logique et dans la continuité de l’incarnation et prend sa source dans le mystère des relations trinitaires.

« Celui qui croit, en acceptant le don de la foi, est transformé en une créature nouvelle. Il reçoit un nouvel être, un être filial ; il devient fils dans le Fils. "Abba, Père" est la parole la plus caractéristique de l’expérience de Jésus, qui devient centre de l’expérience chrétienne (cf. Rm 8, 15). » (19)

Le témoin ne me communique pas la foi comme on communique une leçon apprise par cœur. En me donnant la foi, c’est lui-même qu’il me donne, c’est sa propre vie, puisque « là où est ton trésor, là se trouve ton cœur ». Ce n’est pas d’abord sous forme de prédication qu’il me fait connaître le Christ, mais c’est sa propre chair qui en devient en quelque sorte le sacrement. Toute personne qui « écoute la parole de Dieu et qui la garde » devient pour moi non seulement « un frère ou une sœur », mais une « mère » (Cf. Lc 8,21) : le témoin m’engendre à une vie nouvelle, il me fait participer à l’être même du Christ, qui est « être filial ».

Conclusion : une encyclique qui répond à une situation d’urgence
On comprend mieux à présent le « sentiment d’urgence » avec lesquels les Papes Benoit XVI et François ont écrit et publié l’encyclique Lumen Fidei. Si la lumière n’est qu’un « caractère particulier » de la foi, qui admet par ailleurs certaines ténèbres, il en est un caractère essentiel. Or ce caractère se trouve aujourd’hui atrophié dans la conscience et dans l’expérience de l’Eglise, qui s’est éloignée de l’incarnation, séparée de la réalité, retranchée dans un christianisme d’idées, de normes et de souvenirs. Certes, ce retranchement est relatif, et l’Esprit Saint permet que, dans le concret de la vie ecclésiale, l’authentique vie chrétienne de foi, d’espérance et d’amour continue de s’écouler, empruntant parfois pour cela les canaux les plus cachés, et assure ainsi la transmission d’une génération à l’autre, de l’authentique visage du Christ et de sa puissance salvatrice.

Une des perles principales de cette encyclique me semble être cette relecture de l’expérience chrétienne actuelle à la lumière (c’est le cas de le dire) de l’incarnation. Certes, il ne se trouvera guère de théologien catholique pour affirmer que l’incarnation ne fut qu’une parenthèse, aujourd'hui refermée depuis presque 2000 ans. Mais de même que les vieilles hérésies christologiques ont fait peau neuve et reparaissent aujourd’hui sous de nouveaux visages en ecclésiologie, de même le docétisme, c’est-à-dire la négation de l’incarnation, prend des formes nouvelles et insidieuses. Lumen Fidei nous met en garde contre une manière de nier l’incarnation sans en avoir l’air, et qui consiste à considérer que l’aspect « relationnel » du christianisme n’est qu’une parenthèse correspondant au début de la vie spirituelle, mais bien vite dépassée dans un christianisme adulte et indépendant, fort de sa compréhension des « vérités » et des normes morales.

Ne sommes-nous pas nous aussi de ces chrétiens qui vivent aujourd’hui sur les réserves spirituelles amassées autrefois, lorsque notre expérience de foi était enracinée dans la bonne terre d’une communauté concrète qui la soutenait et la nourrissait, une communauté qui nous rendait le Christ présent, dans la chair ? Cette communauté, pour beaucoup, ce fut la famille, ou bien un prêtre ami, ou un groupe de prière… C’est tout au long du chemin que nous avons besoin de ce face-à-face concret avec le Christ dans le visage des témoins, afin que cette expérience de communion puisse offrir une réponse de lumière toujours nouvelle aux nouvelles ténèbres que chaque âge de la vie nous réserve. Un chrétien qui a connu autrefois cette expérience de « filiation », cette expérience d’appartenir à un « nous » (39), mais qui aujourd’hui ne la connaît plus, est un chrétien en danger : il est à la merci du monde. Tôt ou tard, il s’éloignera du Christ, de cœur sinon de corps.

Il y a urgence à remettre au centre ce caractère particulier de lumière de la foi, autrement dit, cette dimension théologale, relationnelle et communautaire du christianisme, grâce à laquelle Jésus-Christ parvient jusqu’à nous, et investit le monde, comme un événement présent, crédible et efficace. Il y a urgence, car ceux qui « sont assis dans les ténèbres de la mort » sont une multitude, et seule l’incarnation peut percer leurs ténèbres comme elle a percé jadis celles des bergers des plaines de Bethléem. « À l’homme qui souffre, Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais il offre sa réponse sous la forme d’une présence qui accompagne, d’une histoire de bien qui s’unit à chaque histoire de souffrance pour ouvrir en elle une trouée de lumière. » (57)

 


[1]On trouve dans l’architecture chrétienne une belle illustration de ce « caractère de lumière ». En effet, lorsqu’au 4ème siècle les chrétiens, enfin libérés des persécutions, ont pu construire leurs premières églises, ils avaient à portée de main trois types d’architecture religieuse : la synagogue, le temple païen, et la basilique. Bien qu’elle soit des trois la plus païenne (puisque construite à l’honneur du « basileus », l’empereur, adoré comme un dieu), les chrétiens optèrent pour la basilique. Aussi la première basilique chrétienne, Saint-Jean-de-Latran, est-elle conçue sur le même modèle, et par le même architecte, que la basilique de Constantin à Rome. Ceci parce que, contrairement à la synagogue et au temple, dont l’obscurité rappelle que la divinité se situe sur un tout autre plan que le nôtre, la basilique, elle, est une architecture de lumière, qui vise à établir un face-à-face de clarté et de confiance entre l’empereur et son peuple. Cf. à ce sujet l’article L’Expérience de la Lumière

[2]Que l’on pense, à ce sujet, à cette trouvaille magnifique du Cardinal Spidlik en introduction de l’édition italienne de l’Apocalisse, de Andrei Tarkovski. Il remarque que si la vie chrétienne a traversé deux mille ans d'histoire, ce n'est pas tant grâce aux ministres ordonnés (peut-être même faudrait-il dire parfois que c'est malgré eux qu'elle s'est transmise), que grâce aux mères chrétiennes. En effet, c'est dans leurs rangs que l'on trouve les réceptacles les plus fidèles et les plus nombreux de l'authentique vie chrétienne, c'est à dire théologale. C'est elles qui, d'une façon le plus souvent très cachée, ont transmis d'une génération à l'autre l’être du Christ, l'esprit de prière, la foi. Il suffit pour s'en convaincre de regarder autour de nous : combien d'entre nous ont appris à connaître Jésus en regardant leur mère, ou leur grand-mère ?

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2 Commentaires

  1. CI

    Merci pour ces belles clés de lecture. 

    Il est particulièrement émouvant dans cette encyclique de percevoir l'étroite communion du pape François et du pape émérite Benoit. Nous reconnaissons dans l'introduction le style du nouveau souverain pontife, et il semble que tout ce texte rédigé par son prédecesseur est comme le terreau dans lequel il peut prendre racine et poursuivre sa mission.

    J'attends avec impatience les enseignements des JMJ où le pape François va poursuivre la méditation et habiter plus encore ce texte, pour éduquer cette jeunesse assoiffée. 

  2. gabrielle bonansea

    J'ai particulièrement aimé et réfléchi sur cette phrase:

    "C'est tout au long du chemin que nous avons besoin de ce face à face concret avec le Christ dans le visage des témoins, afin que cette expérience de communion puisse offrir une réponse de lumière toujours nouvelle, aux nouvelles ténèbres que chaque âge de la vie nous réserve "

    Nous sommes tous concernés! A méditer longuement.Merci de cette communion entre notre Pape François et le Pape émérite BenoitXVI pour nous donner cette lumière .

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