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de Tristan Colas des Francs   2 septembre 2013
Temps de lecture 2 mn

Depuis environ trois mois, nous visitons un nouvel ami, Paul, dont la rencontre m'a beaucoup bouleversé. Pêcheur comme la plupart des habitants de Kasimode il a été atteint de la tuberculose il y a environ deux ans, alors que son corps était déjà affaibli par le diabète, maladie très répandue en Inde.


© Points-Cœur

Lorsque la maladie est devenue critique, il a quitté la maison de sa femme pour aller habiter sous un petit abri sur le port où sa mère le veillait en vendant son poisson, tandis que lui restait allongé au milieu du poisson séché, des chèvres et des filets de pêche.

C'est donc là que nous l'avons rencontré, il y a trois mois, très affaibli, pesant à peine 30 kg et dont chaque mot prononcé nécessitait un gros effort. À partir de ce jour-là, nous sommes allés le visiter aussi souvent que possible, le temps d'échanger quelques paroles, de lui masser ses mains douloureuses à cause du diabète, de prier avec lui ou encore simplement pour être une présence à ses côtés. Durant plusieurs semaines, pour donner un coup de main à sa mère âgée et à sa femme qui doit travailler, nous sommes également allés chercher ses médicaments à l'hôpital, qui hélas ne suffisaient pas à alléger sa douleur.

À chaque fois que nous venions, un très léger rictus apparaissait sur son visage pour nous souhaiter la bienvenue, il nous faisait alors signe de nous installer à côté de lui et n'hésitait pas à nous faire une petite remarque si nous n'étions pas venus la veille. Puis de jour en jour, nous avons senti que ses forces le quittaient, nous avons donc essayé de l'accompagner jusqu'au bout pour qu'il se sente entouré, aimé. L'une des pires choses que puisse connaître un homme à mon sens est d'être au soir de sa vie, seul, sans famille ni ami. Enfin, il y a deux semaines, nous le croisons dans les bras d'un homme qui le transportait chez sa femme, ses yeux étaient fermés, son visage inexpressif, nous avons alors su que la vie sur cette terre arrivait à sa fin pour Paul. Après une dernière prière émouvante à ses côtés, nous sommes repartis sachant que c’était sûrement la dernière fois que nous le voyions. Le soir lorsque nous sommes revenus d'apostolat, il était décédé en paix entouré de sa famille.

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1 Commentaire

  1. Raffiot Yannick

    Merci Tristan de ton témoignage qui me…la  compassion n'est pas un vain mot.

    l'acconpagnement voila ce qui manque ici. Certain réclame le droit de mourrir…pourquoi?

    Ici en terre des droits de l'homme ont vend le droit de mourir comme un progres!

    Nous ne savons pas accompagner nous manquons de formation et de volonté.

    Ont ne demande pas a mourrir quand on ne souffre pas et quand on est accompagné.

    bien à vous Yannick