Le 23 septembre dernier, Monseigneur Marc Aillet, évêque du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron a donné une conférence à l'église Saint-Ferdinand des Ternes à Paris. Il a notamment parlé du combat qui se joue actuellement autour de la famille, en particulier en France. En voici quelques extraits.
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« Si le combat pour la famille n’aura pas empêché la promulgation de la loi Taubira, il aura remporté une victoire : celle du réveil des consciences, du bon sens et de l’âme profonde d’une nation. »
« La mobilisation restée intacte prouve la vitalité et la pérennité de ce mouvement social, non porté par des revendications catégorielles mais par une vraie recherche du bien commun. »
Un véritable tournant dans l’histoire semble donc être amorcé, à l’insu des médias qui restent au service d’un Etat devenant de plus en plus totalitaire :
« Je me souviens de l’invitation du pape Jean-Paul II en 1994, qui méditait sur l’appel de Jasnagora, que depuis le millénaire de la Pologne les Polonais continuent de dire tous les jours à 21 h en s’adressant à la Vierge Noire, la Vierge de Czestochowa, catalyseur de la résistance du communisme et actrice de leur libération : « Je suis près de toi, je me souviens, je veille ». C’est en s'adressant aux Français qu’il avait commenté ce troisième appel « je veille » : je veille, c’est-à-dire je suis un homme de conscience, je discerne le bien du mal, je cherche à vaincre le mal en moi et à faire le bien. La conscience, qui est en effet toujours en amont des passions, est à la source d’un agir vertueux, contrairement aux passions qui parfois se déchaînent de manière désordonnées quand elles ne sont pas commandées de façon politique. Puisse ce mouvement émaner de ce que le pape Benoit XVI appelait « des minorités créatives qui font l’Histoire ».
En ce sens, « La mission politique de l’Eglise est de réveiller les forces morales et spirituelles dans la société. La politique en tant que recherche d’un ordre juste au service du bien commun dans la société nécessite des hommes et des femmes vertueux, prudents et justes ». Dans une société où l’organisation sociale elle-même peut être assimilée à une "structure de péché", il faut, pour restaurer la vie politique, qu’il y a ait des saints, laïcs, qui s’engagent en politique, qui soient profondément vertueux de cette vertu de prudence et de cette vertu de justice, pour pouvoir induire un ordre juste, selon le regard que Dieu porte sur l’ordre social. L’Eglise a une mission politique à travers l’éducation des consciences et l’éducation des vertus, pour revenir à une politique qui trouve son origine dans la conscience. »
Enfin, Mgr Aillet nous a replacé à l’origine de ce mouvement social : la prière. « Je ne parle pas d’une prière rapide, de convenance, mais d’une prière de lutte, une prière insistante, prière qui suppose que l’on se donne généreusement dans une œuvre qui s’appelle la prière, pour confier ce combat à Dieu. Elle est notre première arme : "l’action politique déborde de la prière" disait Marthe Robin. »
L’autre arme spirituelle citée est la souffrance offerte dans nos vies. « Car la souffrance n’est pas absente de nos vies familiales, sociales… Et comment offrons-nous cette souffrance en union avec la seule souffrance qui est capable de sauver l’homme ? »
« Laissez-moi vous citer ces mots du pape Jean-Paul II lors de l’Angélus du 29 mai 1994. Il venait de passer quatre semaines dans la polyclinique de Gemelli, après s’être cassé le col du fémur : "Je voudrais qu’à travers Marie soit exprimée ma gratitude pour ce don de la souffrance lié à nouveau au mois marial de mai. Je veux remercier le Seigneur, j’ai compris que c’était un don nécessaire, que le pape devait souffrir une nouvelle fois, comme il a dû souffrir ici même il y a 13 ans, le 13 mai 1981. J’ai médité, j’ai repensé de nouveau à tout cela durant mon séjour à l’hôpital, et j’ai trouvé de nouveau à côté de moi la grande figure du cardinal Wyszynski, primat de Pologne. Lui, au début de mon pontificat, m’a dit : "Si le Seigneur t’a appelé, c’est pour introduire l’Eglise dans le 3ème millénaire". Lui-même a introduit l’Eglise en Pologne dans le 2nd millénaire chrétien. Et j’ai compris que si je devais introduire l’Eglise du Christ dans ce 3ème millénaire avec la prière, il fallait l’introduire aussi avec la souffrance, avec l’attentat d’il y a 13 ans, puis avec ce nouveau sacrifice. Mais pourquoi ces souffrances en cette année de la famille ? Précisément parce que la famille est menacée, parce que la famille est agressée… le pape devait à son tour être agressé, il devait souffrir pour que toute famille et le monde voient que c’est un évangile supérieur, l’évangile de la souffrance, avec lequel on doit préparer le futur, le 3ème millénaire de toutes les familles. Ce don de la souffrance, je le dois et j’en rends grâce à la très Sainte Vierge Marie, je comprends qu’il était important d’avoir cet argument devant les puissants du monde : car de nouveau je dois rencontrer ces puissants du monde, et avec quels arguments dois-je leur parler ? Il me reste cet argument de la souffrance. »
Magnifique ! Le fameux angélus de Jean-Paul II, où il quitta soudain le fil de son discours pour improviser librement, peut être vu ici sur Youtube: http://www.youtube.com/watch?v=uJUJAEL54MQ
J'aime particulièrement ce passage, où il évoque ses prochaines rencontres : "De nouveau je devrai rencontrer les puissants de ce monde. Et je dois parler ! Avec quels arguments ?! Il me reste cet argument de la souffrance. Et je voudrais leur dire: "Comprenez-donc ! Vous comprenez pourquoi le Pape est de nouveau à l'hôpital ? De nouveau souffrant ? Cherchez à le comprendre ! Réfléchissez à cela !"