Mourir à 14 ans en cherchant et défendant sa foi d'un gouvernement qui veut créer sa propre Eglise ou la faire disparaître du pays, c'est l'exemple que nous donne José Luis Sanchez del Rio. Exemple de résistance face à un Etat qui veut éradiquer la foi. C'est le contexte historique du film dont on entend tellement parler ces jours-ci en France : Cristeros, "un combat pour la liberté".
Ce n'est pas la première fois que ce thème est abordé. Graham Greene, dans son livre devenu célèbre "La puissance et la Gloire" a déjà présenté avec une incroyable véracité la situation du Mexique pendant ces années, montrant comment dans les villages la peur et la terreur étaient vaincues par le courage et la certitude que "Christ est Roi".
Dans le film "Cristeros", les différents personnages rencontrent à la fin la figure de "Joselito" qui pourrait sembler être une invention pieuse du scénario pour attirer l'attention. Mais, s'il n'est pas le personnage principal, la figure de José Luis Sánchez del Rio est une des plus impressionnantes de la guerre des Cristeros et un exemple pour beaucoup aujourd'hui, pas seulement au Mexique.
José Luis est né dans la région de Sahuayo en 1913. Trois autres enfants complétaient cette famille qui possédait des terres. Quand la guerre des Cristeros a commencé, voyant ses deux plus grands frères aller combattre pour la défense de la foi sur le sol mexicain, il se porte volontaire mais on ne l'accepte pas parce qu'il est trop jeune.
Avec ses parents, il participe au pèlerinage sur la tombe de Anacleto González (père de famille, martyr et un des fondateurs de la Ligue qui luttait contre les lois anticatholiques du président Calles). Il demande la grâce de mourir comme lui en criant le nom de "Cristo Rey".
Au retour de ce pèlerinage, il se présente au camp du général "Cristero" Prudencio Mendoza pour demander son admission. Sa mère essaiera de l'en dissuader, mais José Luis lui fera toujours la même réponse : "Maman, jamais il ne fut si facile de gagner le Ciel qu'aujourd'hui".
Accepté dans les rangs, il fut d'abord affecté au camp : cuisine, préparation et logistique seront les premiers services qu'il rendra, jusqu'à ce que le général Mendoza, voyant sa valeur et son courage, mais surtout sa foi, le nomme porte drapeau et étendard.Chaque camp avait un étendard qui accompagnait les Cristeros. Sur ces étendards flottait l'image de "Notre Dame de Guadalupe", patronne du Mexique et de toute l'Amérique.
Le 6 février 1928, au cours d'un affrontement, le général Guízar Morfín tombe après que son cheval ait été tué dans le combat. Voyant cela, José Luis lui donne son cheval en disant : "Mon général, prenez mon cheval et sauvez-vous ; vous êtes plus nécessaire à la cause que moi". il est arrêté et le jour suivant transféré à Sahuayo où il est emprisonné dans le temple paroissial, qui avait été pris par les forces armées. L'église avait été transformée en quartier général et le capitaine Picazo gardait, dans l'autel principal, ses coqs de combat et ses chevaux. Pendant la nuit, voyant cela, José Luis tua les coqs, ce qui provoqua la fureur et la vengeance du capitaine qui reçut à la réponse à ses cris : "La maison de Dieu est faite pour prier, ce n'est pas un refuge pour des animaux." Et devant la menace, José Luis répondit : "Je suis prêt à tout. Fusillez-moi pour que je sois devant Notre Seigneur et puisse lui demander de vous confondre !" Deux jours après, il est mené à l'auberge du refuge où sera lue sa condamnation à mort pour haute trahison. A onze heures du soir, après lui avoir tailladé la plante des pieds, ils l'obligèrent à marcher jsuqu'au cimetière. Les voisins entendirent qu'à chaque pas il criait : "Vive le Christ Roi !"
Au cimetière, poignardé plusieurs fois, il laisse un message de foi à son père : "Nous nous verrons au Ciel ! Vive le Christ Roi ! Vive Sainte Marie de Guadalupe !". Pour faire taire ces cris, le chef sortir son pistolet et lui tira dans la tête. José tomba recouvert de sans. Il était onze heures et demi, le soir du vendredi 10 février 1928. Il avait 14 ans.
Dès cette heure-là, José Luis fut un des martyrs les plus aimés et vénérés de la guerre des Cristeros. Il faut ainsi béatifié en 2005 à Guadalajara en présence de plus de 70000 fidèles, principalement des jeunes et des enfants.
L’histoire des Cristeros était connue des jeunes chrétiens de ma génération – j’ai 66 ans- par le roman de Graham Green « La puissance et la gloire » et par la vie du P.Miguel Pro, jésuite méxicain fusillé en 1926, proclamé depuis bienheureux, qu’on nous donnait en exemple. Par delà la beauté du scénario, ce film pose différentes questions: d’abord celle de la légitimité de la violence pour défendre sa foi. Il convient de replacer cette question dans le contexte de l’époque, marquée par une violence extrême qui n’a pas totalement disparu aujourd’hui mais s’est déplacée vers la délinquance. L’autre question concerne le personnage de Plutarco Calles, président du Mexique de 1924 à 1930 et initiateur des persécutions. Révolutionnaire, franc-maçon, plus ou moins imprégné de marxisme (mais aussi du spiritisme!), méprisant envers les « indiens » et leur religion populaire, c’est un personnage complexe. Sa dérive autoritaire et sanglante en fait un compagnon de route bien encombrant pour la gauche mondiale. Ces deux questions posées par la guerre des Cristeros expliquent la relative discrétion qui entoure l’histoire de ce conflit.