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Crise, ras-le-bol, colère… Les nouvelles de France ne désemplissent pas de ces manifestations anti-tout – anti-gouvernement aussi – comme si la seule issue devenait l’opposition et la révolte. « Nous cristalliserons l’ensemble de ces déceptions, de ces peurs, de ces frustrations en un jour de colère », annonçait le manifeste de Jour de colère, avant la manifestation du 26 janvier. Sommes-nous condamnés à cette colère ? N’existe-t-il pas un autre mode de vivre ? Ce lundi 3 février, au lendemain d’une énième manifestation, est sorti le nouveau livre du père Matthieu Dauchez : Le prodigieux mystère de la joie. A l’école des enfants des rues de Manille, il nous livre dans ce nouvel ouvrage, sa découverte extraordinaire : ces tout-petits, trop souvent privés de tout, éprouvent la joie véritable. Alors que la vie leur réserve les pires épreuves et que les misères matérielles et humaines forment leur quotidien, ces enfants sont capables d'une joie sincère et profonde. Quelle leçon, et plus encore, quelle espérance ces enfants qui semblent si loin de nous peuvent-ils nous transmettre ?


Le père Matthieu et Darwin @associationanak

Père Matthieu, pourquoi publier un livre sur la joie ?
Plusieurs raisons m'ont poussé à réfléchir puis à écrire sur la joie. D'abord et avant tout, le fait que les enfants défavorisés de Manille nous donnent chaque jour des leçons extraordinaires de joie. Nous n'avons pas le droit de les garder pour nous. Mais c'est aussi le mystère étonnant qui s'offre à nous : ces enfants ayant tout pour être malheureux expriment une joie encore plus authentique que la nôtre. Comment le comprendre ?

Enfin, soyons honnêtes, dans nos pays occidentaux la joie semble être en rupture de stock. Les enfants de Manille peuvent être les instruments d'une redécouverte profonde.

Ce peuple philippin, – et particulièrement ces enfants -, semble dépositaire de cette joie. Pourquoi eux ? Y-a-t-il un lien avec leur immense souffrance ?
Dans le cours de la réflexion du "Prodigieux mystère de la joie", les enfants nous poussent dans des retranchements surprenants, notamment concernant le lien difficile entre la souffrance et la joie. Mais effectivement, sur cette terre, s'ils partagent la souffrance du Christ et participent de "celle qui manque à la Passion", il n'est plus étonnant qu'ils goûtent aussi de cette joie dont le Seigneur est la source… Les exemples qu'ils nous donnent en ce sens sont édifiants.

Les débats sur l’euthanasie déchirent la France, et même des familles, notamment dans le cas de Vincent Lambert. Que nous enseigne la vie de Darwin ?
Darwin est un enfant qui semble inutile aux yeux des hommes. Il ne peut rien faire, rien ajouter, rien apporter dans une société qui pose la rentabilité comme un absolu. Et pourtant, l'exemple de ce jeune en chaise roulante, qui a illuminé la fondation toutes ces années et qui marquait si fortement tous ceux qui le visitaient, nous prouve que l'enjeu d'une vie se situe bien au-delà des critères humains. Sous le regard de Dieu, Darwin a eu une vocation d'amour et la veille de sa mort, alors que plus rien ne pouvait le satisfaire ici-bas, il nous a dit, comme un testament spirituel : "Je suis très heureux". Il exprimait une joie bien supérieure à toutes nos joies très horizontales. Vincent Lambert a une vocation aussi pure que celle de Darwin.

Que vous inspire cette récente manifestation : Jour de colère ? Aurait-elle pu s’appeler Jour de joie ?
"Jour de colère" ou "Manif pour tous" sont les sursauts d'une société qui sent bien, au fond de ses tripes, un malaise profond. Les valeurs fondamentales sont renversées, la famille – foyer d'amour – est attaquée, la vie si précieuse et fragile est assiégée. Retrouver une vraie joie, non pas celle des plaisirs égoïstes mais celle qui est donnée, nous redonnera le sens de ce que nous vivons ici-bas, tout en gardant notre regard tourné vers le Source de toute joie

La France et les Français ont-ils particulièrement besoin de cette joie dont vous parlez ?
Les Français sont mal considérés à l'étranger, ce n'est pas nouveau. Peu aimables et arrogants, les adjectifs ne manquent pas pour décrire les enfants de Clovis. Mais si nous avons besoin de la joie, ce n'est pas seulement pour être plus enclins à sourire, mais aussi et surtout pour être plongés dans un mystère qui nous rapproche du Christ. La joie n'est pas une option, elle est un devoir évangélique.

Comment en vivre profondément ? Peut-on vraiment la faire nôtre ?
Il faut se laisser guider.
Se laisser guider d'abord et avant tout par nos maîtres de joie que sont les plus pauvres parmi les pauvres, puis se laisser guider par Celui qui nous fera entrer dans la vraie joie, celle qui nous unit à Lui. C'est un mystère et cela restera un mystère, mais c'est une aventure exaltante, un pèlerinage. "Je vous ai dit cela pour que votre joie soit complète" (Jn 15, 11).
 

Séverine Dubois

Achetez le livre du Père Matthieu Dauchez :

 

Vidéo de promotion de l’ouvrage

A propos du Père Matthieu Dauchez et de son œuvre aux Philippines, lire l'article :
"Le prodigieux mystère de la joie", à l'école des oubliés de Manille

Regardez la conférence donnée en octobre par le père Matthieu Dauchez à Paris :

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1 Commentaire

  1. Louis

    Je trouve le développement sur la joie très vrai et juste, touchant, cela se base clairement sur son expérience.
    Par contre je ne souscris pas du tout :
    – au couplet sur la famille. Mais bon, c’est un discours qu’il n’est bien sur pas le seul à tenir, quelque part ça fait partie aussi de la ligne éditoriale du site.
    – à la façon dont seraient vus les français à l’étranger. On ne peut pas faire de généralités, et de plus j’ai entendu de vrais témoignages d’amour pour la France de la part d’étrangers.
    En dehors de ces deux points, je trouve encore une fois que c’est une interview très intéressante et enrichissante.

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